> Mag > Spectacle > C’est la vie ...
Et c’est une belle histoire d’amitié entre un auteur, un metteur en scène et un comédien, qui nous offrent un poème sur l’amour, l’enfance, la famille, le travail, la politique, la dépression, l’espérance ... sur la vie ...
Claude Brozzoni connait bien Peter Turrini. Il a monté plusieurs des pièces de cet auteur autrichien, reconnu comme l’un des dramaturges contemporains les plus importants de la langue allemande.
Tous les deux fils d’italiens immigrés, ils ont appris à se connaitre, à s’apprécier, à échanger leur vision du monde et du théâtre. Il y a quelques années, le metteur en scène a demandé à l’ami et poète de lui écrire une pièce. « C’est la vie » a vu le jour et a attendu patiemment le comédien qui prendrait possession de son texte ... Un monologue d’une heure et demi pendant laquelle Peter Turrini enlève son masque et nous fait entrer dans sa vie, ses peines, ses joies ...
C’est en allant voir un spectacle joué par Jean-Quentin Châtelain que l’évidence s’est imposée à Claude Brozzoni : l’acteur, habitué des longs monologues, incarnerait parfaitement le personnage de Turrini. Après un long déjeuner d’échanges, Jean-Quentin Châtelain a accepté la proposition de Claude Brozzoni, et l’aventure a commencé.
D’abord avec un voyage, Claude a emmené Jean-Quentin à la découverte de l’univers de Turrini. Les deux hommes sont partis d’Annecy, sont passés à Cluses, où est né Claude Brozzoni, sont allés à travers la Suisse et l’Italie jusqu’en Autriche chez Peter Turrini, l’ont rencontré ainsi que sa famille et ses amis, et sont rentrés par Genève, où est né Jean-Quentin Châtelain. Du metteur en scène au comédien, en passant par l’auteur, la boucle était bouclée et la complicité entre les individus renforcée, l’amitié affermie.
« On s’entend très bien, on est heureux ensemble, un bonheur simple, une joie intérieure profonde. »
C’est un spectacle de vieux punks sur le retour
Ont suivi sept semaines, dans les locaux de la Compagnie Brozzoni puis dans la Salle de Création de Bonlieu, pendant lesquelles metteur en scène et comédien ont travaillé la pièce. Cinq semaines à la table pour que Jean-Quentin Châtelain digère le texte, se l’approprie. Cinq semaines à adapter la traduction pour qu’elle soit à sa bouche. Cinq semaines à travailler sur la précision, le sens des mots, la ponctuation. Cinq semaines à se remémorer des histoires personnelles, la salle de répétition devenant salle de psychanalyse !
« Jean-Quentin Châtelain est un vrai artiste dans son âme et son corps, il joue juste ou ne joue pas. Il n’y a pas de fausse énergie dans ses mouvements, tout vient d’une intensité intérieure. »
Sur scène, pour accompagner le comédien, deux musiciens : Claude Gomez et Grégory Dargent, de la peinture et de la vidéo, tournée chez Peter Turrini en Autriche et qui reflète, comme des petites bulles, ce qui se passe dans la tête du personnage ...
« C’est un spectacle de vieux punks sur le retour ! » dit Claude Brozzoni.
Claude Gomez et Grégory Dargent ont composé une musique inspirée de la musique électro-rock allemande des années 70, avec des instruments de l’époque légèrement modifiés.
La musique jouée en direct crée une harmonie : Jean-Quentin Châtelain est au centre, la musique l’accompagne. C’était une première pour le comédien de travailler avec des musiciens sur scène. Son oreille musicale et son écoute ont rendues les choses simples, résultant là encore dans un bel échange et une profonde complicité.
A travers ce spectacle, Claude Brozzoni veut donner de la joie et du plaisir : « On a la responsabilité d’être heureux dans notre cadre de vie privilégié. Ce qui reste au fil du temps, ce sont l’art et la poésie. Notre rôle est d’alerter en donnant au public le meilleur de nous-mêmes. »
Les propos du texte sont universels, tout le monde peut s’identifier.
Le spectacle amène à se replonger dans son propre vécu.
L’aboutissement de l’aventure est à voir absolument à Bonlieu ces jours-ci, puis en tournée en France, en particulier au théâtre du Rond-Point à Paris (pour mes amis parisiens) ...
A voir absolument même si les propos sont difficiles et le thème profond, parce que c’est un spectacle porteur d’énergie, de volonté de se battre pour ne pas mourir, parce que c’est ça la vie et c’est beau !