> Mag > Musique > Chinese Man, les maîtres alchimistes
Le collectif Chinese Man fête ses 20 ans et présente l’avant-dernier show de sa tournée, avec une énergie qui n’a pas pris une ride. Inspirés par le mouvement hip-hop mais inclassables, le trio expérimenté a présenté, en ce soir de novembre, une prestation musicale et scénographique irréprochable.
Au cœur de l’alchimie, des techniques chimiques gardées secrètes : le terme s’applique bien au show présenté ce soir à Château Rouge. Après vingt ans de cuisine musicale, Chinese Man nous sert ses meilleurs plats dans un spectacle maitrisé. Allons voir de plus près ce qui bout dans cette marmite…
Trois DJ’s au centre, derrière eux des écrans dont les animations sont toujours cohérentes avec l’ambiance sonore (La vidéo prend ici une place cruciale et rend le spectacle très immersif). Aucune monotonie : on alterne entre des passages de DJset purs, l’intervention de deux MC (Stogie T et Youthstar) en très grande forme, et une section cuivre (trompette, saxo, trombone qui s’intègre parfaitement à l’univers du groupe. On comprend mieux que ce projet ait demandé des mois de travail pour aboutir à une telle recette…
L’une des nombreuses particularités du collectif est d’avoir composé seulement trois albums en deux décennies, le tout sous un label 100% indépendant. Cela a permis à chacun d’avoir à côté de nombreux projets solos et de multiples collaborations venus enrichir leur univers musical dont nous sommes les grands bénéficiaires aujourd’hui. Le nouvel opus s’intitule We’ve Been Here Before et poursuit dans la lignée éclectique de ses prédécesseurs.
Ce concert est un autant un voyage temporel que spatial. On entend des samples des sixties, l’instant d’après des sonorités latinos, puis des rythmes dignes de transes africaines. Chinese Man, en provenance du sud de la France —comme son nom ne l’indique pas— nous emmène partout et surtout ailleurs.
Peu de place à l’improvisation : la scénographie est millimétrée, les vidéos sont calées avec la musique. Toutefois, l’ambiance annemassienne de plus en plus frémissante amènera le trio à ajouter dans le final un titre de jungle très probablement non programmé, tous écrans éteints, qui achèvera de faire bouillir la salle, balcon compris. C’est un véritable fumet de lâcher-prise qui aura autant envahi la salle que la scène ! Y a-t-il une formule magique à cette alchimie musicale ? L’élixir sonore ainsi produit est trop complexe, cela restera le secret de ce trio magique.