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Du reggae du vrai !!!

mercredi 29 août 2012 par Alain Levy-Valensi rédaction CC by-nc-sa

Il y a quelques mois je vous informais des dates du Garance reggae festival, le plus important de France et peut-être d’Europe. Eh bien, j’y suis allé, plus de 50 000 entrées en quatres soirées, c’est grand non ? Cette année en plus on y fêtait le 50éme anniversaire de l’indépendance de la Jamaïque couplé avec un hommage au grand Bob Marley.

Ce festival a démarré très fort le mercredi 25 juillet, après une balade au milieu des stands de restauration et de vente de tout ce qui entoure le monde des rastas, une pose dans la tente marocaine au centre du parc pour y boire un thé à la menthe, dans ce lieu légendaire du festival, car elle est présente tous les ans, on peut cette année y fumer la chicha tout en mangeant des gâteaux bien sucrés, ma foi.

Donc ce mercredi, vers 18H30 sur la scène centrale, apparaissent de vieux rastas, dont un aveugle, ils nous offrent une heure et demie de voyage au cœur des origines du reggae, traversant quarante ans de musique populaire jamaïcaine, ce sont les Jamaïca All Stars.

Puis se sont produits sur cette scène d’hommages à la Jamaîque et à Bob Marley, Lloyd Parks, bassiste hors pair qui déjà en 1974 fondait le groupe We the people band qui accompagnait régulièrement Dennis Brown, et qui sont là ce soir,

Derrick Morgan the king of ska comme on le surnomme, pionnier de la musique jamaîcaine, aveugle lui aussi aujourd’hui mais déjà producteur à l’époque de Bob Marley, Jimmy Cliff et Garnet Silk,

Jamaîcan Légends Ernest Ranglin, Sly and Robbie, Tyrone Downie, qui eux forment un quatuor de rêve, la crème des musiciens jamaïcains qui ondulent entre reggae et envolées jazzy,

The Gaylads une formation légendaire de la période rocksteady fondée par B.B. Seaton.

Enfin I-Threes arrive sur la scène, pour un hommage au grand Bob, Rita Marley, Marcia Griffits et judy Mowatt étaient les « trois petits oiseaux » de Bob Marley, ses choristes qui l’ont accompagné sous ce nom de groupe, sur scène et en studio à partir de 1974. Auparavant, Rita Marley a entamé une carrière de chanteuse au sein du groupe féminin The Soulettes, et Marcia Griffits était déjà une artiste au succès international, en duo avec Bob Andy. Ces deux divas du reggae sont accompagnées ce soir-là par Pam Hall, qui remplace fort bien aujourd’hui Judy Mowatt. Autant vous dire que cet hommage fut grandiose, des voix incroyables, des musiciens au sommet de leur art, un vrai régal.

Après ce feu sur scène comme dans le public survolté, monte sur le plateau Bob Andy, alors là encore un monstre du reggae, une des plus belles plumes de Jamaïque ; d’ailleurs le lendemain ce philosophe rasta me confiait, quand je lui demandais pourquoi il n’écrivait pas un livre sur la Jamaïque et son histoire ainsi que sur le reggae « je viens juste de terminer mon premier ouvrage qui sera en vente au printemps 2013 ». Membre fondateur des Parangons, Bob Andy se lance en solo dès 1966 à Studio One. Il a aussi formé avec Marcia Griffiths, sa compagne, l’un des duos les plus populaires de l’île, enchaînant les hits dont Young, Gifted & Black repris de Nina Simone. Sa contribution musicale est telle qu’il a été décoré de l’Ordre de la Distinction en 2006. Cet homme, impressionnant de sagesse et des plus humbles, vous parle de son pays comme on ne peut l’imaginer. Il dit, quand on lui pose la question de ce qu’est l’indépendance de la Jamaïque pour lui, « la Jamaïque aujourd’hui n’est pas indépendante, elle a pour elle le sport et le reggae qui lui sont propres car ce sont des pratiques ancestrales et populaires, mais le peuple jamaïcain est mal informé et continue de voter pour des hommes simplement parce qu’il sont connus, des hommes qui vendent le pays aux USA, notre économie n’est absolument pas indépendante. »

Ce même soir, pour ceux qui le désirent et comme tous les autres soirs, il y a au fond du parc une immense place entourée de baffles et sonorisée au mieux, qui se nomme DUB STATION CORNER, lieu où vous pouvez entendre de 17 heures à 3 heures du matin du reggae façon Dub, avec aussi une programmation de quatre groupes par soir et pas des moindres, pour les connaisseurs.

