> Mag > Arts > Le syndrome de Bonnard
Une exposition des artistes Francis Baudevin, Jean-Luc Blanc, Nina Childress, Vincent Kohler, Renée Levi, Didier Rittener, Claude Rutault.
A plusieurs reprises, à la fin de sa vie, le peintre Bonnard a tenté de repeindre des détails sur certaines de ses anciennes toiles déjà exposées dans des musées.
On dit même qu’il se fit prendre par un gardien du Musée du Luxembourg , alors qu’il retouchait un tableau de jeunesse.
On appelle cela le syndrome de Bonnard. Cela pose le rapport ambigu que certain artistes entretiennent avec leurs oeuvres anciennes qu’ils veulent parfois retoucher et d’autre part les institutions qui veulent préserver et conserver leurs acquisitions.
Un collectif de commissaires d’expositions appelé « Bureau » a été invité par la Villa du Parc afin de construire une exposition sur cette thématique.
Le « Bureau » a proposé aux artistes ci-dessus, dont le Mamco de Genève possède une oeuvre, de proposer une nouvelle lecture ou une nouvelle version, avec l’accord du Musée.
Dès l’entrée, Nina Childress qui a peint le château de Schönbrunn pour le Mamco donne ici une prolongation de son tableau sur les murs de La Villa du Parc. A l’étage, prolongeant le geste, elle se peint en Sissi, avec taches sur le mur, comme si le tableau venait d’être peint.
Dans la pièce du bas, toute blanche, Claude Rutault présente une installation de châssis blanc, prêts à être peints avec , à côté, de gros pots de peinture blanche. On pense de suite à un acte de « non- peinture ». Mais l’on se souvient que l’artiste dans ses propositions, présente ses toiles de la même couleur que les murs. Claude Rutault : un peintre potentiel assumé.
Didier Rittener présente une installation sculpturale composée de poutres noircies au feu. Il faut un drone pour comprendre, qu’il s’agit d’un hommage à Malevitch. L’artiste présente à la Villa un mur crépis sur lequel le dessin de la sculpture est reproduit en deux dimensions, vu de dessus précisément.
Jean-Luc Blanc reprend , lui, un personnage d’un ensemble crayon acheté par le mamco, mais à la peinture cette fois, ce qui change le regard sur l’oeuvre.
Francis Baudevin est peut-être le seul à aller au bout du geste puisqu’il nous présente une toile que le mamco possédait de lui, entièrement repeinte en gris.
Renée Levi présente des panneaux graffés et présentés de façon différente qu’ils l’étaient au Mamco.
Quant à Vincent Kohler, il présente une sculpture fort sympathique : une patate transformée en grand animal. L’intervention nouvelle consiste à demander à des auteurs d’écrire des textes sur sa « Charlotte »(c’est le nom de sa patate)Nous avons là un geste écrit qui prolonge l’oeuvre initiale.
En résumé, il s’agit d’une exposition de commissaires tout autant que d’artistes . Les médiateurs de la Villa du parc sont à leur affaire afin d’aider le public dans sa compréhension des doubles langages comme c’est le cas ici.
LMB
du Mardi au Samedi 14h-18h30. entrée gratuite.
mercredi 16 Avril conversation entre Christian Bernard directeur du Mamco de Genève et Garance Chabert directrice de la Villa du Parc.