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Explorations sonores et univers parallèles

samedi 22 février 2025 par Sébastien Thorel rédaction CC by-nc-sa

Chronique

Accompagnez-moi dans la découverte de trois univers différents, parallèles et pourtant similaires.

« Parallèle » : se dit de droites coplanaires ou de plans sans point commun ou confondus. [1] Et il n’y a rien de plus vrai, et faux à la fois, que de définir comme parallèles les trois sorties dont je vais vous entretenir un peu plus bas.
Rien de plus vrai, car ces artistes semblent évoluer dans des milieux, des champs musicaux, des carrières bien différents. Mais rien de plus faux, car il n’est d’intéressant en musique que de casser les parallèles, de provoquer les rencontres, de nouer des entrelacs sonores inexplicables, parfois inextricables et de se retrouver dans des plans sans point commun, on y revient, et pourtant similaires, tout est dans l’ambiguïté, la musique comme dernier plan de liberté totale. Un monde parallèle, en fait.




Carole Robinson & Serge Teyssot-Gay, Stop Killing Us

Le premier morceau (« Effluve ») nous laissait croire lors de son introduction à une musique planante. Le son de la clarinette basse soutenue par les arpèges en son clair de la guitare nous attirait, les traitres, dans un « Dédale » (deuxième morceau) sonore, uniquement pour nous mettre à mal (« Heurts », troisième morceau), et secouer nos fondations, nos certitudes, nous renverser lors de l’écoute, ne pas nous laisser partir aussi facilement vers autre chose, à chaque fois retenus, accrochés par chacune des notes, chacun des mots, chacun des sons...
Carole Robinson (composition, textes, voix, clarinette basse) et Serge Teyssot-Gay (guitare électrique), par la maîtrise de leur art, vont nous emmener sur leur(s) planète(s) (parallèles et pourtant communes). Ils vont nous accompagner dans la découverte de leurs univers et nous montrer que tout un monde reste possible et, surtout, accessible.







Nina Garcia, Bye Bye Bird

« Introspection » : observation méthodique, par le sujet lui-même, de ses états de conscience et de sa vie intérieure [2]. C’est l’effet que m’a fait la première écoute du nouvel album de Nina Garcia.
En lâchant, en abandonnant, son costume de Mariachi, Nina Garcia s’affirme comme une voix incontournable de la guitare noise et improvisée, ou l’inverse.
C’est par une finesse brutale que Nina Garcia va nous inviter dans une introspection, non pas la sienne, finalement, bien difficile de visiter l’espace intérieur d’une autre personne, quand bien même l’art en général permet l’ouverture d’une très étroite fenêtre (ou d’un regard justement, dans tous les sens du terme). Je disais donc qu’elle va nous inviter à visiter notre propre intériorité. Mais cette visite ne se fera pas sans heurts ni douleurs, celle-ci se fera comme un uppercut en pleine poire, pour ne pas dire autre chose.
Nina Garcia a énergiquement bougé l’art de la guitare noise dans de nouveaux espaces tout autant intrigants que surprenants, ce n’est pas moi qui le dis mais Thurston Moore.
Et si vous enchaînez cet album au précédent présenté ici, pas sûr que vous en sortiez indemne, mais en tout cas différent, ce qui est déjà pas mal !







Fred Frith & Shelley Burgon, The Life And Behavior

« Eudémonisme » : doctrine morale qui fait du bonheur le but de l’action [3]. Est-ce-que c’est la caractérisation la plus évidente que nous puissions attribuer à cet album tout droit sorti des archives de Fred Frith ? Pas sûr !
Il s’agit d’une compilation de moments enregistrés en 2002 et 2005 par les deux musiciens, Fred Frith à la guitare et Shelley Burgon à la harpe. Après avoir été bousculés, maltraités (dans le bon sens du terme) par les deux albums précédents, il nous fallait cet instant de pur bonheur musical pour nous remettre de nos émotions [4]
Mais ne vous imaginez tout de même pas courir nus sous votre toge dans les jardins de l’Elyseum en jouant de la harpe... Il existe une continuité télépathique dans la proposition sonore ici présente, celle de détourner l’instrument de sa fonction première pour en faire, éventuellement, autre chose, de proposer des mélodies hors des sentiers battus et de ne pas nous permettre de nous reposer sur nos lauriers, finalement. C’eut été bien trop facile, ne trouvez vous pas ?






« Découverte » : action de trouver ce qui était inconnu, ignoré ou caché [5]. N’est-ce pas là tout l’intérêt, tout le sel de la vie (je m’emporte !) ?
Sur ce, je vous souhaite une bonne écoute !

Notes

[1Larousse Compact 2003

[2Larousse Compact 2003, encore.

[3Larousse Compact 2003, et toujours.

[4oui je sais, je suis très Alain Delon dans l’emploi de la première personne du pluriel en parlant de nous  ! Quoi que je vous ai tout de même demandé de m’accompagner.

[5Larousse ... vous savez désormais  !

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