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Bises de Talloires

mardi 9 juin 2015 par Dominique Cronier rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

Je suis allée tranquillement en cet après-midi ensoleillé à la fête du livre de Talloires.
Pour commencer, une conférence qui me tenait à coeur, celle de Patrick Pelloux et Jean-Michel Ribes sur le thème de « la liberté d’expression dans une république laïque ».

Voici des notes rapides prises lors du débat animé par Bernard Lehut journaliste, chef adjoint du service culture à RTL et passionné de lecture.

Conférence émouvante et qui remet les pendules à l’heure.
Pour Patrick Pelloux et Jean-Michel Ribes, Charlie Hebdo est plus qu’un journal satirique, c’est un symbole de notre respiration, le fait de pouvoir s’exprimer librement protège notre société et nous apporte de l’oxygène.
Jean-Michel a eu une très belle expression, « le sérieux c’est le cholestérol de notre société ». On a besoin d’humour.

Charlie Hebdo défend l’humain, le droit d’être libre, c’est le ciment d’une démocratie.

Et nous sommes dans un pays profondément laïque.

Pour Patrick Pelloux, la difficulté actuelle dans les quartiers c’est l’accès à la culture. Il n’y a pas spécialement de crise sociale.

La culture et le savoir sont des piliers incontournables.

Aucune dictature au monde ne fait rire.

Daesh détruit la culture. Ceux qui affirment ne pas être Charlie sont enveloppés d’inculture et d’incompréhension.

Il y a aussi le phénomène d’immédiateté et d’instantanéité des réseaux sociaux. Si quelqu’un lance une polémique, l’amplification par les réseaux sociaux donne une importance artificielle a un tout petit nombre de personnes.

Tous les deux se rejoignent pour dire qu’on peut neutraliser des comportements extrémistes par la culture. Mais pas n’importe laquelle. Actuellement celle-ci leur semble anesthésiée en France.
On manque de bistrots dans les quartiers, de lien social, on a besoin d’être dans le vivre ensemble.

Les gens s’ennuient, ils voient une video de Daesh genre "Hollywood" et cela prend du sens à leurs yeux, il va "se passer quelque chose pour eux".

Dans la culture actuellement il ne se passe plus grand-chose, on a besoin de faire sortir la joie, la création, « l’audace joyeuse ». Il faut une culture vivante, accessible, il faut revenir au plaisir de la culture. Elle doit être un paravent de plaisir, de joie à certains réseaux qui encouragent la mort.

Auparavant du temps de la commune de Paris il y 200 journaux de caricatures, actuellement en France il y en a 3.

La laïcité est le respect de toutes les religions et c’est un combat contre l’intégrisme, il faut préserver notre laïcité, et la défendre.

Si on la perd, il y a de grandes chances que les religions se déchirent.

Attention aussi au discours simplificateur. Le discours simple est dangereux.

L’incarnation actuelle de ce genre de discours est repris par Marine Le Pen.
La loi de 1905 sur la laïcité est un fondement. Elle a contribué a participé aussi à la séparation de la religion et de la santé, chose extrêmement importante. La religion s’attaque souvent à la santé et à travers elle, à la femme (avortement, loi sur la fin de vie, etc..).

La science a vraiment pu s’émanciper grâce à cette loi.

Daesh détruit le système de santé et évidemment les droits des femmes.

Les budgets pour la culture baissent et il fut s’en préoccuper.

En 1963 Malraux créait les MJC, il faut continuer ; la culture et la laïcité sont indissociables.

IL faut aussi regarder l’aspect économique de la culture. Plus de personnes travaillent dans ce domaine que celui dans l’automobile.

Plus de personnes vont au théâtre qu’au stade [1]

Les touristes viennent voir notre création culturelle, ils ne viennent pas voir le fonctionnement de nos banques....

La culture ça fait, et ça fait des heureux.

À Charlie ils passaient leur temps à faire des dessins pour faire de l’humour, tout simplement.

Jamais les dictatures n’ont fait rire et sourire.

Fin de la conférence , applaudissements chaleureux du public.

Sur ces paroles poignantes et pleines de sens qui redonnent l’envie de se mobiliser pour défendre la liberté d’expression, la liberté d’être heureux, la liberté de vivre dans une société qui donne du sens à chacun et chacune, je m’éloigne pour aller rencontrer des écrivains paisiblement assis dans leur stand face à la baie magique de Talloires.

Je rencontre Yann Quéfellec et Arnaud Le Guilcher, deux bretons. Des échanges avec du goût, de l’humour et de la tranquillité. La chaleur du soleil tempérée par un vent doux a fait de ces deux rencontres une belle respiration. La vie c’est comme une invitée qui nous porte lorsqu’on se laisse faire, dans de merveilleux moments.

Fête du Livre

Notes

[1NDLR : Référence à cet article : http://www.eklektika.fr/culture-rugby-frequentation-aviron-bayonnais/ ?

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