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Le journal d’un corps

Le journal d’un corps

jeudi 12 avril 2012 par Aurélie Gravallon Combier rédaction Copyright

"Nous faisions l’amour plusieurs fois par jour dans les premiers mois, nous l’avons fait toutes les nuits de notre jeunesse (…), puis moins souvent, puis presque plus, puis plus du tout…“

Ce qui m’a emportée et surtout amenée à la lire ce livre, ce n’est pas le fantasme d’un titre, d’un auteur ou d’un personnage passablement en cela brièvement résumé en quatrième de couverture, mais la curiosité et la juste mesure des mots, des sensations d’un de ces extraits puis de la totalité ; la retranscription fluide d’une relation entre un corps et un esprit. 400 pages durant lesquelles on traverse le paysage d’un homme dont on ne connaît ni le nom, ni les ambitions hormis celle de décrire ses rapports avec son corps, les cinq sens en « érection ». Une succession d’échecs, de désirs, de pulsions, d’amour. Loin d’être le journal d’un homme hypocondriaque ou celui d’un homme narcissique pathétique, ou encore un ouvrage médicalisant et soporifique au fil des mots, au fil du temps unidirectionnel, on suit les fluctuations d’une âme, l’adaptabilité d’un corps aux circonstances intempestives, au changement, à la maladie, à l’incandescence jusqu’à l’effusion émotionnelle, l’énergie vitale surprenante et fascinante qui fascinera le narrateur jusqu’à l’endormissement ultime. Au final, qui est le narrateur ? Une partie de nous-même. Un livre qui vaut un éveil à la conscience. Un hymne à la vie toute en dérision, toute en peur, toute en finesse, toute en beauté candide. Nous sommes jusqu’au bout un enfant de notre corps, un enfant déconcerté.

Un extrait :

« Nous faisions l’amour plusieurs fois par jour dans les premiers mois, nous l’avons fait toutes les nuits de notre jeunesse ( mis à part les derniers mois de grossesse dévolus à ce que Mona appelait le moulage des enfants) et ainsi pendant au moins deux décennies, comme s’il était inconcevable de nous endormir l’un hors de l’autre, puis moins souvent, puis presque plus, puis plus du tout, mais nos corps demeurant enlacés, mon bras gauche autour de Mona, sa tête au creux de mon épaule, sa jambe au travers des miennes, son bras sur ma poitrine, nos peaux nues dans la chaleur commune, souffle et sueur mêlés, ce parfum de couple...notre désir s’est épuisé sous l’odorante protection de notre amour. »

Le journal d’un corps

Daniel Pennac.

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