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Foujita, peindre dans les années folles

jeudi 26 juillet 2018 par Alexandra Grange rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

À l’occasion des 50 ans de la disparition de Foujita, le Musée Maillol a proposé jusqu’au 15 juillet 2018 une exposition d’œuvres du « plus parisien des peintres japonais ». L’occasion de mettre à l’honneur le parcours unique de celui qui fut l’un des peintres majeurs des Années folles et dont l’oeuvre fut un véritable trait d’union artistique entre le Japon et la France, son pays d’adoption.

Quelques repères biographiques

« Depuis mon enfance sans savoir pourquoi, j’adorais la France et je rêvais de Paris. », disait Foujita.

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Portrait de l’Artiste
Léonard Tsuguharu Foujita, Portrait de l’artiste, 1928, huile et gouache sur (…)
© Fondation Foujita / Adagp, Paris, 2018 - Photo © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais / Jacqueline Hyde

Fraîchement diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Tokyo, Tsuguharu Foujita s’établit à Paris en 1913. À Montparnasse, il noue une amitié solide avec Soutine et Modigliani, descendus de la butte Montmartre comme d’autres artistes de la Bohème. Lorsque la guerre éclate, les années sont difficiles pour Foujita qui s’engage d’abord comme infirmier de la Croix-Rouge puis, tandis qu’il fait ses premières expositions grâce au marchand d’art Léopold Zborowski, il rejoint le sud de la France pour vivre à Cagnes sur Mer avec ses deux amis.

De retour à Paris à la fin de la guerre, véritable avant-gardiste noceur mais travailleur, Foujita s’impose dans la période animée des Années folles comme l’un des artistes phares de l’École de Paris. Personnage à la vie extravagante et à l’œuvre raffinée, Foujita devient alors l’une des figures éminentes de l’art moderne.

L’exposition

Autour d’un riche dispositif scénographique, le Musée Maillol met en lumière la pluralité de l’œuvre de Foujita pendant sa première période parisienne qui dure jusqu’en 1931. Plus d’une centaine d’œuvres sont proposées : peintures, documents d’archives photographiques, sonores ou vidéo, objets personnels, etc… issus de 45 collections privées, institutions et musées à travers le monde.
Les premières œuvres du peintre, que l’on peut découvrir dans les petites salles du musée situées à l’étage, reflètent parfaitement son univers singulier composé d’animaux, d’enfants, d’art sacré, mais aussi de paysages urbains. La série d’autoportraits, peints ou photographiques, reflètent le narcissisme du peintre-styliste-couturier qui soignait son image de dandy et façonnait lui-même son style vestimentaire.

L’œuvre poétique et épurée de Foujita — reconnaissable à son trait calligraphique — s’incarne aussi dans ses tableaux de nus. Inspiré par les Odalisques de l’Histoire de l’art (Ingres, Velasquez…), l’Olympia de Manet ou les nus de Modigliani, il peint de manière lumineuse le corps à la blancheur d’ivoire de ses muses - Youki en particulier. La ligne claire et fine à l’encre de Chine pour le contour, l’aquarelle au glaçage laiteux – comme une marque de fabrique chez l’artiste - pour le volume. Ainsi, il fait entrer ce genre, jusqu’alors absent, dans la peinture japonaise.


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Femme allongée
Léonard Tsuguharu Foujita,Youki, 1923, huile sur toile, collection particulière
© Fondation Foujita / Adagp, Paris, 2018
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Nu à l’oreiller
Léonard Tsuguharu Foujita, Nu, Youki, 1927, huile sur toile, collection (…)
© Fondation Foujita / Adagp, Paris, 2018


Au rez-de-chaussée du musée, dans les pièces les plus vastes, sont exposés deux majestueux diptyques datant de 1928, Grande Composition 1 et 2 et Combat 1 et 2. Sur ces grands panneaux, comme un manifeste en écho aux thèmes chers à la Renaissance, un agencement foisonnant de corps (lutteurs, corps enlacés ou alanguis) forme un ensemble d’une grâce inouïe. D’ailleurs, comme un ultime hommage à Léonard de Vinci, Foujita adoptera bien plus tard le prénom de Léonard.


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Combat I
Léonard Tsuguharu Foujita, Combat I, 1928, huile sur toile, 299,7 x 301,6 x (…)
© Fondation Foujita / Adagp, Paris, 2018 © Maison- atelier Foujita. CD Essonne. Photographie Laurence Godart
  • Combat I détail 1
  • Combat I détail 2
  • Combat I détail3
  • 25 Combat II détail 2

(cliquez les vignettes pour agrandir les détails)

Il prouve définitivement son attachement à la France en 1955 lorsqu’il demande et obtient la nationalité française, devenant ainsi « le plus japonais des peintres français ».

Relayée dans tous les médias culturels, l’exposition a visiblement remporté un grand succès. Elle a permis au grand public de renouer avec Foujita, que la France avait oublié pendant plusieurs décennies. Elle a sans nul doute su combler les fans du maître japonais car très complète, mais aussi ceux qui ne le connaissaient pas, ou mal, car elle les leur a fait aimer, lui et son œuvre.

Féminité et sensualité

Auparavant, je connaissais mieux l’image de Foujita que son œuvre. Cette exposition m’a permis de mieux la découvrir. Plus exactement, j’ai laissé son œuvre m’approcher, me captiver. Peut-être est-ce la féminité qui s’en dégage qui m’a séduite : la douceur de ses pastels, la finesse de son trait, sa pureté et son opalescence…
Un travail d’une précision d’orfèvre, tout en délicatesse, et finalement une œuvre d’une grande sensualité.

 Catalogue de l’exposition «  FOUJITA, PEINDRE DANS LES ANNEES FOLLES  », éditions Culturespaces/Musée Maillol www.culturespaces.com www.museemaillol.com
 Article de la Fondation Foujita «  Exposition Foujita au Musée Maillol à Paris - du 7 mars au 15 juillet 2018  » www.fondation-foujita.org
 Article de Marie Plantin pour Pariscope.fr «  La douceur exquise des toiles de Foujita s’expose au Musée Maillol  » (07/2018) www.pariscope.fr

Image emblème de cet article : Léonard Tsuguharu Foujita, Autoportrait au chat, 1927, estampe traditionnelle éditée au Japon, collection particulière, France © Fondation Foujita / Adagp, Paris, 2018 Photo : © Archives artistiques

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