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TRACES de doigts …

mardi 19 janvier 2016 par Corinne Gabriel rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

Six garçons et une fille, originaires du Canada, des Etats-Unis, d’Australie et de France : ce sont les 7 doigts de la main, des artistes complets qui vous empoignent et vous emportent dans un tourbillon de sensations et d’émerveillement. Leur tournée faisait escale à Annecy du 14 au 17 janvier.

Ce jeudi 14 janvier, cramponnée à mes béquilles, je gravis stoïquement les marches de la grande salle de Bonlieu. Au théâtre ce soir : le collectif de cirque québécois des 7 doigts de la main (plus il y a de doigts, moins il y a d’ennui…), dans TRACES. Un spectacle circassien, des acrobaties chorégraphiées, alors que ma mobilité n’a jamais été aussi réduite ? Quelle ironie ! Telle est d’ailleurs la tonalité de la voix off qui résonne en ouverture, nous invitant à bien laisser nos portables allumés, à privilégier le flash pour les photos et à ne pas hésiter à grignoter en cas de fringale. Le voyage commence, attachez vos ceintures.


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© ODC Photo

Dès le premier tableau, le rock alternatif en illustration musicale annonce la couleur : pas de temps mort, ça va déménager. De fait, les numéros vont s’enchaîner à un rythme effréné pendant une heure et demie, devant un public qui vibre, s’émeut et applaudit à tout rompre les cascades les plus impressionnantes. Les jeunes artistes sont éblouissants de talent et de virtuosité. Piano, guitare, chant, danse, jonglage, sauts et pirouettes, ils savent tout faire. Ils se chamaillent, chahutent, se cherchent et se chassent dans une mise en scène urbaine. Le décor ? Un abri de fortune, sur fond de catastrophe imminente, quand la création apparaît comme le seul salut afin de laisser une dernière TRACE. Ballon de basket et diabolo rebondissent et virevoltent dans les airs. Les skateboards roulent, se croisent, changent de mains ou de pieds dans une ronde qui donne le tournis. Les athlètes se hissent avec une aisance déconcertante en haut de deux barres verticales, des mâts chinois, sautant de l’une à l’autre, tenant des équilibres improbables sans trembler. Des prouesses entrecoupées de clins d’œil espiègles, de notes d’humour.

L’unique fille de la bande ne s’en laisse pas conter. Dans une parenthèse tout en poésie et en sensibilité, elle apparaît, vêtue d’une robe rouge, suspendue à une sangle dans laquelle elle s’enroule et se déroule, démontrant à la fois force et souplesse. Elle se démarque aussi lorsque, assise dans un fauteuil à bascule malgré lui, elle se contorsionne et multiplie les acrobaties sans jamais lâcher le livre qu’elle tient à la main. Les autres temps forts seront pour moi les figures époustouflantes exécutées par un artiste inséré dans une roue Cyr, ce cercle métallique en rotation, et le dernier numéro lors duquel les membres de la troupe s’élancent à travers des anneaux chinois superposés, d’abord trois, quatre, puis cinq. Quel ressort, quelle précision, quel ballet savamment orchestré !

Le spectacle s’achève par une ovation amplement méritée. La salle se lève et rend hommage à la beauté du spectacle, à l’énergie dégagée par cette compagnie attachante et pétillante. On en reprendrait volontiers une tranche. Mais il est temps de redescendre sur Terre pour se rappeler que la légèreté, l’explosivité et la fluidité qui ont ravi nos pupilles au cours de la soirée sont le fruit d’un travail dur et acharné sans lequel nous en sommes réduits à notre condition d’humains ordinaires. Non, ma fille, pas de miracle, comme à ton arrivée, c’est appuyée sur tes béquilles et en mesurant péniblement les effets de la gravité que tu quitteras les lieux ! Mais avec des étoiles plein les yeux…

Photo en exergue © Larry Rosenberg

Portfolio

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