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Compte-rendu

Les Red Hot au Stade de France

jeudi 5 juillet 2012 par Thibaut Dutertre rédaction CC by-nc-sa

A l’occasion de la sortie de leur dernier album, les Red Hot ont investi le stade de France.
Notre correspondant de Wild-is-the-music était là.

Ayant vécu une bonne partie de mon adolescence au son de One Hot Minute et Blood Sugar Sex Magic, c’était donc pour moi une sorte de passage obligé. Et quel baptême ! Car pour moi aussi, ce concert était mon premier au Stade De France.

Les gradins se remplissent peu à peu, et ne sont vraiment pleins que quelques minutes avant l’entrée en scène des Red Hot. Ce soir, on est 75000 à s’être rassemblés pour les voir, on espère, au top de leur forme.

La scène est très sobre, deux batteries, quatre écrans de LED sur fond noir, plus un de chaque côté de la scène. Rien d’extravagant. On s’attendait à un peu plus impressionnant, et pour cause ! Le Stade de France tout de même ! Alors bien sûr, pas des effets pyrotechniques de malade, mais au moins une petite avancée, pour permettre aux artistes de faire le show au plus près du public. Mais il n’en est rien. Tant pis, on verra ce que ça donne le moment venu.

Et c’est d’ailleurs l’heure pour les Red Hot de faire leur entrée sur scène. Il est environ 21h, le soleil rasant éclaire encore le stade, et Chad (batteur), Flea (bassiste) et Josh (guitariste) arrivent sur scène. Sobrement, à la file indienne, de grands gestes vers le public, puis ils prennent place, chacun derrière leur instrument (surtout Chad, à vrai dire..). Et c’est parti cette fois, et pour de bon.

Le stade est en furie, la simple apparition des trois californiens nous met tous en ébullition. Chad, toujours la casquette vissée à l’envers, et habillé d’un bleu de travail. Flea, cheveux teints en bleu et torse nu, portant un shants [1]. Et enfin le petit nouveau, Josh, avec un look plus sobre mais pour autant pas commun.

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Josh Klinghoffer
Photo prise à Tuindorp, Rotterdam(Pays-Bas)
cc-by-nc-sa Benzpics63

Échanges de signes entre les trois musiciens, et les premières notes de Monarchie Of Roses, titre phare du dernier album, résonnent dans le stade. Quelques dizaines de secondes plus tard, pendant l’intro, arrive un presque quinquagénaire au look de jeune de vingt ans, courant et gesticulant partout. La fameuse casquette Off, une veste à queue de pie, une fine moustache, un T-shirt coloré, et lui aussi portant un shants, Anthony Kiedis, chanteur vedette et co-fondateur du groupe, fait une entrée remarquée par le public, qui redouble de hurlements.

L’ambiance dans « la fosse » est incroyable. Le public saute à l’unisson dès que le refrain démarre, c’est vraiment cool à voir. Mais je dois bien avouer que je ne m’attendais pas à une telle cohue pour un concert comme celui-ci. D’après moi, les pogos, et autre compressions phénoménales, c’était réservé pour les concerts de métal, ou encore hard rock ; je me suis bien trompé.

A l’apparition des artistes, notre espace vital, qui était déjà bien réduit, a tout à coup disparu. J’imagine les quelques personnes du fond de notre section voir les gars arrivés sur scène, l’excitation les poussant à se rapprocher le plus possible. Comme un caillou dans une mare, l’onde s’est propagée en s’intensifiant. Résultat des courses : même plus la place de lever un bras. Et dès qu’on a l’occasion, il faut la saisir, au risque de ne plus pouvoir le baisser pour un quart d’heure.

Lorsque les premières notes de Around The World ont retenti, j’ai alors compris qu’il y avait un espoir pour qu’on nous ressorte les vieux tubes. Plutôt logique, le groupe ne pouvait pas se permettre de se focaliser sur leur dernier album en date, pas si bien accueilli par la critique.

Mais je peux vous dire qu’au final, ils nous ont bien gâtés. Avec un enchaînement rapide des morceaux, sans bla bla entre les chansons, les Red Hot ont joué une vingtaine de morceaux, sans compter les jams, le tout en approximativement deux heures.
Le rythme était correct, assez rapide pour ne pas laisser une minute de repos au public, et le maintenir dans cet état d’osmose avec la musique. Dans ces vingt morceaux, cinq seulement faisaient partie du dernier album. Pour les autres, ils ont été piochés dans les albums Blood Sugar Sex Magic, Stadium Arcadium, By The Way et Californication.

Anthony reste en effet toujours aussi énergique, gesticulant dans tous les sens, traversant la scène de son déhanché si particulier.

Je tiens d’ailleurs à préciser que, malgré le fait que John Frusciante ne soit plus de la partie, Josh Klinghoffer, nouveau guitariste officiel du groupe, fait le job, dans la lignée de son prédécesseur.

