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C’est une belle histoire que celle des Pleureuses ...
Une histoire d’amitié, un prix d’humour SACD, un voyage à Paris et un gros succès auprès du public.
Les Pleureuses sont de retour à Annecy pour 3 dates au Théâtre de l’Echange.
Ne les ratez pas !
Les Pleureuses, ce sont Stéphanie Doche et Alexandra Carlioz, l’auteur Pierre-Louis Lanier, dit Pilou ...
Retour sur une rencontre enjouée avec les deux comédiennes et leur metteur en scène, auteur et ami !
Comment s’est créé le spectacle ?
Stéphanie : Nous avons l’habitude de travailler ensemble et ça faisait longtemps que nous voulions avoir un spectacle toutes les deux, plutôt une comédie. On insistait auprès de Pierre-Louis pour qu’il écrive. Le temps de gestation a été très long, mais dès qu’on a trouvé l’idée, Pilou a commencé à écrire et, à partir de là, ça a été très rapide.
Comment vous est venue l’idée du thème ?
Pierre-Louis : C’est parti des filles, surtout de Stéphanie. Elle avait envie d’humour un peu décalé, noir, et le lieu du cimetière s’y prêtait bien. C’était l’idée de départ : comment peut-on trouver quelque chose de drôle dans un cimetière ? Un peu comme pendant un enterrement : on n’a pas le droit de rire et pourtant c’est là qu’on a les plus beaux fous rires ! L’idée de base c’était donc ça : dans ce lieu interdit, qu’on est censé respecter, qu’est-ce qui peut se passer d’un peu transgressif, d’un peu fou ... C’est parti en live avec les thèmes de la réincarnation et de la superstition. On voulait que le public oublie vite que l’action se déroule dans un cimetière, on avait envie de basculer dans le burlesque total.
Il y a vraiment eu une écriture ou le spectacle est né d’improvisations ?
Alexandra : On a commencé par des impros mais ça n’a rien donné, c’est à ce moment-là que l’écrivain nous a dit « Stop ! Je vais m’en occuper ! ». On avait les thèmes des impros et quelques saynètes, mais il y a eu un vrai travail d’écriture, favorisé par tous ces moments où on avait pédalé dans la choucroute.
Et le côté physique, l’importance de la gestuelle ?
Stéphanie : C’est arrivé après. Par exemple, la scène du cirque n’existait pas à la base, elle est venue bien plus tard. On a fait deux représentations et on a retravaillé, on a rajouté entre autre cette scène. Globalement, la pièce a pas mal bougé depuis le début et continue à évoluer à chaque nouvelle série de représentations.
Pourquoi ce besoin d’évolution ?
Stéphanie : Le spectacle était un format court au départ, il durait 50 minutes. On s’est dit que ce serait bien d’arriver à une heure et d’aller encore plus loin dans le côté absurde. Et puis, avec la comédie, on se rend compte quand ça marche ou pas quand on est en public. Là, on s’est rendu compte qu’il manquait quelque chose, ce que l’on n’avait pas réalisé à l’écriture ni même pendant les répétitions.
Pierre-Louis : En effet, quand on écrit un texte à vocation humoristique, tant que ça n’a pas été joué devant des gens, on ne sait pas si ça va fonctionner. C’est comme la fin, on en a eu au moins 5 et on en a trouvé encore une différente il y a quelques représentations en arrière. Ça bouge toujours car notre fin est bizarre. On n’arrivait pas à fermer complètement l’histoire, et du coup on a essayé au moins 5 ou 6 fins différentes.
Et maintenant ?
Alexandra : En général, quand on a des séries comme à Annecy ce mois-ci, ça ne bouge pas trop, ça apporte surtout au niveau du jeu, de l’énergie, des petites choses qui se passent entre nous mais qui ne sont pas visibles pour le public. On a toujours un temps entre deux séries de représentations où on joue d’autres spectacles et quand on reprend « Les Pleureuses » il y a une nouvelle fraîcheur.
Pierre-Louis : Ça fait 5 ans que le spectacle tourne, 70 représentations et toujours le même engouement du public. On est les premiers surpris car tout le monde sait que le spectacle vivant c’est un peu compliqué en ce moment ... Là, on a un truc qui nous étonne nous-mêmes !
On vous demande de venir jouer sans que vous ayez à chercher ?
Stéphanie : A Annecy, on est en autoproduction donc on loue la salle, mais c’est vraiment le public qui nous demande. Au théâtre de l’Echange, on a fait plus de 25 représentations, on a toujours joué à guichets fermés, on est obligé de refuser du monde. C’est génial parce qu’on en est à plus de 2000 spectateurs sur Annecy. Souvent, quand on monte un spectacle on pense déjà au suivant, au-delà de 7 dates sur les grandes formes, c’est rare. Pouvoir jouer comme ça à Annecy, ça ne nous est jamais arrivé auparavant, c’est vraiment super et c’est grâce au public qui se mobilise. On n’a pas 2000 copains à Annecy, on a vraiment trouvé notre public. Et dans les autres villes, c’est pareil, à Mirepoix, à Lyon ... les gens ont adoré. Même si ce n’est pas facile de se vendre au départ car les programmateurs sont frileux lorsque ce n’est pas du théâtre contemporain.
Justement, comment faites-vous pour vous faire connaitre ailleurs ?
Alexandra : Pour l’extérieur, c’est Stéphanie qui s’occupe de la diffusion. On a pas mal bougé, on est allé dans le sud-ouest, à Pau, à Mirepoix, à Cannes, à Contrexeville, en Alsace, en Suisse, à Lausanne, et surtout deux mois à Paris ! C’est vraiment une belle histoire, on est super content car ce projet nous tenait à cœur, c’est une aventure entre amis, presque un départ en vacances tous les trois dès qu’on part en tournée.
Pierre-Louis : Le fait d’avoir joué deux mois à Paris nous a clairement ouvert des portes. On avait hésité entre Paris et Avignon. A Paris, il y a moins de programmateurs, mais on a trouvé notre public et eu de très bons retours.
Le prix d’Humour de la SACD nous a aussi bien aidé, donné du crédit et permis d’aller à Paris.
Dans la catégorie humour, la mode est au stand-up, on n’est volontairement pas dans la vague car un one man show se démode vite, il colle à actualité. On est plus dans la fantaisie intemporelle, le délire, la situation qui vrille plutôt que la joute verbale. Le fond n’est pas drôle mais le rire vient comme un exutoire. Un peu à la mode des comédies italiennes des années 60, 70 dont le fond était tragique mais offrait une forme de fantaisie et apportait légèreté et respiration. On a préféré ça aux échanges de vannes.
Et la suite ?
Alexandra : Que le spectacle continue à tourner tant que ça peut, même si chacun a d’autres projets avec d’autres compagnies. Quand on n’a pas joué depuis longtemps, cette énergie nous manque.
Stéphanie : On réfléchit à une suite, mais on n’est pas sûr. Pour le oment, c’est clair que l’on continue à prendre du plaisir à jouer Les Pleureuses et ce n’est pas évident de faire la suite de quelque chose qui a bien marché.
Pierre-Louis : Peut-être que ce sera juste le même trinôme, mais avec un projet complètement différent ...
Réservations : 07 62 64 37 22