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Le musicien nyonnais a sorti son premier album au printemps. Maintenant qu’il entame les concerts afin de le promouvoir, Fabe Gryphin partage avec nous la concrétisation de plusieurs années de travail acharné pour devenir artiste.
Depuis l’âge de dix ans, le trentenaire nyonnais pianote sur les touches, frôle les cordes et teste sa vocalise. Plus qu’une passion, c’est une nécessité ! Fabe Gryphin, de son vrai nom Fabrice Chollet, enchaîne les projets en groupe, les tests en solo chez lui, toujours lors de son temps libre. Boulot, factures, contraintes obligent. Les années passent, les compositions s’accumulent, mais jamais la musique ne lassera l’artiste.
En 2011, il prend la décision de mettre un tant soit peu de côté les contributions aux projets des autres et de se focaliser sur sa musique, sur cet exutoire dont il a besoin. Pouvoir réaliser les choses seul, sans barrières lui permet enfin de donner naissance à son premier EP WOG, sorti en 2012. Son autre groupe Alphastate, aux sonorités indie-pop-rock, lui demande également pas mal de temps. Après un premier album sorti en mars 2015, ils travaillent actuellement sur la suite.
Puis, en juin de la même année, Fabe Gryphin se libère de son travail à plein temps, prenant enfin l’occasion de s’adonner 100% à la musique. Départ d’une nouvelle vie. Aujourd’hui accompagné de quatre musiciens, Francis Stoessel (batterie), Erwan Valazza (guitare), William Jacquemet (trombone) et Gauthier Toux (claviers), parfois remplacé par Adriano Koch, pianiste de l’album, l’artiste nyonnais propose une musique qui mélange les styles, s’inspire de divers genres musicaux et rend ainsi la catégorisation complexe. Du Hip Hop ? Oui mais alternatif, accompagné de rock, de soul, de jazz, le tout sublimé par une poésie déconcertante.
On compte parmi les influences principales de l’artiste de grands noms de la musique d’hier et d’aujourd’hui : Kendrick Lamar, Bon Iver, Astronautalis, James Blake, Tupac, Bob Dylan, The Beatles, Nirvana, Cold War Kids, Foals, The National, Kanye West, Jay-z, Eminem ou encore Marvin Gaye. Eclectique serait donc le mot le plus adéquat pour parler de la musique de Fabe Gryphin !
Son premier album, intitulé Street & Flower : Summer X TIME, a été présenté en mars dernier à l’Usine à Gaz à Nyon. Fidèle à lui-même, le musicien ne cesse de mélanger les genres, navigant entre un hip hop alternatif et une pop dynamique. Une touche omniprésente de jazz est cependant amenée subtilement par les musiciens qui accompagnent Fabe Gryphin sur le projet. Ce premier album, aboutissement d’un travail de longue haleine, peut être décrit comme la bande-son de l’histoire d’un homme à la recherche de sa raison d’être. Et dans le cas présent, celle de Fabe Gryphin, de devenir un artiste à part entière.
L’artiste nyonnais ne compte donc pas s’arrêter en si bon chemin. Il sera d’ailleurs en concert dès la rentrée, commençant par un lieu symbolique, un peu comme à la maison : à la Parenthèse, à Nyon, le 1er septembre prochain pour inaugurer la réouverture du lieu. (Lien FB) Et qui sait, dans quelques mois, on le retrouvera peut-être sur scène au Paléo Festival de Nyon ! C’est tout ce qu’on lui souhaite.
Hello Fabe ! Merci pour cette rencontre. Maintenant que l’on connait ton parcours, racontes-nous un peu comment le vernissage de ton premier album, intitulé Street & Flower : Summer X TIME, s’est déroulé en mars dernier à l’Usine à Gaz de Nyon. Le public a-t-il été réceptif ?
Fabe Gryphin : Le public a vraiment été très enthousiaste. Le concert s’est très bien passé, l’Usine à Gaz était pleine de monde. Nous n’avons eu que des bons échos. C’était une bonne surprise, et très rassurant. Un premier album, c’est un peu comme un test, c’est l’instant de vérité. On le sort et on a le résultat de tous ces mois de travail. Et le public nous a fait part de ses commentaires, tous positifs.
Quelles sont tes influences musicales ?
