> Mag > Arts > Imagine… Tout Yoko Ono à Lyon
Le Musée d’art contemporain de Lyon organisera, du 9 mars au 10 juillet 2016, la première rétrospective française consacrée à l’œuvre de Yoko Ono. De quoi faire découvrir largement, enfin, que celle-ci a été bien plus que l’épouse et l’égérie de John Lennon, mais avant tout une artiste défricheuse de multiples territoires de la création.
« Yoko Ono est l’artiste inconnue la plus célèbre au monde. Tout le monde la connaît, mais personne ne sait ce qu’elle fait ». Ce commentaire sur l’artiste japonaise n’est ni le fait d’un critique d’art, ni celui d’un conservateur de musée… Mais de feu son mari, le musicien John Lennon, qui n’est d’ailleurs pas totalement étranger à la notoriété de son épouse.
Mais cette notoriété-là, d’égérie du Beatles, n’a effectivement pas apporté à Yoko Ono toute la reconnaissance internationale qu’elle méritait en tant qu’artiste.
La Japonaise raconte que, dès la Seconde guerre mondiale, alors qu’elle n’est encore qu’une enfant réfugiée à la campagne avec sa famille pour échapper au bombardement de Tokyo, elle invente, pour son petit frère affamé, des « menus pour le ciel ». Puis, en 1952, dès l’âge de 19 ans, elle utilise cette imagination créatrice pour concevoir une œuvre sonore, « The soundless music », puis une autre, visuelle, « An invisible flower ». Toutes deux, déjà, sont des « concepts », à découvrir avec le cerveau et le cœur tout autant qu’avec les sens.
Mais au cours de l’hiver 1960-1961, Yoko Ono pousse le sens de l’abstraction jusqu’à écrire des « Instructions pour peintures », soutenant qu’une idée n’a pas forcément besoin d’être représentée visuellement pour être exposée. À la clé : une série de feuilles ne portant que des mots écrits. Des « instructions » qui permettent à l’œuvre de pouvoir exister n’importe où et non plus seulement dans un musée ou une galerie. C’est Georges Maciunas, initiateur du mouvement artistique Fluxus et galeriste, qui, le premier, cet hiver-là, lui offre la possibilité d’exposer ces créations. Il n’y aura que 5 personnes au vernissage. Mais parmi eux, John Cage, compositeur et plasticien de l’avant-garde new-yorkaise qui fréquente Max Ernst, Marcel Duchamp...
Par la suite, l’écriture ne sera pas le seul moyen d’expression des « concepts » de Yoko Ono : depuis 64 ans qu’elle crée, l’artiste a utilisé le son, la vidéo ou encore l’architecture, imaginé des installations, impliqué l’environnement, participé elle-même à ses œuvres… En élargissant ainsi l’appréhension de l’art, elle ouvre les esprits. Tout comme lorsqu’elle milite pour la Paix, son engagement de longue date. Le parcours sur les 3000 m2 des 3 étages du MAC de Lyon sera donc à pratiquer, à voir et à entendre.
Première rétrospective en France, cette expositionprésente plus de cent œuvres, des poèmes illustrés de 1952 aux grandes installations de 2016, mais aussi des films, des performances…