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PTR « Post Tenebras Rock », Usine Genève

Diiv, des grenouilles bouillonnantes dans un grand bol d’air frais !

dimanche 24 mars 2024 par Lt. Felipe Caramelos rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

À peine un mois après Slowdive, Genève accueillait un autre groupe du même style : DIIV ! un groupe de rock indépendant américain originaire de Brooklyn (New York) dont je suis devenu sur le tard un grand fan ces derniers temps. Et franchement, je les attendais depuis un moment, je ne suis pas quelqu’un qui adore le Thrash, Death Metal, mais bordel ces mecs ont une manière incroyable de bouger sur scène et la façon dont les compositions sonnent fort font qu’ils sont juste à un niveau difficile à décrire. Le style musical de DIIV est pourtant un mélange captivant de grunge et de shoegaze qui pourrait me rappeler un groupe du même bled : Parquet Courts. Leurs chansons fusionnent des riffs de guitare hypnotiques avec des voix éthérées, créant un son unique et intemporel. Le groupe a su marier la mélancolie pop avec des torrents de guitares psychédéliques, attirant ainsi de nombreux fans et grimpeurs musicaux expérimentés de haute altitude… Il ne fallait pas rater ce concert !

DIIV, c’est juste comme avant ta naissance, tu ne sais plus ce qui s’est passé, les oiseaux atterrissent en bout de piste et tu te demandes toujours ce que le soleil fout là dans un silence de plomb avec des étoiles éparpillées partout. Créé en 2011, le nom initial du groupe était Dive en hommage à Nirvana et un morceau présent sur leur single Sliver mais qu’ils ont dû modifier en DIIV par suite de l’existence d’un autre projet de même nom. Ils ont seulement produit trois albums sous le label Captured Tracks et leur quatrième album Frog in Boiling Water sortira pour mon anniversaire le 24 mai via Fantasy Records. Le titre de l’album est une référence à la métaphore de Daniel Quinn, dans son roman The Story of B, conte philosophique écologique où l’histoire de B est présentée comme un journal intime du narrateur et protagoniste américain, un prêtre qui se fait le devoir d’être le premier à reconnaitre l’Antéchrist qui mettrait en danger l’humanité par un non-contrôle de la population mondiale. Bon, je vous laisse lire ce livre très intéressant qui reflète les angoisses des membres du groupe, mais revenons plutôt au concert.

Le groupe attaque son gig par « Like before you were born » mais il continue ensuite avec mon titre préféré « Under the sun » qui pourrait ressembler à un morceau de Deerhunter, un hold up ? Pas du tout ! mais finalement une très belle chanson d’amour. À suivre « Take your time », un moment de pure magie où la guitare basse est en syncope avec la batterie, sur lequel le public prend son pied, où même les serveurs(es) se dandinent en servant les bières et les chupito, une soirée d’hypnose.

« Taker » est un morceau central du concert qui analyse les sentiments de Zachary Cole Smith, le leader du groupe, dans ses difficultés à se retrouver et sans doute il rappelle ainsi sa période dark marquée par l’addiction aux drogues. Il annonce dans cet album Deceiver d’une manière très franche et personnelle, une guérison sans glorification avec des regrets : « Tu as regardé mes lèvres faire, la promesse que j’ai trahie, le chemin de l’épave que j’ai coupé, la merde que je t’ai fait subir ! ». Des paroles dures sur lui-même, jouées sur un rythme lancinant de guitares ! Parfois, quand le monde te semble trop sombre, tu as besoin d’allumer le plafonnier avec une bonne chanson qui devient ta meilleure amie, une manière de donner de l’espoir à ceux qui sont encore de l’autre côté.

« Sur des coups de maître de flux et de reflux, le courant coule dans les égouts… »

Avec le diable incarné, le gig continue, un serpent parle, c’est quoi ça ? « Ici, dans cette tempête printanière, les étoiles flottent dans le vide… » … encore un indice cosmique ? Il y a un tunnel que vous pouvez regarder à travers ! Il y a du chamanisme dans le deuxième album Is The is Are qu’on pourrait écouter en regardant à travers la Dreamachine de Brion Gysin qui tourne, elle, sur la platine d’un électrophone à une vitesse de 78 tours par minutes. On se dit qu’en fermant nos yeux cette musique pourrait provoquer des hallucinations sans prendre de drogue… L’espace d’une chanson, le rock remplace encore la télévision, internet et l’art cinétique :

Si les portes de la perception étaient nettoyées, chaque chose apparaitrait à l’homme telle qu’elle est : infinie. Car l’homme s’est refermé sur lui-même jusqu’à considérer toute chose par les brèches étroites de sa caverne. (William Blake)
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Finalement, j’attends juste que la tempête s’éteigne en buvant une bière offerte gentiment par un fan suisse dévoué, et dépité que les cartes bancaires françaises ne fonctionnent plus ce soir, encore un coup du Crédit Suisse. Le paradis n’est qu’une partie de l’enfer. Les gens continuent à pogoter, danser devant un drap posé sur l’arrière-scène montrant la plupart du temps un logo du groupe avec, entre les morceaux, des publicités qui semblent vouloir nous donner des messages subliminaux mais j’avoue ne pas les avoir captés.
Finalement, ce concert nous aura permis d’entendre déjà cinq magnifiques titres du 4me album qui sera sans doute un nouveau départ vers autre chose. Comme Deceiver a pu l’être d’un point de vue « rédemption revendiquée ».

J’ai attrapé une étoile montante mais ensuite tu l’as laissé tomber » ! (Doused)

Irons-nous vers un champ sonore inexploré, la lumière, l’amour ? Enfin, nous l’espérons de tout cœur pour eux !

Portfolio

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