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je ne hais pas les acteurs (2e)

mercredi 30 mai 2012 par Michel Najar rédaction CC by-nc-sa

Les films tournés dans la région annécienne ? des chefs d’oeuvre ? ne pas s’y risquer. Raison de plus pour en parler sans froisser personne. Pour beaucoup joue la prescription.

Qui se souvient de Chère Louise (1972) de Philippe de Broca avec Jeanne Moreau, dans le rôle de Louise ? Elle y est enseignante. Prof de dessin comme il n’est plus convenable de dire. Les Arts plastiques, c’est cela qu’elle enseigne, au lycée Berthollet d’Annecy. Son traitement de fonctionnaire sur-diplômée lui permet d’habiter un appartement à quelques mètres du lac. Quelque chose sonne faux -non ?- mais on peut penser qu’elle est tombée sur un propriétaire sympa, il y en a. Louise prend sous sa protection un jeune immigrant italien. Le récit est une adaptation du roman de Jean-Louis Curtis L’Ephèbe de Subiaco

Le film se présente comme une carte postale un peu désuète. Une ville de province endormie. Revoir le film aujourd’hui revient à une visite archéologique non pas d’Annecy mais d’un stéréotype, un cliché qui pouvait paraître indéracinable : la ville savoyarde... Un établissement scolaire d’un autre temps. Le pont de Amours, le lac. C’est Lamartine sans la poésie, c’est un regard conforme sur un sarcophage, la ville est comme figée, ne vit pas, n’existe guère, déroule son atonie jusque dans le scénario. Philippe de Broca, le réalisateur du bondissant L’homme de Rio, semble avoir sombré corps et âme dans le lac.

Regrettons le. D’autant plus que l’image d’Annecy s’est modernisée, c’est devenu une sorte de capitale de la glisse et du « fun », « In tartiflette we trust ». A la petite ville bourgeoise du 19e siècle a succédé une petite ville sans âme intégrée dans une agglomération mondialisée dont le centre de gravité est une piste de ski.

Dès lors les films tournés en décors naturels jadis, même les films les plus moyens (il n’y a pas de « mauvais films » tous les snobs savent qu’un navet peut être un chef d’oeuvre) les plus insignifiants deviennent des archives patrimoniales.

Je ne hais pas les acteurs. J’ai croisé un jour Roger Planchon. J’ai failli l’embrasser pour lui dire bonjour. J’aurais dû.

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