> Mag > Musique > Hymne à la Joy
Croiser Joy c’est bien sûr retrouver Marc A. Huygens, voix et fondateur du groupe Venus, qui a inscrit parmi les plus belles plages de la pop belge, aux côtés de dEUS ou autre Soulwax.
Découverte Belgique au Printemps de Bourges en 1999 et prix mérité de la meilleure performance rock, Venus entrait avec force dans le paysage musical avec une instrumentation acoustique et une présence scénique hors du commun.
L’électricité n’était survenue que plus tard, en même temps que l’arrivée de Jean-Marc Butty, batteur — alors encore haut-savoyard — surtout connu pour ses collaborations avec PJ Harvey. Souvenir à Bourges de l’à propos de Marc A. Huygens, surpris au milieu du set par l’irruption dans la salle d’équipes télés et de médias suivant la Ministre de la Culture, et bien décidé à garder l’attention vers la scène en annonçant : « mesdames messieurs le prochain morceau s’appelle Royalsucker »...
L’avant dernier concert du groupe a eu lieu en 2007 au Brise Glace, moment intense d’émotion, achevé au bar par de longues effusions avec les fans. Comment alors consoler Marc Jacqmin, le contrebassiste, fondant en larmes en me voyant à ces ultimes retrouvailles [1] ?
Joy est né une bonne année après, d’abord en duo avec Françoise Vidick à la batterie, puis en trio avec une violoncelliste. Désormais flanqué de muses féminines (Françoise Vidick aux chœurs et percussions et Katel aux choeurs, à la basse ou à la guitare stridente), Marc, au chant et à la guitare se retrouve au cœur d’un vrai trio, électrisant et électrique.
Joy a répété son nouveau set en résidence au Brise Glace au printemps 2014, avant de sortir son deuxième album All the battles, produit par John Parish, début octobre. Le samedi 15 novembre 2014, pour leur première date de tournée française, ils partageaient le plateau de La Source à Fontaine avec Hell’s Kitchen, leurs collègues helvètes du catalogue du tourneur annécien Soyouz, qu’ils n’avaient encore jamais croisés.
Malgré un public un peu clairsemé, la soirée a été mémorable, avec un son d’une rare qualité et un magnétisme qui a fonctionné d’entrée permettant de resserrer les rangs devant la scène. Minimaliste et incisif, tout en restant mélodique à souhait, Joy emporte autant par son charisme que par l’ampleur de la palette du trio dont les timbres et les harmonies vocales s’accordent parfaitement. Au centre, debout, Françoise joue un curieux set mi-batterie, mi-percussions, tout en scandant ses parties vocales, à jardin, Marc est aux guitares et s’approche du micro quand il faut, avec toute l’intensité vibrante qui est sa marque, tandis qu’à cour Katel électrise le tout, avec des sons d’un tranchant parfois extrême et des vocaux parfaits.
Une heure plus tard chacun pouvait se dire avoir vécu un moment de grâce en découvrant ce tout nouveau répertoire. À la sortie, avec le ratio record de 31 albums vendus pour une centaine de spectateurs (dont une fan de la première heure en tee-shirt dédicacé d’époque, venue en famille), Joy pouvait se dire que l’aventure reprenait bien, et même avec avec le sourire.
À ne pas manquer au Brise Glace.
Emily Jane White
(folk)
le choix de délaisser quelque peu le son boisé de la guitare acoustique pour privilégier l’orgue, le piano ou différents synthétiseurs au service d’harmonies vocales.
Joy
(indie rock)
A l’image du mélange entre l’ossature organique et lyrique de Marc, la chair des riffs incisifs de Katel, et les peaux violentes ou caressantes des batteries de Françoise, les trois voix singulières de ces artistes prennent tour à tour leur liberté pour ne faire plus qu’une.
17 / 15 / 12 / 9.00 €
[1] NDLR : Jeff Braun été présent à l’époque car il faisait partie de la première équipe du Brise-Glace.
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