> Mag > Musique > The Two, deux gringos à la conquête du monde
Le duo vaudois s’apprête à entamer sa cinquième année d’existence. Et les routes du monde entier semblent s’ouvrir à eux pour accueillir leur blues pure et authentique.
The Two, c’est avant tout du blues. Mais pas que ! Une musique métissée semblant venir des champs de coton du Mississippi, une voix suave et puissante à la fois, et deux compères qui animent le concert tels des humoristes en plein show.
Thierry Jaccard et Yannick Nanette forme ainsi ce duo dynamique et sauvage qu’est The Two. Sauvage ? Oui, car leur musique, profonde et épurée, est bien loin des dictats du système musical d’aujourd’hui.
Pour eux, seul le partage compte. Et c’est là toute leur sincérité et authenticité. Sur scène, la simplicité est de mise : cinq guitares, une pédale d’effets, deux micros. Et une recharge de cordes de guitare au cas où celles utilisées auraient toutes décidé le même soir de péter à la gueule de Yannick.
Mêlant les racines du blues des années 20 aux influences musicales modernes et mauriciennes, le blues des deux trentenaires fait oublier les frontières et nous rappelle que la musique est avant toute chose un langage universel. Plus loin encore, le blues, né aux temps des esclaves, fait entendre les souffrances, les déboires mais aussi les espoirs de ces hommes des champs de coton. C’est en soi une musique emplie d’émotion ! Cela, Yannick et Thierry l’ont compris et le mettent en pratique aisément. La ballade bluesy In the night nous séduit, Roseda, reprise de « Ti Frère », père du Sega, nous emmène à l’Ile Maurice en un quart de seconde tandis que Live my Life nous booste subitement.
Depuis leur rencontre à Sierre, en terres valaisannes, les deux hommes font route commune. Celle-ci les a notamment amenés en 2014 à l’International Blues Challenge de Memphis, aux Etats-Unis, où ils représenteront dignement la Suisse. La même année, ils remportent le Swiss Blues Challenge et sortiront enfin leur première pépite, Sweet Dirty Blues, au mois de novembre. La machine est lancée, et un grand nombre de dates de concert s’ensuivent, avec notamment le Montreux Jazz Festival, le Verbier Festival Off, le Paléo Festival à Nyon, ou encore en première partie, attention pas des moindres, de Monsieur Johnny Hallyday à l’Arena de Genève. Rien que ça ! Ils ont le blues dans la peau, dans les os, et cela nous plait ! Leur musique séduit le public. Résultat, ils grimpent les échelons à un rythme effréné et ne semblent pas vouloir s’arrêter en si bon chemin.
Rencontre avec ces deux véritables showmen quelques minutes avant leur concert au BAG (Blues Association Genève), association qui leur a permis il y a quelques années de lancer leur projet et de prendre vie au sein de la scène musicale genevoise et romande.
Alors les gars, dites-nous comment vous êtes-vous rencontrés ?
Yannick Nanette : J’ai débarqué il y a neuf ans de l’Ile Maurice pour atterrir à Sierre…. (Légers rires qui en disent long sur le Valais). Je passais un soir devant une salle de concert où il y avait de la musique. C’était le groupe de Thierry qui jouait, Brainless. J’ai vraiment aimé leur musique et de ce fait, je leur ai demandé à faire une jam session avec eux, pour le fun. Finalement, avec Thierry on s’est trouvé comme ça !
Thierry Jaccard : On a tourné un moment avec Brainless avant de prendre un peu de distance pour le projet en duo. Et voilà qu’est né The Two !
Il y a deux ans exactement vous sortiez votre premier album Sweet Dirty Blues. À quand le prochain ?
T.J : Probablement 2017 !
Y.N : Sans aucune précision. Nous ne sommes pas pressés. À quoi bon ? Nous n’avons même pas encore eu suffisamment d’occasions de présenter et défendre notre premier disque. Et puis, sortir un album, c’est un prétexte pour aller à la rencontre des gens. Et cela nous le faisons avec ou sans album !
2016 a été une année très mouvementée pour vous : 130 concerts en Suisse et à l’international ! Qu’en est-il pour l’année prochaine ?
T.J : Overbooked ! On a énormément de dates de concerts programmées. On se réjouit d’ores et déjà._
Y.N : On a eu la chance d’être contacté par une boîte de production qui nous a fait avancer au travers de nombreuses rencontres. Et du coup, les dates s’enchaînent.
Comment procédez-vous pour la création de vos chansons ?
Y.N : Thierry prend de l’acide, moi de la coke… (Rires général). Non plus sérieusement, nous n’avons pas une méthode fixe et précise. Chacun vient avec une mélodie ou on débute d’une jam qui nous percute. On écoute simplement les idées qui nous arrivent et on suit.
Et pour les textes ?
Y.N : On part d’une réflexion sociétale et politique. On parle de notre société de consommation, du mode de vie, de l’économie et du travail, de ce système politique inadapté.
T.J : Mais aussi les relations humaines, si complexes qu’elles soient.
Comment définiriez-vous votre musique ?
T.J : Les gens nous classent dans la catégorie du blues. Oui c’est du blues mais pas que ! Avant de faire du blues, on veut faire de la musique !
Y.N : La musique blues est une musique de partisans. Elle se veut être une revendication humaine, elle crie la souffrance universelle qu’ont subi les esclaves. C’est la musique d’un peuple qui a dit NON à un système, à un État qui les opprimait. C’est ça le blues, c’est une revendication !
T.J : Et puis, on s’influence également de penseurs : Albert Jacquard, Pierre Rabhi. Aussi des musiciens, et là, il y en a beaucoup ; Eric Bibb, Kaya, Ray Charles, Eric Triton…
Et en trois mots, comment décririez-vous votre musique ?
Y.N : Tisseuse de liens.
Last question : Si vous pouviez passer une soirée avec une personne décédée ou vivante, que cela soit simplement pour partager un repas, philosopher, parler politique, picoler, se droguer ou baiser, refaire le monde, que sais-je… qui choisiriez-vous ?
Y.N : Mon père, sans hésitation !
T.J : ….. Pas évident de choisir. Je dirais Martin Luther King !
Toutes les images ont été prises lors du concert de The Two pour la Blue Association de Genève, Brasserie des Grottes club, Genève, le 03.11.2016, © Christophe Losberger
Blues
Royal Southern
Dans le cadre des Midis-musique à la Médiathèque
Gratuit, places limitées.
Réservation à partir du mardi 25 octobre, au 04 50 01 46 60.
Blick Bassy mêle la musique traditionnelle camerounaise au blues américain des années 20. Entre balades mélancoliques et danses légères, airs intimistes à la guitare et pulsations cuivrées d’un jazz New Orleans, il interprète d’une voix douce etaérienne des chansons sans frontières.
Puisant dans les racines du Delta blues tout autant que dans le blues créole de l’Ile Maurice, The Two nous rappelle que la musique est avant tout un langage universel.
17€ / 10€ / 7€