Pour ce qui est de la performance du chanteur, certains diront qu’il était quelque peu en retrait par rapport aux musiciens. Et même si il est vrai que par moments, on avait du mal à l’entendre par dessus les instruments, j’ai personnellement pensé que c’était lié à un quelconque problème de réglage son, et non pas à une voix défaillante.
Anthony reste en effet toujours aussi énergique, gesticulant dans tous les sens, traversant la scène de son déhanché si particulier. Il reste fidèle à l’image qu’il nous a toujours donnée de lui. Un adolescent qui chante vraiment bien, sans fausse note, avec un phrasé toujours vif et fluide, une grande prestance. Et c’est d’ailleurs ce phrasé qui fait la marque de fabrique du chanteur.

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Anthony Kiedis
Photo prise à Tuindorp, Rotterdam(Pays-Bas)
cc-by-nc-sa Benzpics63

Cependant, Kiedis ne reste pas irréprochable durant cette prestation au Stade de France, et les grands connaisseurs lui reprocheront de (trop ?) nombreux oublis de paroles dans les morceaux, que seuls les fans auront perçu, si ce n’est lorsqu’il s’est arrêté de chanter au beau milieu d’un couplet.
Mais plus important que cela, Anthony Kiedis a pas mal déçu la foule en fin de concert. Suite à une corde de guitare cassée, et un certain moment de flottement avec incompréhension non seulement du public mais aussi des Red Hot eux-mêmes, on a eu une forte impression de discorde entre les membres, notamment le chanteur qui avait l’air assez énervé contre Josh. Et après l’interprétation de Freaky Styley, qui s’est faite sans Anthony, le chanteur comme vexé, a bien fait poireauter ses compagnons sur scène, qui avec force regards et signes s’interrogeaient pour savoir quand le chanteur capricieux ferait son retour. On a même eu le droit à un Flea furieux, apparemment, s’époumonant vers les coulisses. Plus d’une fois on aura pu lire sur ses lèvres le vilain mot en F. Comme si ça ne suffisait pas, après la dernière chanson, Kiedis a quitté la scène sans un signe à ses fans, et a laissé les trois musiciens finir par une longue et délicieuse outro. Et évidemment, plus de nouvelles de Kiedis.

Je dois dire que j’ai vraiment été déçu par un tel comportement du type, qui une heure plutôt, était encore pour moi l’essence même du groupe. Je suis ressorti du concert avec un avis changé sur la personne. Un type finalement comme beaucoup d’autres, qui a vu le succès lui monter à la tête, et qui en plus de petits caprices de star, n’est pas respectueux des nombreuses personnes venues l’acclamer. Certes ce n’est qu’un seul concert, mais ça refroidit !

Bien heureusement, Flea était là pour rattraper le tout. Car oui, pour les (rares) moments où le groupe s’est directement adressé à la foule, Flea était à la manœuvre. Une fois contant l’histoire de Dani Califonia, une autre évoquant son amour de la scène, le show a été assuré, par celui qui reste pour beaucoup l’essence pure et profonde du groupe, et un des meilleurs bassistes de son temps. A bientôt 50 ans, il s’offre même le luxe de revenir sur scène pour un rappel en faisant le poirier. Prenant bien son temps de surcroît, on constate qu’il reste une bête de scène.

Globalement, j’ai donc beaucoup apprécié ce concert. D’une part grâce à une setlist très convenable à mon goût (avec les plus grands tubes, la marque de fabrique du groupe). Et d’autre part grâce à une ambiance de folie. Malgré que les vidéos amateurs du concert semblent montrer que la foule ne bougeait pas énormément dans le stade, je peux vous dire que sur place, devant la scène, c’était vraiment intense. Et l’immersion était encore plus importante grâce au stade entier qui chantait à l’unisson pour la plupart des morceaux. Give It Away, morceau qui termine tous leurs concerts, était tout simplement hors norme. L’ambiance à son paroxysme, les artistes qui se donnaient à fond (sauf Kiedis ?), une réelle communion autour d’un hit planétaire qui reste lui aussi toujours aussi frais. L’outro, tout comme les jams, était bien dosée, ni trop longue ni trop courte, et on prenait plaisir à voir les trois musiciens jouer ensemble, le sourire aux lèvres.

Une grande amitié lie les membres depuis maintenant presque 30 ans, et le jeune Josh a même réussi à s’y introduire, on espère pour de bon.

Bien qu’on aurait aimé des moyens plus adaptés à une salle d’une telle ampleur (on pensera à la sobriété de la scène ainsi qu’aux quelques problèmes techniques), ce live reste donc un très bon concert des Red Hot Chili Peppers. Et ce n’est pas Anthony Kiedis qui gâchera la fête, car même avec un comportement pas très agréable, il reste l’indéniable chanteur qu’il a toujours été. Lui et sa bande, bien que stagnant musicalement parlant (et pas dans les meilleures eaux qui soient), n’ont pas encore fini de nous faire bouger, rêver, et aimer la musique.

Billet, plus complet, paru initiallement et à retrouver sur Wild-is-the-music.com

Red Hot Chili Peppers - The Adventures Of Rain Dance Maggie - Paris Stade de France 30 06 2012

Notes

[1contraction du short et du pants, si emblématique du groupe

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