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Le Capital et son Singe

vendredi 13 mars 2015 par Sophie Feissel rédaction CC by-nc-sa

Chronique

Fraîchement nommée Le Singe, la compagnie de Sylvain Creuzevault nous livre sa nouvelle création collective, inspirée des écrits de Karl Marx. Étonnant, détonnant et franchement drôle !

Le thème pourrait paraître sérieux, voire rébarbatif : Le Capital de Karl Marx, traité de philosophie économique en trois énormes livres, avec ses notions de "valeur d’usage", "valeur d’échange", "forces productives" ...

Mais, porté à la scène par Sylvain Creuzevault et sa troupe de comédiens géniaux, cela devient une comédie loufoque et déjantée.

Sylvain Creuzevault s’était déjà attaqué aux accrocs familiaux dans « Le Père Tralalère » et à l’utopie révolutionnaire suivant la chute de Robespierre et virant au cauchemar dans « Notre Terreur ». « Le Capital et son Singe » tient des deux, entre réunion politique et banquet de famille. La scénographie est similaire : la scène est installée entre deux gradins de spectateurs, et les acteurs évoluent autour d’une table remplie de bouteilles de vin, de verres et d’assiettes de lentilles.

Pendant un an, Sylvain Creuzevault et son équipe se sont plongés dans l’oeuvre de Karl Marx. Ils ont improvisé en convoquant autour de la table les principaux leaders du mouvement ouvrier naissant en 1848 : Louis Blanc, Auguste Blanqui, Barbès, Engels … Autant de noms que l’on connait sans vraiment savoir qui ils étaient. Il va falloir se replonger dans nos livres d’Histoire !

Mais, même sans connaissance approfondie de cette période de l’Histoire de France, on se laisse transporter par la pièce et les 2h30 de spectacle passent sans que l’on s’en rende compte. On rit beaucoup, même si le fond du sujet est sérieux et finalement très actuel, à commencer par le prologue dans lequel Arthur Igual, seul en scène, fait dialoguer Foucault, Freud et Brecht.

Puis, on se retrouve le 13 mai 1848 au club des Amis du peuple, où Barbès, Blanqui, Raspail, Engels, Baudelaire, Louis Blanc ... débattent avec véhémence sur le mécanisme d’exploitation capitaliste, les Ateliers nationaux, le droit de pétition révoqué, l’inscription du droit au travail dans la Constitution ... Les comédiens sont incroyables d’énergie et de vérité dans les débats.

De mai 1848, ils nous emmènent mine de rien à juin 1919, à Berlin, aux lendemains de la révolution spartakiste et de la mort de Rosa Luxembourg ; avant un dernier retour en France, à Bourges, pour le procès des meneurs du 15 mai 1848 ; et un final où l’iPhone 5 d’un des spectateurs manque de finir sous les coups d’un marteau ...

En bref, on sort réjouit de cette farce, critique de la production capitaliste et de l’aliénation sociale. Comme le présente Sylvain Creuzevault : « Il ne s’agira pas de rêves, ni d’utopies. Ce sera de la comédie, pure, dure »

  • Le capital et son singe :
    le mercredi 11 mars 2015 de 20h30 à 22h30
    ainsi que le jeudi Mars 2015 , le vendredi Mars 2015 , le samedi Mars 2015 Bonlieu, Annecy

    Jeudi à 19h

    localiser

    adresse

    Avenue d’Albigny


    Annecy (F)

Portfolio

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