> Mag > Arts > Le Grand Palais ouvre ses portes à Helmut Newton
Huit ans après sa disparition, le Grand Palais offre une immense rétrospective au photographe australien Helmut Newton qui a réalisé la majeure partie de ses clichés en France. L’exposition, visible jusqu’au 17 juin 2012, entend montrer comment s’est constituée l’œuvre d’un grand artiste, bien au-delà de la photographie de mode
Parcourir l’exposition en même temps que Charlotte Rampling, photographiée quarante ans plus tôt par Helmut Newton est un heureux hasard ! Retrouver ici même celle qui servit de modèle pour le premier nu du photographe est une chance qui ne se croise pas tous les jours. Comment les deux artistes se sont-ils rencontrés ? A l’occasion d’un tournage pour lequel Helmut Newton devait effectué un reportage photographique. Il lui a ensuite demandé s’il pouvait faire quelque chose ensemble et elle a accepté. « Nous étions gênés tous les deux car je n’avais jamais posé nue et lui, c’était son premier nu, se souvient-elle. La séance a été très rapide, comme si on avait volé ce moment. C’est cela qui donne le côté sauvage à cette photo. » Quarante années plus tard, la comédienne ne s’attarde pas et passe devant son portrait comme s’il n’existait pas...
Un cliché qui deviendra très célèbre, comme ceux de la plupart des personnalités qu’il a immortalisées. « J’aime photographier les gens que j’aime, ceux que j’admire et ceux qui sont célèbres, surtout quand c’est pour de mauvaises raisons. » disait-il. On comprend mieux pourquoi on croise le portrait inattendu d’un Jean-Marie Le Pen peu avenant entouré de ses deux dobermanns...
Je n’aime ni la gentillesse, ni la douceur
Quand peut-on dire d’une photographie qu’elle est une œuvre d’art ? Quand elle nous dérange, nous sidère, nous questionne ? Quand elle nous hante longtemps après avoir quitté l’exposition ? Celles d’Helmut Newton sont sulfureuses, parfois choquantes même si elles cherchent à restituer la beauté, l’érotisme, l’humour et parfois la violence du monde qu’il fréquentait : celui de la mode, du luxe, de l’argent et du pouvoir. « J’aime et recherche les réactions, disait-il. Je n’aime ni la gentillesse ni la douceur. La volonté de provocation ne répond pas au désir de provoquer, mais certains sujets me sont nécessaires afin de créer de nouveaux effets photographiques, de nouvelles tensions visuelles qu’ils m’autorisent. »
Exploitant tous les fantasmes sexuels, Helmut Newton, propose un univers où les femmes sont puissantes, séductrices, dominatrices, jamais glaciales mais toujours impressionnantes, voire intimidantes. On dit d’Yves Saint Laurent qu’il a donné le pouvoir aux femmes. On pourrait dire la même chose d’Helmut Newton dont l’immense nu en noir et blanc intitulé « Sie kommen » (« Elles arrivent » en version française) montre des femmes déterminées et élégantes et les mêmes, sur un cliché voisin, assumant leur nudité dans la même posture volontaire et affirmée. « Elles arrivent... » Avec ce cliché et ces quelques mots, le photographe visionnaire, a révolutionné l’image de la femme.
Galerie Sud-Est
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