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Brutalité acoustique estivale

vendredi 24 août 2018 par Lionel Fraix photographie , Pierre-Marie Chaffotte rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

Le Brin de Zinc a une très grande force  ; celle de rassembler dans une zone industrielle à l’écart du centre, loin de tout, un dimanche 31 Juillet, une grosse centaine de personne avec une bière à la main et un sourire en coin comme point commun.

Ce sourire en coin, il est dû au tour de force du Brin de zinc, et de ses programmateurs de ramener en chair et en os un certain Nick Oliveri. Monstre californien du rock stoner, il est à l’origine avec un certain Josh Homme, de — excusez du peu — Kyuss, et Queens of the stone age. Il court toujours, compose toujours, et, il est donc venu se perdre un dimanche soir d’été dans la banlieue chambérienne.

Les présentations étant faites, je retrouve ce monsieur, à la réputation bien trempée, sirotant une bière dehors à discuter avec le public, le plus détendu possible échangeant sourires et blagues à qui avait le loisir de parler anglais, autrement dit, une bonne partie du public.

Une fois le public dans la salle, il traverse la salle tout simplement pour monter sur une scène dépouillée au possible : une guitare acoustique, un « mulet », un micro, un deuxième dont on comprendra plus tard qu’il sert de défouloir au public, et une table pliante sur laquelle sont alignées toutes les variétés d’alcools que compte le BdZ.


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Nick Oliveri - Brin de Zinc@Barberaz, juillet 2018
© Lionel Fraix

Le ton est donné dès les premiers accords, lancés sans fioriture, sans annonce aucune… une mesure, et Nick Oliveri « bouffe » littéralement la grille du micro en hurlant, veines saillantes… voilà… sa définition du rock c’est ça… Nul besoin d’effets ou de guitare électrique… 6 cordes, une voix : rocailleuse, rageuse, et une force à transmettre.
« Green Machine », des Kyuss, comme entrée en matière, est vite expédiée, et suscite directement une belle ovation du public en rang serré, tout proche.

Ceux qui apprécient le rock progressif, les longues intro en sont pour leurs frais…C’est dépouillé, et brutal au possible…Même la guitare est brutalisée. Les chansons s’enchainent et s’expédient en quelques minutes… tout y passe : reprise des Dwarves [1] du Kyuss, Turbonegro, Roky Erikson…

Mais forcément, lorsque vous attaquez votre deuxième chanson par une reprise de l’album mythique Song for the deaf…le public, qui n’en demandait pas plus s’enflamme… « Gonna leave you », « Another love song », le surpuissant (et surprenant en acoustique) « You Think I Ain’t Worth a Dollar, but I Feel Like a Millionaire », l’excellent « Auto pilot » de l’album Rated R.
Toutes les chansons qu’il a pu chanter au sein de ses groupes résonnent d’une toute autre force avec une seule guitare acoustique et une voix hurlée à s’en décrocher la mâchoire…

La rage des chansons, souvent courtes, contrastent avec le sourire, et le calme du monsieur lors des discussions avec le public, des réaccordages longs, des cassages de cordes, des titres lancés par le public à 50 cm de la scène, réclamant ses préférées, même celles dont on sait qu’il ne les jouera pas.

Point d’orgue du défouloir « Feel Good Hit Of The Summer », où il invite tous ceux qui le veulent à monter sur scène hurler les paroles…Paroles qui sont la litanie de drogues possibles et imaginables qui composent les paroles de ce titre.
Et ce sont donc une dizaine de grands gamins, au sens propre comme au figuré qui viennent donc se lâcher autour du micro en hurlant,dans un joyeux bordel inaudible, les paroles.

On lui pardonnera les quelques longueurs parfois et on profitera d’une bière échangée avec l’artiste, qui a joué le jeu très longtemps avec un grand sourire après son concert de deux heures…

Avoir Nick Oliveri juste pour nous, pour la banlieue chambérienne dans un brin de zinc bondé... ça valait bien des dimanches soirs, même de fin juillet.
Ce lieu a une âme… à nous de faire qu’elle ne s’éteigne jamais.

Toutes photographies Lionel Fraix

Notes

[1son projet après son départ de Queen of the Stone Age

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