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« La 15me Biennale est conçue comme un écosystème, à la jonction des paysages biologiques, économique et cosmogonique etc... »
Ceci est le début d’une profession de foi tout droit venue de Paris : une Tokyoserie pure.
Il faut dire qu’Isabelle Bertolotti la nouvelle directrice du Musée d’art contemporain de Lyon et des biennales n’est pas allée bien loin chercher l’équipe curatoriale : au Palais de Tokyo-Paris (Adelaîde Blanc, Daria de Beauvais, Yoann Gourmel, Matthieu Lelièvre, Vittoria Matarrese, claire Moulène, Hugo Vitrani).
Impossible de citer les 60 artistes retenus, choisis dans le monde entier dont la moitié environ est française. Cinq minutes après, vous avez oublié les noms. Reste les œuvres. Pour cela, il faut faire le tour de l’agglomération.
La Biennale se déroule dans trois lieux principaux : le Musée d’art contemporain, l’usine Fagor, l’Institut d’art contemporain, plus une multitude de débordements dans la région : Fondation Bullukian, Musée des Beaux-Arts, URDLA, Halle des Bouchers (Vienne), Creux de l’enfer (Thiers), Villa du Parc (Annemasse), Couvent de la Tourette (Eveux).
Au MAC, les 2me et 3me étages sont consacrés à deux sculpteurs Daniel Dewar et Georges Giquel. Principalement en bois massif, leur travail est surtout composé de sortes de bestiaire. Des buffets de campagne, des mammifères fantasmés dont les mamelles surplombent des personnages étendus. Tout cela réalisé dans des dimensions imposantes : de vrais coups de poing visuels, bien présentés.
Mais le moment fort est au premier étage avec l’artiste Renée Levi qui a peint à la bombe plafond, murs et quelquefois plancher. Elle nous plonge dans un univers troublant visuellement, même si toutes les salles ne fonctionnent pas au même niveau.
À l’Usine Fagor, ex Brandt, 29000 m² de bâtiments couverts sont consacrés aux expositions. On entre à l’usine, immense. Des tas de trucs sont déballés ça et là, montent, descendent. On est à Bazar sans Frontières. Le lieu est tellement vaste qu’il écrase tout. Au secours Jacques Prévert : faut faire l’inventaire.
Oublié les noms des artistes qui se font écraser. Sortent de là des animaux collés à des moteurs diesels, une moto abandonnée sur une dune blanche, des sculptures gonflables...
Heureusement, il y a trois autres ateliers plus petits dont l’un dans le noir. Attention aux chutes.
Une magnifique sculpture lumineuse, translucide, l’installation extraordinaire d’un duo comique qui présente également de petits burlesques : il reste quelques moments forts dans tout cela.
On sort abasourdi : plusieurs jours pour se remettre d’une telle profusion.
Les commissaires voulaient dans cette biennale « soutenir la création d’œuvres nouvelles » : loupé. Impression de déjà vu mille fois depuis les années 60. À moins que nouvelles veuille dire récentes !
PS : on peut se demander ce que vient faire le titre de cette biennale avec la confluence du Rhône et de la Saône !
Musée d’art contemporain de Lyon ; usine Fagor ; institut d’art contemporain Villeurbanne.