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À 37 ans, Jazz à Vienne nourrit une ferveur qui prend la ville entière ce début d’été, du 29 juin au 13 juillet. Avec quatre scènes, dont le magique théâtre antique sous les étoiles, avec le Rhône pour horizon, le festival apprécie le jazz de midi à minuit, sur tous les tons, à tous les âges, amateur, étudiant, émergeant, expérimental… sans négliger, bien sûr, un lot de grandes stars dont certaines sont des habituées. Cette année viendront Ahmad Jamal, Zuchero, Herbie Hancock, Jamie Cullum, Angélique Kidjo, Mary J. Blige, Keziah Jones, De La Soul, Youn Sun Nah… Sans oublier, dans un hommage à Coltrane le 3 juillet, Archie Shepp et Paroah Sanders. Annonce.
I don’t really like tributes. Je n’aime pas vraiment les hommages. But, but, but. La soirée que consacre Jazz à Vienne à John Coltrane le 3 juillet, 50 ans après sa mort, le 17 juillet 1967, dissuaderait les plus allergiques à la pompe. Comment Coltrane, d’abord, pourrait-il se retrouver engoncé, lui qui échappait aux définitions ? L’auteur de « A love supreme » jouait comme on se cherche, décryptait au saxophone ténor la densité du temps, les aspérités du silence, le lendemain présent, tous les tons jusqu’à l’atonalité. En compagnie d’artistes forts dont deux, au moins, converseront avec lui dans l’amphithéâtre ce lundi soir.
Le maître de cérémonie, d’abord, Archie Shepp, s’est convertit au sax ténor en 1960 après avoir entendu, émerveillé, John Coltrane dans le club Five Spot à New York. Il s’était approché de son idole jusqu’à enregistrer avec lui un album, Ascension, en 1965. Avant de cultiver, engagé, savant (il est aussi musicologue), poète, des impros barrées et un free jazz abrupt dont il rechigne parfois à l’appellation glacée.
Ainsi, dans les Inrocks, en 2000 : « Pour moi, le mot free-jazz ne signifie rien. Il ne recouvre aucune réalité. De la même manière que je n’utilise jamais le mot jazz. Pour moi, le jazz c’est la musique que je joue, la musique africaine-américaine. Et depuis l’origine, cette musique est free ».
Free, de ses mélopées vertigineuses, de ses retournements à fleur de souffle, de chanter blues et, à 80 ans pile poil, libre d’inviter des musiciens de nouvelles générations à ses côtés : la puissante chanteuse Marion Rampal et le pianiste texan attentif Jason Moran avec lesquels il avait déjà proposé un tribute à Coltrane [1], le saxophoniste britannique, très libre lui aussi, Shabaka Hutchings, le trompettiste Amir ElSaffar, qui allie musique du Proche-Orient et jazz américain, et le somptueux Nasheet Waits à la batterie.
Autre compère de Coltrane dans Ascension, en 1965, le saxophoniste ténor Pharoah Sanders, 77 ans, propose le même soir un autre hommage à Trane, en compagnie de son quartet (et 28 ans après l’album Blues for Coltrane : A Tribute to John Coltrane, qu’il avait joué avec Mac Coy Tyner).
Le troisième tribute de la soirée est résolument contemporain et surprenant puisqu’il associe la virtuosité du saxophoniste français Emille Parisien à l’électronique de Jeff Mills, pour proposer une approche de Coltrane « par la transe »… La spiritualité sous la voûte étoilée.
Image d’emblème de l’article ©C Cifarelli
Jazz
Placement libre Tarifs
Dans le cadre de Jazz à Vienne 2017
43.00 € ( Tarif Normal) / 36.00€ ( Tarif Jazz Ticket (pour détenteurs de Jazz Tickets - Chèque cadeau JAV)) / 29.00 € (12-16 ans) / Gratuit ( - de 12 ans)
[1] en septembre dernier au festival Jazz à la Villette