Feu et Eau, chaos et vie !

Mais que ça passe vite 50 ans, je peux le dire, je suis juste un peu plus vieux que l’AMR et il convient de profiter de notre temps sur cette planète en perdition, du mieux que l’on pourra. C’est d’ailleurs ce que les spectateurs du concert du 24.11.23 ont fait, avec raison !

Les musiciennes de la formation de Myra Helford, pianiste américaine, se sont installées tranquillement, sous le regard interrogatif de certains spectateurs, curieux, avides, sceptiques ? Cette formation n’allait pas laisser l’auditoire sans réaction ! Mary Halvorson a, cette fois, vérifié que tout son matériel fonctionnait correctement [1], la saxophoniste (Ingrid Laubrock) s’assurait que ses instruments étaient bien en place, tandis que la violoncelliste (Tomeka Reid) faisait les derniers réglages et que Lesley Mok vérifiait le timbre de sa caisse claire, nous étions toutes et tous prêts.

C’est à ce moment que Myra Helford choisit de nous imposer le chaos de sa première pièce, un chaos principiel, essentiel, un déluge de notes, des mesures qui se fracassent contre notre surprise, notre incompréhension, et au fur et à mesure de ce chaos constructif, les instruments font leur entrée, chacun leur tour, venant enrichir ce chaos pour se retrouver dans un mouvement harmonique peut être plus classique, peut être plus rassurant, mais qui n’était pas sans annoncer d’autres surprises ! Toute cette suite donne l’impression d’assister à la naissance de la vie elle-même !

Chacune des pièces présentées lors de ce concert va tour à tour nous surprendre, nous bousculer, nous rassurer, une danse, une oscillation entre musique contemporaine, improvisation, progressions harmoniques soyeuses, la signature de grandes pièces musicales non pas faites pour égayer nos moments d’attentes dans un ascenseur mais pour nous faire comprendre et nous ébahir devant la vie elle-même ! Puis elles nous laissent quelques minutes, le temps de présenter les musiciennes, le temps pour nous de reprendre notre respiration !

Et la danse reprend ! Chaque instrument aura son ou ses moments de discussions en solo, afin de nous montrer cette maîtrise indispensable qu’il faut posséder pour évoquer toutes les subtilités des pièces de Myra Helford, notamment un duo saxophone/violoncelle de toute beauté ! Et vint le moment de se séparer ! Nous quitter, mais sans pour autant oublier d’aller acquérir les deux derniers enregistrements [2] de la formation qui ont permis de peupler ce concert !