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Annecy Cinéma Italien 2014

Le Meraviglie

jeudi 9 octobre 2014 par Melen Bouëtard-Peltier rédaction CC by-nc-sa

Compte-rendu

Mardi dernier avait lieu la soirée de pré-ouverture d’Annecy cinéma italien à la MJC Novel dans une salle pleine à craquer. Au menu, outre le buffet, un film : Le Meraviglie, d’Alice Rohrwacher, dernièrement primé à Cannes.
Compte-rendu de la soirée et critique.

19h, il y a foule au cinéma de Novel ! La file d’attente ne peut être contenue dans le hall. Finalement, la salle ne pourra accueillir tout le monde et ce n’est pourtant pas faute d’avoir rajouté des chaises en plus... Un très beau succès pour cette séance de pré-ouverture, donc.

19h45, petit (long ?) discours pour le lancement du festival. On applaudit. La présidente de la MJC s’essaye à la langue italienne, on rigole. Salvador Garcia (directeur de Bonlieu) nous confirme que le prochain festival se tiendra dans les murs de Bonlieu, on s’en réjouit. Jean Gili (directeur général du festival) excuse la réalisatrice du film, Alice Rohrwacher, et sa sœur (protagoniste dans le film) de leur absence ce soir, on est déçu (mais que faire face à la concurrence des autres festivals, qui plus est en Corée ? On pardonne).
Ça, c’était pour le protocole.

Le film

Avertissement : cette critique essaye, dans la mesure du possible, de ne pas dévoiler l’intrigue, mais ne peut pas ne pas s’y référer. Aussi je ne peux que vous conseiller d’aller voir le film « l’esprit vide ».

Car au fond, oui, c’est bien le film qui nous intéresse (buffet hors-concours) ! Le film s’ouvre sur les beaux plans de nuit de lueurs qui s’avancent vers nous, pour petit à petit laisser entrevoir des chasseurs sortir de leurs 4X4. Les premières minutes plantent efficacement un décor atypique : une ferme délabrée où la famille de Gelsomina se débrouille pour faire fonctionner son activité d’apiculture, sous l’autorité du pater familias (qui, à la longue, aura exaspéré plus d’un spectateur, c’est bien, il est dans le rôle).


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Le Meraviglie a plusieurs atouts de son côté : excellente direction d’acteurs, amateurs pour la majeure partie (un chapeau pour les enfants, tous parfaits), un décor atypique, qui offre de très belles scènes (Gelsomina et son père essayant de fixer une ruche à un arbre plein d’abeilles), une belle photographie, etc. Surtout Le Meraviglie, film assez inégal selon moi, est dès lors le théâtre de quelques très belles scènes : celle de la ruche donc, les plans sur le chameau que le père offre maladroitement à Gelsomina, un superbe raccord reflet dans l’eau/reflet de miroir (pour ceux qui ont gardé les yeux grands ouverts), la scène, envoûtante, étrange, surprenante et poétique à la fois, où Gelsomina fait sortir une abeille de sa bouche, et j’en oublie. En d’autres termes, le film ne manque pas de qualités, surtout techniques et esthétiques.

Toutefois, si le charme opère lors de ces scènes clés, le film dans son ensemble me laisse un peu sur le bord du chemin. La faute, peut-être, à un scénario qui manque de tensions, d’enjeux dramatiques susceptibles de nous emporter, à un scénario qui justement voudrait nous emmener sur pleins de pistes, mais finit par s’éparpiller et se perdre en chemin... Si bien qu’il peine à refermer toutes les pistes empruntées au cours du film, et choisit finalement la solution de la fin ouverte, peut-être un peu facile ici [1]. Pour ma part, le littéraire que je suis ne peut s’empêcher d’y voir une référence à la caverne de Platon. J’ai toute une théorie là-dessus, mais ça sent la déformation professionnelle...

Pour résumer, un film intéressant, très intriguant, qui prend justement le parti-pris intelligent de ne pas tout dévoiler au spectateur. On a une œuvre qui est de très bonne facture, très symboliste, à défaut d’être réellement marquante ; on suit poliment le cours des événements. Est-ce moi qui avait fixé trop haut mes attentes sur ce film (le Grand prix récolté à Cannes y est peut-être pour quelque chose...) ? Toujours est-il qu’il constitue une curiosité dont on aurait tort de se priver !

Le film s’inscrit dans une tournée départementale, en partenariat avec le Conseil général.

Jeudi 9 octobre, à Saint-Jorioz (CDPC) Vendredi 10, à Cusy (Cinébus) Samedi 11, à Chamonix (VOX) Dimanche 12, à La Roche-sur-Foron (au Parc) Lundi 13, à Doussard (CDPC) Mardi 14, à Cluses (Cinétoiles), Sciez (CDPC), Talloirs (CDPC) Jeudi 16, à Rumilly (La Concorde), Saint-Gervais (CDPC) Vendredi 17, à Thorens (au Parnal) Samedi 18, à Annemasse (Cinéactuel). Sinon, il faudra attendre sa sortie nationale sur les écrans français cet hiver...

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Notes

[1Je précise que je n’ai rien contre les fins ouvertes, mais certaines sont plus réussies que d’autres : No Country for Old Men, The Ghost Writer, Le Ruban blanc pour citer des exemples assez récents.

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