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Combas : on commence par le début…

mardi 27 mars 2012 par Lucien Mermet-Bouvier rédaction CC by-nc-sa

Son exposition s’appelle « greatest hits », lui qui déteste le snobisme qui consiste à mettre de l’anglais partout, mais le sous-titre nous laisse pantois ! :
On commence par le début, on finit par la fin.

Né en 1957 (année où l’on découvrait le rock en France) à Lyon, par hasard car sa famille est originaire de Sète où elle retournera très vite, Robert Combas dessine déjà de gigantesques batailles dès son enfance.

A l’adolescence, il découvre le rock et intègre l’école des Beaux-Arts de Montpellier où, en pleine période post conceptuelle et post abstraite, il opte pour la peinture figurative et peint les batailles de son enfance.

Très vite, nourri des BD de son enfance, Pilote, Pif le chien, Tintin, il se met à dessiner des histoires, crée un personnage Zop , sorte de skinhed idiot et violent et détourne les cartoon américains « Tom and Jerry, Mickey.

En 1979, avec sa compagne Ketty et Hervé di Rosa, il crée un fanzine.

C’est à cette époque également qu’il fonde un groupe néo punk avec Ketty et Richard di Rosa : « les démodés ». L’une de leur chanson répète en boucle « moi, mon seul plaisir, mon seul hobby, c’est de m’ennuyer ».C’est l’époque du vrai début de la « figuration libre », mouvement baptisé deux ans plus tard par Ben.

Robert Combas peint des histoires ; Michel Onfray le situe dans la lignée des artistes qui dessinent des odyssées dans les cavernes préhistoriques ; une sorte de chaman des temps modernes donc !

Une grande toile nous donne peut-être une des clés de l’énigme : « l’autiste dans la forêt de fleurs… ».Le paradis selon Combas qui commente « le fou triste aime la vie mais il est autiste et n’arrive à converser qu’avec sa forêt de fleurs dont il est roi. Ses sujet l’honorent et le décorent de leurs pétales de toutes les couleurs et leurs parfums illuminés tirent des boulets de canon d’odeur luxuriante... »

Car Robert Combas raconte ses peintures ; il les commente sans jamais illustrer les images d’un doublon ; ses phrases nous embarquent dans un nouveau délire.

En 1980, l’artiste monte à Paris où il retrouve Ketty et Hervé di Rosa ; il découvre les enseignes des commerçants africains, maghrébins et juifs de Barbès : des panneaux peints de couleurs criardes qui l’inspirent.

Il fait le lien avec le pop-art américain.

1982/88. C’est l’époque de son explosion qui voit également reconnaître outre atlantique Keith Haring et Jean-Michel Basquiat.
La peinture de Combas devient monumentale, ses tableaux de plus en plus complexes. C’est l’époque des excès de toutes sortes, grandes batailles aux scènes sexuelles ; paraphrasons un célèbre film « pour en avoir, y’en a ! » partout, jusque dans les titres des tableaux : « baisades en entrelard », « les cocottes emplumées suceuses ou sucées », « les montages de pignoles », « le génie et sa belle quiquette ». Ses histoires de couples donnent naissance aux « tableaux écritures », sortes de lettres d’amour qu’il envoie à ses compagnes successives. Quelquefois, ce sont des lettres-tableaux de colère : « couple psychopathex ».

Ses femmes sont toujours allongées, lascives ; L’Olympia de Manet toujours !

On se bat toujours contre quelqu’un dit Combas. Les juifs contre les arabes, les microbes contre les docteurs, les lions contre les hyènes, King-Kong contre Godzilla, le noir contre le blanc, et moi contre toi et soi contre soi-même. « J’aurais pu faire carrière rien qu’avec les batailles » dit-il ; ses tableaux souvent gigantesques, s’appellent « la guerre de Troie », « Waterl’eau »…

De tous temps, les grands artistes ont voulu se confronter à leurs aînés :
Une salle entière est consacrée aux remakes. « ils sont à la peinture ce que la reprise est à la musique » dit Robert Combas qui n’a pas peur de revisiter les chef-d’œuvre du Louvre comme L’enlèvement des Sabines, de se réapproprier Picasso, Matisse, Le Douanier Rousseau ou Toulouse-Lautrec que l’on peut considérer comme l’ancêtre do pop-art.

Quant à la musique, seconde passion de Robert Combas, si elle envahit son travail, un étage spécifique lui est consacré. Ses références vont du Velvet Underground à Georges Brassens en passant par David Bowie et Iggy Pop. Quelques titres « Hécatombe » « Au marché de Brive-la-Gaillarde », « Le Gorille » » « L’orchestre symphonique »…

Avec son groupe « les sans pattes » créé en 2010, il donne même des concerts dans le musée.

Deux films sur l’œuvre de l’artiste, des conférences, des rencontres avec lui, avec Philippe Manœuvre ou Michel Onfray, complètent l’exposition de cet artiste unique. Je n’en trouve pas dans l’art contemporain d’aussi prolifique, démesuré et imaginatif.

« Ma peinture c’est du rock, mon rock c’est de la peinture ». 

« Au départ, ma peinture devait s’appeler Peinture Fun ; ça m’emmerdait parce que c’est un mot anglais ».

LMB

Robert Combas, du 24/02 au 15/07/12
Musée d’art Contemporain
Cité Internationale 81 quai Charles de Gaulle
69006 Lyon.
Tel : 04 72 69 17 19
Bus : C1.C4.C5
www.mac-lyon.com

  • rétrospectice Combas à Lyon :
    du vendredi 24 février 2012 au dimanche 15 juillet 2012 Musée d’art Contemporain

    Tel : 04 72 69 17 19
    Bus : C1.C4.C5
    www.mac-lyon.com

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    Cité Internationale
    81 quai Charles de Gaulle
    69006 Lyon

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