J’ai autant d’influences rock, soul, pop que Hip Hop. Pour ce qui est de la musique soul J’ai beaucoup écouté Marvin Gaye, Ottis Redding et plus récement des artistes comme Anderson .Paak, Frank Ocean. Du côté de l’indie rock, Cold War Kids, Foals, The National entre autres. Bon Iver pour la folk. James Blake aussi. J’écoute son dernier album en boucle en ce moment. Et pour ce qui est du hip hop, 2 Pac, Jay-z, Nas, Wu-Tang, Cypress Hill, Eminem, beaucoup des poids lourd du hip hop US des années 90/2000 en soi ! Des groupes qui ont intégré du jazz, de la soul dans leur hip hop comme A Tribe Called Quest, Gangstarr, The Fugees, The Roots puis des gens comme Common, Mos Def etc jusqu’à Kanye West à ses débuts qui m’a énormément influencé. Le hip hop alternatif d’Atmosphere, Astronautalis, Ceschi, ce qui sort sur les labels Rhymesayers et Fake Four en général. Et dans la nouvelle génération, J Cole, Chance The Rapper, Vince Staples, le crew TDE mais principalement Kendrick Lamar, qui selon moi, a réussi à révolutionner le monde du hip hop en faisant son truc sans suivre les modes, à devenir un leader en se réinventant constamment à chaque album jusqu’à se hisser au sommet avec un album empruntant au jazz, au funk, sans réel single pour la radio mais salué par la critique, avec des textes, des concepts forts, loin de ce qui se fait dernièrement. Il s’est fait une place en moins de cinq ans et son message, sa personnalité, son charisme en live, les musiciens qui l’entourent, tout cela m’inspire beaucoup.
Que fais-tu de ton temps libre ?
De la musique ! (Rires). Et je fais tout pour promouvoir ce projet. J’apprends la partie business aussi qu’il y a derrière chaque projet musical, et j’ai encore beaucoup à apprendre. Cela demande pas mal de temps et de persévérance. J’aimerais déjà composer à nouveau, mais chaque chose en son temps.
Tu as déjà des idées pour l’album à venir ?
Fabe Gryphin : J’ai déjà de quoi réaliser les 4-5 prochains albums oui !!! (Rires). Je compose tout le temps, j’ai toujours des mélodies qui me viennent. Et depuis le temps que je travaille là-dessus, oui j’ai pas mal de contenu pour la suite.
Tu puises l’inspiration dans ton vécu, ton imaginaire ou…. ?
Un peu de tout mais beaucoup de vécu, de ce que je ressens. Cet album retrace la découverte de soi-même, cette recherche d’identité que j’ai ressenti toutes ces années. C’est un album conceptuel qui tourne autour de cela : c’est très personnel, et comme une thérapie où je peux enfin m’exprimer. C’est difficile d’être un artiste dans la société d’aujourd’hui, et encore plus d’y faire sa place. J’ai ressenti beaucoup de frustration à travailler comme un acharné et ne pas y arriver. Puis enfin, le projet prend vie et l’album arrive, telle une libération. C’est cela aussi que j’ai pu constater : j’ai enfin libéré l’artiste qui est en moi ! Et je peux désormais écrire sur d’autres sujets que moi-même ! (Rires)
Dans dix ans, tu seras...
Fabe Gryphin : Toujours musicien je l’espère. On voit beaucoup de projet qui s’arrête lorsque les membres du groupe fondent une famille, ou quand cela prend trop de temps justement sur tout le reste. La musique est une passion depuis que j’ai l’âge de dix-onze ans, donc jamais je n’arrêterai d’en jouer. J’espère pouvoir trouver un bon équilibre entre la musique et ma vie privée et professionnelle. Puis regarder en arrière et me dire que je peux être fier de mon parcours.
Que penses-tu de la scène Suisse ?
Fabe Gryphin : Nous avons une superbe scène au niveau de la qualité. Les artistes suisses, je les regarde différemment que les artistes internationaux, sachant le procédé qui existe pour en arriver là. Le milieu est petit, les gens se connaissent et c’est aussi cela qu’il y a d’intéressant dans cette scène Suisse. Il y a comme un lien particulier entre artistes suisses. De plus, il y a de belles musiques à découvrir, il faut simplement s’intéresser plus amplement à la musique locale. Et cela demande parfois du temps.
Faire appel à une émission de TV pour te faire découvrir te semblerais une bonne idée ?
Non pas vraiment. Ces émissions qui se veulent être des tremplins laissent peu de place aux créations originales et produisent des interprètes plus que des auteurs-compositeurs. Cela ne me correspond pas, mais qui sait…
Si tu avais l’opportunité de passer une soirée de délire, de fête, de discussion ou de partage avec une personnalité, décédée ou vivante, qui serait-elle ?
Ce serait sûrement une personne issue du milieu de la musique. Mais je suis hésitant. Comme pour ma musique je suis incapable de choisir une seule option. Si j’avais un vœu ce serait de pouvoir faire des vœux à volonté. Mais je ne sais pas. Peut-être Jésus, j’aurai 2,3 trucs à lui demander (Rires).
Sinon Je me ferais bien quelques soirées à composer et boire des coups avec Gainsbourg. On irait ensuite enregistrer les compos avec James Blake et Danger mouse. On ferait un super album, enfin surtout eux haha. Et là il y a l’ado qui est en moi qui refait surface et qui dit « mec, tu sais très bien que ce serait 2 Pac ! » (Rires).
C’est vrai que je ne crois pas avoir autant été marqué et obsédé par une personnalité autant que lui. Le nom « Street & Flower » fait d’ailleurs référence à un livre de poèmes qu’il a écrit adolescent et qui a beaucoup influencé mes premiers textes. Et ça finirait peut être au poste mais une soirée avec lui ça devait être fou.
Alternative Hip-hop jazzy
Entrée libre