Judee Sill en image

Lorsque j’ai refermé le volume, les yeux clos, les dernières volutes de couleurs s’évaporaient tandis que quelques notes résonnaient encore dans le lointain, me renvoyant à ma découverte Bdésque du mois de juin (ce mot existe-t-il ?) ! Époustouflant, et pourtant me laissant un goût étrange, pas complètement amer, mais celui de cette question vaine, et parfois si importante, comment sommes-nous passés à côté de cette artiste ?

Cela fait plusieurs semaines que cette BD est posée sur mon bureau, lue et relue, écoutée et réécoutée, tant la qualité de cet ouvrage est indéniable, alors je vais tenter de jeter quelques phrases pour vous expliquer de quoi il en retourne.

Je relance le second album de Judee Sill pour mettre quelques mots sur cette découverte, une parenthèse dans un chemin improvisée. Je ne suis pas un grand fan des artistes folk, les cheveux longs, la robe à fleurs, les grandes lunettes rondes, les protest songs, bref tout ce qui a construit le flower power des années 60 / 70.

Je ne suis pas non plus un grand fan de BD, mais alors allez-vous me dire et vous aurez raison, le gars va nous faire quelques lignes sur une musique qu’il n’aime pas mise en lumière par une publication qu’il n’apprécie pas non plus ! C’est à la limite de l’escroquerie, ou alors a-t-il été payé par les auteurs, la maison d’édition ? est-ce que ce serait un publi-reportage ?

Rien de tout ça, bien au contraire, j’ai découvert cette BD, car c’est de cela dont je vous entretiens depuis le début, dans des magazines, en librairie où je me rends le plus souvent possible (arrêtez de commander sur internet !), et diable quelle BD ! Quelle histoire !

Judee Sill - Le destin brisé d’une étoile qui n’a brillé qu’un seul été

Les auteurs, Alonso Iglesias & Diaz Canales, sont parvenus dans un savant mélange de flashback, de vignettes actuelles (dans les années 70) et de rêves psyché offerts par tout un tas de psychotropes, à nous faire revivre la courte carrière, tout autant que la courte vie (1944-1979) de Judee Sill, mais aussi ses errements, ses ennuis avec la justice, ses troubles psychiques, ses questionnements sur sa musique, mais aussi l’environnement musicale de ces années !

C’est aussi tout une époque qu’ils nous fond redécouvrir dans leur ouvrage, que cela soit dans le scénario, les couleurs utilisées. Les successions de vignettes ne vous laisseront pas le temps de reprendre votre souffle (c’est bien dit, non ?). En clair, Judee Sill reprend un peu de lumière grâce à eux, à nous !

Durant sa brève carrière, avant de retomber et de mourir dans l’oubli le plus complet en 1979, Judee Sill aura laissé 2 albums studios, quelques lives, quelques démos en vue d’un troisième album inachevé. Mais elle nous aura surtout laissée quelques pépites qui seront reprises par d’autres artistes comme Bonnie « Prince » Billy ou Madison Cunningham pour ne citer qu’eux.

J’ai été séduit tout autant par la BD que par la musique de Judee Sill remise en lumière, d’ailleurs les auteurs conseillent une playlist pour la lecture de l’album, à cet effet le morceau « The Kiss » a été une vraie claque tant par son texte que par sa musique et son interprétation ! Les textes de Judee Sill sont pour la plupart très mystiques, parfois difficile de compréhension (« The Donor » et son Kyrie Eleison, par exemple).

Ne passez pas à nouveau à côté de Judee Sill. Si comme moi vous avez raté les différents retours en lumière de l’artiste comme en 2005, alors jetez-vous sur cet ouvrage et profitez des streamers pour écouter, lire, découvrir le destin tragique de cette artiste ! Je n’irai pas jusqu’à dire que je vais désormais me jeter sur les albums de Joni Mitchell ou Joan Baez (faut pas exagérer non-plus !), mais je ré écoute souvent ces quelques titres dans la playlist de la BD.

À découvrir absolument ! [1]

Judee Sill - The Kiss

Here is Judee Sill, recorded in London in February of 1973 for the « Old Grey Whistle Test » TV program on the BBC.