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En rouge pour la joie

vendredi 28 mars 2014 par Anne Emeraud rédaction CC by-nc-sa

Il m’arrive de ne plus entendre que rarement des choses briller. Il est encore plus rare qu’un album s’impose à moi sans que je ne l’ai choisi. Je suis tombée sur Birth of Joy comme on rate une marche. Ou peut-être est-ce Birth of Joy qui m’est tombé dessus. Je ne saurai jamais et peu importe, je me suis relevée plus forte.

Ça commencé avec ce corbeau noir et ce rouge vif qui font la pochette de l’album Prisoner - et par extension l’affiche pour les concerts. Depuis quelques semaines, je vois cette affiche depuis ma voiture avec Birth of Joy écrit en gros. Je sais qu’il faudra bien que j’écoute, je me dis, peut-être qu’en fait, c’est du punk, du tata-poum cynique, oui il faudra bien écouter...
Et les jours passent.

Un matin, je trouve sur mon bureau [1] « Prisoner » le CD de Birth of Joy . Je l’ai vu immédiatement. Le rouge vif, puis la forme reconnaissable de ce corbeau énorme...Je ris intérieurement de voir qu’il s’est posé là.
Il me serait très facile de mettre le disque immédiatement dans la platine. Trop facile alors j’écoute autre chose, encore autre chose. Jusqu’à l’après-midi, mes mains farfouillent dans le bazar et rippent continuellement sur cette pochette. Bon. Maintenant c’est à son tour. Je retarde encore un peu l’échéance en regardant quelques infos sur des sites professionnels...Du néo folk dit l’un (dans quelques minutes je rirai d’une telle erreur d’appréciation !!) ; groupe néerlandais dit l’autre, passage aux Transmusicales il y a quelques années, influences rock psyché...
Et voilà comme à l’habitude, j’anticipe les notes, les mélodies, le timbre de voix que je suis susceptible d’entendre.

Lorsqu’enfin je glisse le disque dans la platine, je suis disposée, disponible. Je pousse un soupir malgré moi...comme si j’allais enfin lui faire un sort, m’en débarrasser enfin comme on dirait : « Bon allez, t’as gagné, vas-y, je te laisse 5 mn. »

Et j’ai été pétrifiée. Pétrifiée, oui, incrédule. Il y a eu déflagration et l’onde de choc me laisse sonnée. The Sound, le premier morceau pose le cadre : « maintenant, tu te tais et tu écoutes ». La batterie épaisse, la voix puissante mais douloureuse, comme un cri qui trouve enfin comment sortir et le reste...orgue et guitare...de la puissance encore.

« Prisoner » est un album-torrent qui emporte tout

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Je me tais et je vais écouter. Et oui, on pense forcément un peu à Queens of the Stone Age, aux Doors… À plein d’endroits, les sonorités rappellent un groupe, un courant. Et au morceau d’après, ça change, pour autre chose : c’est un rythme, une urgence, une volonté de tout balancer, là, maintenant, tout de suite. On peut sentir une certaine colère, mais il est impossible (et bien trop facile) de résumer « Prisoner » de Birth of Joy à ça.

Tout est plein, gonflé de sons, de petites ruptures intranquilles, de cris, de claquements, de voix tour à tour lointaine, lancinante, ou terriblement proche. Jusqu’à Clean Cut, il n’y a pas de place pour faire autre chose que tout prendre. Et d’ailleurs, le tout laisse un goût indéfinissable qui instille l’envie de s’agripper ou de plonger – au choix – à cette musique pour la garder, là, ici, au fond.
Three days Road et Holding On nous accordent une respiration un peu plus lente ; pour le reste il faut se laisser remplir par cette atmosphère fiévreuse.

A la fin, « Prisoner » est un album-torrent qui emporte tout, qui arrache tout. Parce-que la musique qui en sort est immensément vive et vivante. Et la seule chose à faire, une fois l’écoute terminée, c’est d’y retourner. Encore.
Je reprends la pochette, comme une tentative de comprendre ce qui vient de se passer...et à bien y regarder, on voit, en tout petit, un homme baisser la tête sous l’énorme bec de ce corbeau.

Sans blague !

  • Birth of Joy :
    le jeudi 3 avril 2014 à 19h00 Tannerie, Bourg

    Rock Psyché

    1re partie : Blues Butcher Club (Blues Garage)

    8€ / gratuit (abonnés)

    localiser

    adresse

    123 Place de la Vinaigrerie


    Bourg-en-Bresse (F)

Portfolio

Birth Of Joy - Three Day Road (Official)

Notes

[1NdlR : Anne travaille dans une médiathèque

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