Jeudi 26 Juillet, ce n’est plus une soirée hommage, mais la scène est encore en feu avec les prestations de Groundation, formation unique sur la scène reggae, elle a bâti un univers entre jazz et reggae. Une dizaine de musiciens aguerris qui font vibrer la scène américaine (États-Unis) depuis leur premier album, ils en sont au septième.

Sur scène encore ce soir-là, Johnny Osbourne, privé de déplacement, il ne s’était plus produit en Europe depuis plus de vingt ans, vocaliste hors pair dans la lignée des grands soulmen américains.

Puis Leroy Smart, appelé The Don, à la frontière de l’amant et du badman, ce roi de la scène est resté authentique depuis toutes ces années avec 35 albums produits.

Ensuite Israël Vibration, la plus roots des formations, des airs autant mélodieux que rythmés, un vrai plaisir pour l’oreille.

Notez aussi Mr Vegas (Clifford Smith) toujours présent quand il s’agit de divertissement entre reggae et dancehall.

Sur scène encore ce soir-là, Chezidek avec son chant aérien et cristallin, des textes sensés et mélodiques, uniques.

Et un Français qui a su se hisser au plus haut en Jamaïque, Biga Ranx, des textes en anglais et en patois jamaïcain. Originaire de Tours, il sort son premier album en 2010.

Le vendredi 27, on termine la soirée avec un Alpha Blondy super star, un peu imbu de lui-même, mixant discours interminables et tubes plus que connus, pas de réelles nouveautés chez lui, dommage. Heureusement le reste du plateau avant lui fut sublime.

Beres Hammond, voix soul et mélodies lovers rock, envoûtant. Il a commencé en 1975, encore un vieux rasta légendaire.

The Abyssinians, Un trio vocal de très vieux rastas mystiques, voix harmonieuses, ceux-là mêmes qui furent les auteurs de l’hymne rasta Satta Massagana en 1975, une vraie bible musicale qui compte parmi les albums les plus réédités de la planète.

Encore une légende ce soir-là avec The Mighty Diamonds, trio vocal auteur de magnifiques chansons dans les années 70 et qui évolue toujours dans sa configuration d’origine, chose rare aujourd’hui.

Alors là, respect, monsieur Freddie Mcgregor en personne, l’homme qui enregistre son premier morceau en 1963 alors qu’il n’a que sept ans, perché sur trois caisses empilées par Bob Marley pour qu’il atteigne le micro. Eh oui, c’est aussi ça, le Garance reggae Festival !!!

En début de soirée, une énorme surprise pour moi, Diana Rutherford, une demoiselle qui fut repérée à 12 ans et qui baigne dans la musique depuis, une voix cristalline à la hauteur de celle de Aretha Franklin ou de Tina Turner, une prestation scénique époustouflante, une musique parfaite entre reggae, rn’b et hip hop, elle se donne à fond sur scène, parle bien le français pour une jeune Jamaïcaine qui est promise à un bel avenir.

Le samedi, ce fut grand avec beaucoup plus de jeunes reggaemen, à noter, Morgan Héritage, Sizzla,Turbulence, Raging Fyah, Derajah & Donkey Jaw Bone, une espoir du reggae, Magano et quand même un vieux de la vieille, Cocoa Tea, un pionnier du dancehall lovers qui a enregistré sa première chanson à 14 ans, dites Sweet Cocoa tea !

Voilà, quatre jours d’une belle folie dans le respect de l’environnement, des citoyens, de la ligne de conduite rasta, Jah control, Eh oui, le Garance c’est aussi des toilettes sèches écolos, des matières recyclables, une ambiance cool sans heurts, j’en témoigne ici !

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