> Mag > Cinéma > l’Envers de Dante
Première sur Annecy des soirées face B, qui ont pour but de permettre la re-découverte d’œuvres cinématographique un peu injustement délaissées. C’est le côté impertinent de Joe Dante que la MJC de Novel vous propose de découvrir avec la projection de « Panic Sur Florida Beach », comédie de 1993, et « Hurlements », film d’horreur de 1981.
1962. La peur du cataclysme nucléaire n’a jamais été aussi forte. Alors que le président Kennedy annonce la crise des missiles de Cuba, la population tente d’exorciser sa peur en se ruant dans les salles de cinéma pour voir des insectes géants, des extraterrestres bien rouges (de communisme, évidement) ou des monstres mangeurs d’hommes, sur fond de musiques sixties.
Parmi ceux-ci, le jeune Gene Loomis, impatient de rencontrer son idole, le producteur Lawrence Woosley, roi de la série B bon marché, venu présenter en personne son dernier film « Mant » !.
Gene nourrit aussi le secret espoir que l’horreur de ce film fera se pelotonner sa belle contre lui pendant ce samedi après-midi que personne n’oubliera.
Joe Dante, grand amoureux du cinéma fantastique, rend hommage au cinéma populaire de son enfance, avec ses séries B reflétant la peur du communisme et de l’atome.
Gene Loomis, c’est Dante au même âge (14 ans), passant ses samedi après-midis dans les salles de cinéma devant les films d’horreur de William Castle, Roger Corman ou Bert I. Gordon.
Lawrence Woosley, son producteur-réalisateur est évidement le parfait reflet des idoles de jeunesse de Dante.
Son interprète, le génialissime John Goodman, impose son physique à la Hitchcock, son personnage affectant comme lui les apparitions facétieuses dans ses films, avec en plus un attachement aux monstres et autres insectes géants comme le réalisateur Bert I.Gordon (« Soudain les monstres »,« L’empire des fourmis géantes » …).
Un film de cinéphile pour les cinéphiles ... mais où tout le monde pourra retrouver un souvenir d’enfance.
Référence aussi à William Castle, roi du “Gimmick”, des farces et attrapes perpétrées pendant les séances pour surprendre le public, avec la souscription d’une police d’assurance (bidon) en cas de mort de peur pendant la projection. Et squelettes en plastique volant dans la salle, sièges électrifiés se déclenchant au moment opportun et acteurs costumés comme les personnages du film qui interagissent avec l’écran pendant la projection.
Sans oublier Roger Corman, pape de la série B ayant surfé sur tous les courants (SF, horreur, films de prison, de motards …) avec la compagnie A.I.P et plus tard New World Picture. Corman justement, le ‘découvreur’ de Joe Dante et de bien d’autres (Coppola, Ron Howard, Scorcèse, James Cameron…), réalisateur parfois de talent, (ses adaptations de Poe), mais ne tombant jamais dans le Z non assumé.
Corman pour qui Dante, monteur de bande annonce chez New World Picture, produira son premier succès en 1981 : Hurlement.
Mais Panique à Florida Beach c’est surtout « Mants », le film dans le film, avec tous les clichés des années 50 et 60. L’horreur (et l’erreur) radioactive, le héros se retrouvant avec une tête de fourmi, et non de mouche comme dans le film du même nom de Kurt Neuman en 1958. Et la fourmi prenant le pas sur l’humain pour finir géante, entre « le Monstres des temps perdus » en 1953 et « Them », (Des monstres attaquent la ville), de 1954.
Dante nous livre comme à son habitude (voir « Gremlins » et surtout « Explorer ») un film touchant sur le passage à l’âge adulte et les premiers émois amoureux, mais ne tombe jamais dans la guimauve ni dans le second degré du “film du bon vieux temps”.
Un film de cinéphile pour les cinéphiles ... mais où tout le monde pourra retrouver un souvenir d’enfance. Comme tous ces quarantenaires ayant harcelé leurs parents en 1982 pour acheter des lunettes bicolores avec le programme télé, dans l’espoir de voir en 3D une créature du lac noir caoutchouteuse enlevant l’héroïne, sous les commentaires de notre monsieur Eddy national.
Questions/réponses à Raphaël Cahuzac à propos des 21 associés
Qui ?
Il s’agit d’une association culturelle que nous avons créée en 2005 il me semble. Elle nous sert à organiser des manifestations (concerts, expositions, projections de films) et à gérer nos activités annexes, à savoir la publication d’un fanzine musique-ciné-graphisme et notre label de musique Shit In Can Records qui sort des disques vinyles de groupe rock’n’roll.
Pourquoi ?
Notre volonté est de défendre une culture populaire rock’n’roll dans laquelle on retrouve aussi bien Elvis Presley, Little Richard, Jerry Lee Lewis, John Waters, Errol Flynn, Pee Wee Herman, Andy Warhol, etc., etc. Des figures iconiques qui nous influencent dans notre rapport à la culture.
Face B ?
Avec cette soirée à la MJC de Novel, nous souhaitons lancer une série d’évènements cinéma qui s’articulent autour d’un metteur en scène. L’idée est de projeter deux films méconnus, mais cultes, d’un réalisateur et d’avoir un invité aux connaissances approfondies sur le sujet.
Dante ?
Nous avons choisi Joe Dante, parce que nous aimons ses films et parce qu’il est perçu comme un cinéaste maudit par Hollywood. Son caractère marginal nous intéresse.
J’espère donc que la soirée va marcher et qu’il y en aura d’autres !
En présence de Frank Lafond, auteur de « Joe Dante, l’art du je(u) », qui dédicacera son livre.
Horaires : 20h pour le premier film, 22h30 pour le second.
Tarifs : 10 euros pour les deux films ou 6 euros pour un seul film. Tarif jeunes, demandeurs d’emploi : 4,30 euro