> Mag > Musique > Au hasard...Balthazar ?
L’ambiance était un peu étrange, ce soir-là, le 17 novembre. Les événements récents ne m’encourageaient absolument pas à bouger ma carcasse pour faire une heure et demi de route, aller voir le concert d’un groupe que je connaissais très peu au final, puis revenir, une heure et demi de route à nouveau...Pas vraiment la pêche, pas sûre d’avoir encore envie.
Super, vous me direz.
Tu l’as aimé ce concert ou pas ? C’était quoi, d’abord ?
C’était le concert de Balthazar.
Et qui est Balthazar ?
C’est un groupe de pop rock qui nous vient de Belgique (Courtrai) et a sorti en début d’année Thin Walls, son troisième album.
Pour être franche, je n’ai pas fait attention à Balthazar avant de les percevoir à Rock en Seine. Les percevoir, oui, parce-que je ne me suis même pas arrêtée pour regarder le concert. Pourtant, de loin, les sonorités qui me parvenaient m’avaient déjà interpellée. Et puis...passée à autre chose.
Pour être franche, oui, je me suis plus pointée à Annemasse avec l’envie de discuter que de suivre un concert de Balthazar.
En roulant, j’avais passé en boucle Thin Walls, histoire de ne pas découvrir complètement les sonorités du groupe et avoir une chance de recevoir les lumières, les attitudes sur scène, ce qui fait un concert, vraiment. Quelques morceaux retenaient mon attention, « Decency », en particulier, « Bunker », oui, aussi...
La salle n’est pas pleine à craquer. Je pourrai voir ce qui se passe sur scène sans aucune gène. Je suis solide sur mes jambes, bras croisés, j’attends, fermement, de voir ce que ça va donner.
Le concert commence avec le violon baveux de « Decency ». Ça va. Ça commence bien. Et en fait, le concert va être comme ça : Balthazar semble nous emmener d’abord vers la profondeur pour nous faire remonter doucement ensuite, avec des morceaux plus rapides et plus vifs. Plus faciles aussi (en tous cas, ce sont ceux que j’aime le moins).
Mais attention, hein, n’allez pas croire que le groupe tombe les cartes aussi facilement : pour un peu de cette facilité, vous récupérerez de gros morceaux de gravité, de lenteur et de noirceur. Pour toute la sensualité de Jinte Deprez, sa main levée dans les lumières bleutées, vous recevrez l’air hautain de Marteen Devoldere, sa voix traînante et sa drôle de façon de tenir sa guitare. Pour la richesse sonore apportée par les claviers, le violon, les différents timbres de voix, vous serez happés par ces silences, étonnants vraiment, portés, épousés par le groupe. L’apogée aura lieu sur la fin de « Blood like Wine » (du tout premier album - Applause), avec le groupe chantant a capella, laissant le silence se glisser franchement sur scène.
Et le groupe donc. C’est un (vrai) groupe, et ça me plaît de voir ça : en-dehors du batteur et de la place que nécessite son instrument, tout le monde est sur le devant de scène. À égalité. Et cela confère une solidité, une force, à ce qu’il nous est donné d’entendre que j’avais rarement éprouvée jusqu’à maintenant. Il n’y a pas de schéma, pas de place vraiment définie pour chacun d’entre eux pas de rôle plus important ou secondaire.
L’ambiance pourtant reste timide pendant un certain temps. À mesure que le temps passe, je me demande si c’est le groupe qui induit cela ou si tout ce lourd contexte fait qu’il est difficile de manifester quelque réaction que ce soit. Le groupe lui-même n’est pas très bavard. Il y a peu de lumières chaudes pendant le set. Tout pourrait encourager à ne pas ciller. Ne rien faire. Rester de marbre. Tout convie à la froideur.
Et puis...quand même, je sens bien que mon immobilité se fissure. Je ne me suis pas rendue compte, vraiment, à quel moment la bascule s’est faite, à quel moment je me suis laissée aller avec eux, Balthazar, à quel moment je me suis mise à onduler, un peu, bouger la tête en rythme, puis applaudir en souriant. Vouloir qu’il reviennent surtout, pour une chanson, encore ! En observant autour de moi, je ne suis pas seule, mais je fais bien partie de ces gens, ce public qui bouge doucement, hoche la tête en rythme en souriant.
Lorsque les lumières se rallument, je me retrouve seule pour quelques secondes, à regarder les gens et vouloir dire à chacun « vous avez vu, ça ? Vous aussi ? ».
En l’absence d’images disponibles pour le concert chroniqué, les images sont issues du concert de Balthazar à l’Aéronef de Lille, le mardi 8 avril 2014, dans le cadre du Festival « Les Paradis Artificiels », aimablement fournies sous licence creative commons par MadMike.
Rock Belge flamboyant
1re partie : Teen daze
Synthé pop floutée
Dans le cadre du Festival Antigel
Portes 19h30
25CHF / 20 (réduit) / 16 (jeunes) / 14 (-12ans) / 5CHF (festivalier)