> Mag > Musique > Harold Martinez…même pas mort
Les enfants, il faut maintenant que je vous parle d’un autre individu encore, ou de deux autres, plutôt, pour vous les installer dans les écoutilles, pour que vous pensiez à les regarder, bientôt, très vite sur scène. Parce-que personnellement, je me demande vraiment s’il est possible que du noir sorte de leur bouche, si leurs mains sur les guitares ouvriront la porte aux oiseaux noirs...
Harold Martinez m’a d’abord fait penser à une bande dessinée. L’illustration qui accompagne les chansons de Dead Man est comme une case intermédiaire entre deux phases d’une histoire absurde et désespérée.
Ensuite les chansons viennent se laisser tomber dans ton oreille. Pas de chichis, hein, la première écoute te dit très clairement de quoi il sera question ici, et ça ne sera pas de musique pour les vacances ; pas plus que de petites mélodies légères qui referont surface subtilement en début d’après-midi.
Et même, si c’est ça que tu veux, tu passes ton chemin, avec un vrai fond de malaise... Tu riais ? Ben là tu ne ris plus. Tu calmes ta petite euphorie estivale, tu redresses ton penchant pour la superficialité dont tu es rempli. Et là, c’est comme si tu acceptais bien volontiers de traverser des marécages interminables ou fouler un sol craquelé – à perte de vue.
Avec Harold Martinez, tu prends tout, d’un bloc, parce-que l’ensemble de Dead Man est cohérent, solidement ficelé, lesté de ce rock au tempérament noir et désabusé. Il y a des nuances, bien sûr, mais au fond chaque morceau te place face au même constat : tu es rescapée d’une catastrophe et cet album va t’accompagner.
Sur Prison Valley, tu ouvres les yeux. Le décor est jeté en même temps que la voix d’Harold Martinez, cette voix rauque, comme baignée d’une colère rentrée. C’est surprenant, cette voix, cette présence rayonnante et sombre à la fois. Elle vient là, pour te dire qu’elle t’accompagne mais que ton devoir sera d’écouter avec la plus grande empathie possible ce qu’elle a à te dire.
Tu entends, les lamentations, le chagrin, le fatalisme...C’est la voix, ce sont les paroles qu’elle porte aussi. De ce côté-là, pas d’embellie dans la grisaille. Le soleil restera lourd et voilé. Le sable viendra te piquer les yeux et t’assoiffer encore un peu.
Tout cela, oui, bien sûr se tisse avec la musique (de Fabien Tolosa), les sonorités, les ambiances, les ambivalences de cet état de rage mélancolique.
La guitare et les percussions t’envoient dans des lieux intermédiaires ; déserts, forêts sombres, finissent d’occuper ton espace pour que tu te rendes bien compte qu’il n’est pas question de faire demi-tour. Il y a une sonorité tout au long de cet album qui te colle et t’empêche d’arrêter. Ou alors tu deviens bancal. Oui, cet album est un ensemble, un morceau de granit rugueux, brillant aux nuances multiples, mais incassable.
« Freedom Rider » te balance une dernière fois dans la tempête, dans une guerre à l’ennemi invisible. Petit à petit dans le morceau s’installent les sons (pierres qui dégringolent, lac gelé qui craque, tonnerre...peu importe, c’est ta noirceur intérieure qui te dira) qui feront l’introduction de « Vanishing Race ». Tu en es sorti. Tu peux voir dans l’eau miroiter le désespoir, ta noirceur...Tu sais que tu en es sorti, mais y retourner serait tellement...facile.
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