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Swing

Crambes/Convert/Alcocer/Eche Puig

dimanche 8 juillet 2012 par Aurélie Gravallon Combier rédaction CC by-nc-sa

Si la formation avait un défaut, ce serait celui de la perfection ... Une soirée époustouflante de sobriété et d’originalité.

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Péristyle

Les 6 et le 7 juillet, le Péristyle accueillait pour la deuxième année consécutive une formation à cordes (guitares, violon contrebasse). Crambes, Convert, Alcocer, Eche Puig, quatre solistes qui flirtent avec les scènes internationales rassemblés autour d’un univers commun, le swing. Deux concerts, six sets, durant lesquels on a frôlé la catalepsie devant la multitude de prouesses techniques aussi virulentes qu’édifiantes qui se sont succédé à une vitesse vertigineuse. Une perfection mélodique et rythmique, des inflexions riches et variées dont la fluidité nous ferait presque perdre la notion du langage ... La conduite des solos, les envolées de la contrebasse, la féérie du violon, le vibrato des guitares étaient en tous points remarquables. L’abondance d’appoggiatures masquait la simplicité de la trame qu’au final, tous les amateurs et professionnels du Jazz Manouche connaissent, une abondance qui ajoute à la rapidité du mouvement des scintillements harmoniques, raffinés, stylés métamorphosant avec aisance les standards en véritables créations jazzistiques. Swing 42, Djangology… le concert était un moment privilégié de rencontre et de découverte de nouvelles compositions dont une particulièrement puissante, « Mes ancêtres m’accompagnent » de Rémi Crambes, interprétée au milieu d’une vague déferlante de défis techniques, une nouveauté comme un souffle qui provoque l’étonnement et ouvre lentement l’espace à la musicalité. Influence rock, caractère insatiable, téméraires, les monologues s’imbriquent et épousent des variations ambrées, chaudes, suaves, dont l’amplitude titille. Œillades charmeuses. Les solistes n’amènent pas le rêve, ils vivent le rêve... Les accents juvéniles deviennent de somptueuses injonctions, preuve d’une grande subtilité dans la dissimulation d’une pensée qui pourrait paraître, sans ces artifices, presque nue.

Et si la technique devait un jour supplanter la puissance onirique ?

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Péristyle

Pour tenter d’expliquer cette fascination irrésistible, on pourrait s’amuser à détourner le regard, décrire les éléments constitutifs du décor, les arcades, les entrées cylindriques qui happent les férus d’œuvres symphoniques, l’exposition de photos de Christophe Charpenel, l’obscurité de la nuit qui embrase les visages. La silhouette des manches, la finesse des volutes, la cambrure des éclisses, la clarté des timbres. Aucun maniérisme dans l’interprétation n’égratigne la remarquable précision et l’enthousiasme dans lesquels les solistes mettent en avant l’efficacité, la pluralité. Difficile de ne pas être élogieux, difficile de ne pas être démagogue, difficile d’être novateur. Qualifier de prometteurs ces quatre jeunes musiciens serait une contrepèterie hasardeuse. Promoteurs d’un bel espoir, c’est certain. Le concert était une bulle de respiration dans un milieu où finalement les reprises de Django Reinhardt s’enchaînent et se déchaînent, omettant ainsi les enseignements d’un éternel créateur toujours en quête d’imprévu ; Crambes, Convert, Alcocer, Eche Puig. Hier, quatre solistes, quatre instruments en parfaite symbiose avec leur temps se sont exprimés librement suivant leur unique inspiration. On était face à l’évidence, une réelle complicité dont la simplicité et l’humilité font de ces quelques souvenirs, des bribes imperméables à la mémoire.

Le Jazz de Crambes, Convert, Alcocer, Eche Puig s’attache à nous donner du plaisir, une fraîcheur empreinte d’un professionnalisme sobre, d’une inventivité originelle,… tout en dévoilant une expressivité audacieuse résolument moderne. Hier et avant-hier, quatre « Real Performers », nous ont offert deux concerts intimistes d’une remarquable qualité. Il n’y a qu’un mot à dire. On était face à quatre esprits hors norme dont le sens du rythme, de la profondeur débordent largement le cadre d’un phénomène ... de mode.

Just Thanks to
Rémi Crambes, violon
Benoit Convert, guitare ( Les Doigts de l’Homme)
Yannick Alcocer, guitare ( Les Doigts de l’Homme)
Joan Eche-Puig, contrebasse

http://www.myspace.com/remicrambes

  • Crambes/Convert/Alcocer/Eche Puig :
    le samedi 7 juillet 2012 de 19h30 à 23h00 Péristyle

    localiser

    adresse

    Place de la Comédie
    Lyon 1er

    complément

    Le Péristyle situé sous les arcades de l’Opéra de Lyon du 14 juin au 6 septembre.

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