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Plus on est de Foals...

lundi 3 juin 2013 par Pierre Chamot rédaction CC by-nc-sa

Dans un exercice d’émulation nous avons demandé à nos deux plus jeunes contributeurs de traiter du même groupe : Foals. Ils ont relevé le défi : Version live face à version studio. Pas la peine d’envoyer des SMS, il n’y a rien à gagner.

Foals est un groupe anglais, ils sont 5, ils viennent d’Oxford.
Le parallèle avec Radiohead est saisissant, ou plutôt était, car leur troisième album « Holy Fire », suivant une trajectoire plutôt pop/rock, rompt avec ses prédécesseurs et tranche avec les expérimentations de « Total Life Forever », l’album qui les rapprochait le plus de Radiohead [1].

N’ayant donc pas énormément aimé « Holy Fire », un peu trop opportuniste à mon goût mais contenant toutefois de bonnes chansons, je me pointe au concert avec la bande de potes dans l’espoir de pouvoir danser sur quelques titres des deux premiers essais du quintet.

La première partie Jagwar MA, trio électro/rock psyché, aurait pu être excellente si elle n’avait pas été gâchée par leur propre ingé son, apparemment sourd comme un pot. Quel que soit l’endroit où l’on se positionnait dans la salle, les infrabasses recouvraient tout le reste, on ne retenait donc pas grand-chose de leurs morceaux et c’est bien dommage. Un groupe à écouter sur disque, assurément.

L’attente patiente du groupe commence et la la salle se remplit petit à petit, jusqu’à être véritablement pleine à craquer. Pas un endroit de répit, pas un trou avec un peu moins de monde, mêmes les entrées/sorties sont bouchées. On se dit qu’on est tout de même bien là où on est, assez proches de la scène, vers le milieu.

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cc-by-nc-nd Steven

Enfin Foals arrive, et ils nous balancent le Prelude de leur dernier album. Pas mal, mais on reste un peu sur notre faim. Ils ont déjà fait mieux comme entrée en matière. Mais on ne tarde pas à être comblés, car ils balancent direct après Balloons et Olympic Airways, de leur premier essai « Antidotes ».
Dès les premières notes de Balloons, nous sommes d’ailleurs tous séparés par des mouvements de foule gigantesques, qui annoncent la couleur : ce soir, on va morfler.

Avec mes trois potes restants (on était sept à la base) on essaye de survivre jusqu’à la fin de Olympic Airways. Et puis là, l’air de rien, My Number, le tube FM du dernier album, retentit. Là je me dis “bon on va faire une petite pause en attendant que ça passe”, mais en fait, pas vraiment. Le groupe est très fort sur scène et arrive même à faire passer son tube-qui-sent-le-réchauffé pour un bolide supersonique renversant le Transbordeur. Intéressant.

Bon, ça marche une fois mais pas deux, parce qu’ils enchaînent sur Bad Habit, le titre années 80 de « Holy Fire », et là ça casse un peu l’ambiance. Milk & Black Spiders ne fait guère mieux, et c’est bien dommage car c’est l’un des meilleurs titres sur l’album. Là, le batteur Jack Bevan n’arrête pas de ralentir alors que l’énergie de la grande montée finale ne demandait qu’à être accélérée.

Mais Foals sait rebondir, et quand on commence à s’ennuyer un peu, là ils savent remettre d’un coup l’ambiance de dingue qui planait sur Olympic Airways avec Blue Blood, premier titre de leur deuxième album. Porté par la basse incroyable de Walter Gervers, le titre est un véritable succès et le public, complètement acquis, chante les paroles.

Late Night et Providence, du dernier album, font tout aussi bien. Déjà de qualité sur l’album, Providence est définitivement un morceau à part. À écouter absolument.

Et puis là, tout change. Les premiers accords de Spanish Sahara rententissent. Alors on se prépare tous à être surélevés par la force mystique qui habite cette grande ascension continue de 6 minutes. Leur meilleur titre, issu de Total Life Forever, fout une baffe à tout le monde et pour une fois des larmes coulent en même temps que les gouttes de sueur. Un de ces moments rares et magiques qui rythment notre vie !

Bon, inutile de préciser qu’avec l’incandescente Red Socks Pugie et une Electric Bloom fiévreuse de près de 10 minutes juste après, on ne retombe pas encore sur terre. Le groupe clôture son set dans un bordel ambiant après que Yannis s’est littéralement jeté dans le public, micro en mains. Un grand moment de rock’n’roll.

un concert vraiment rock

Oui, car le concert est bel et bien rock. C’est l’ambiance, les décibels et les sons de guitare d’un groupe de rock que nous avons là, qui contrastent un peu avec les sons souvent très clairs et propres (mais toujours énergiques) qui peuplent leurs albums.

Après le rappel, le groupe revient pour trois titres : Moon, morceau ambiant évoquant la fin du monde, qui pose et repose tout le monde. Le premier extrait d’Holy Fire, Inhaler, se charge de nous réveiller juste après. Ils referont même une troisième fois le riff principal, destructeur. Et encore un slam dans la foule pour Yannis, avec sa guitare en main cette fois ! Le bolide est relancé et ne sera pas arrêté lors d’un final épique avec Two Steps, Twice.
Le dernier morceau est entiché de plus de 10 minutes d’impro, avec les membres de Jagwar MA qui montent sur scène pour accompagner les poulains dans leur élan de folie. Taper sur tout ce qu’ils trouvent à portée de main, empiler les amplis et monter dessus, se jeter dans la foule depuis ces mêmes amplis, telles sont les activités de Foals et cie pendant leurs fins de concerts. Et nous on aime ça ! Même un de leurs roadies n’en croit pas ses yeux et on peut le voir filmer la scène derrière son iphone. Mémorable !

Et puis voilà, le concert se termine. On galère pour ressortir du Transbordeur, et on se donne tous rendez-vous dehors puisqu’on a été dispersés pendant le concert.
On en retrouve un qui s’est fait catapulter derrière dès la première chanson, un autre qui a porté Yannis lors d’un de ses sauts dans la foule et qui s’est fait écrabouiller les côtes par la barrière tout devant, un autre qui s’est fait écrabouiller les côtes aussi, mais lui c’était à cause d’un gars qui l’a tabassé parce qu’il voulait pas monter sur ses épaules, mais rien de grave nous dit-il. Enfin, dans tous les cas on ne ressort pas de ce concert indemne, physiquement et moralement ! Mais un sentiment étrange subsiste, malgré tout cela. Celui d’avoir vu Foals au bon moment, juste avant qu’ils ne sombrent dans les méandres du rock FM.

Comme ça, dans 5 ans, on pourra dire à tout le monde que nous avons été là au bon endroit, au bon moment, et que Foals « c’était mieux avant. »

Série de photos prise le 28 mars 2013, sur un des concerts de la tournée décrite dans l’article, qui lui s’était passé à Lyon.

Image d’emblême sous licence cc-by-nc-nd par djenvert

Foals - Inhaler

Notes

[1et le meilleur des trois, assurément

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