> Mag > Musique > Mansfield.TYA, entêtants contrastes
Pour la soirée de clôture du festival TRANSPOSITION, le Brise Glace d’Annecy a accueilli le duo Mansfield.TYA, entre autres, pour des moments électros chargés de poésie et d’émotions. Retour sur un concert tout en contrastes.
La soirée s’est ouverte sur la poésie de Louise Roam : seule en scène, l’artiste a distillé un peu de magie dans la salle, éclairée par les lumières bleutées du Brise Glace. À quelques pas du lac, la salle rend un bel hommage à l’émotion puissante qui se dégage de la musique de la discrète Louise Roam. Enveloppée par les rythmes électros, celle-ci affiche parfois un large sourire, qu’elle communique au public qui ondule sur la cadence atmosphérique.
Puis le silence se fait, presque trop tôt. Quelques minutes pour boire une bière, discuter avec les un.e.s et les autres et les Mansfield.TYA entrent en scène. La cohérence du programme est frappante : on n’aurait pu rêver meilleure première partie pour annoncer la poésie subtile et transgressive du duo nantais.
Le premier morceau « BB » est entêtant, électro, les ombres des deux corps frêles se dessinent en ombre chinoise sur les murs de la salle. La mise en scène est sobre : Julia Lanoë et Carla Pallone sont plus que complices, les regards qu’elles échangent sont intenses. Dès le deuxième morceau, elles nous emportent avec elles : la pulsation cardiaque du début du morceau se propage dans la salle. Quelques lèvres murmurent les paroles de « La fin des temps ». Puis la litanie finale saisit le public « C’est la fin du monde, on attend... ».
L’ambiance est à la fois sombre et lumineuse, Mansfield.TYA joue des contrastes, comme ces lumières blanches qui découpent les deux silhouettes vêtues de noir. La version live du morceau suivant « Gilbert de Clerc » ne manque pas de surprendre et faire sourire les afficionados du groupe : Julia Lanoë épelle A.D.I.E.U. en anglais. Cette fois, c’est de l’humour qui donne à sourire, quand on sait que le Gilbert de Clercq qui inspire le morceau est un transporteur belge.
Carla Pallone pince les cordes de son violon quand elle ne frappe pas les touches du piano. Qu’elles se regardent ou non, qu’elles soient face à face ou non, c’est la toujours même intensité qui se dégage du duo. Les deux morceaux qui suivent (« Loup noir » et « Palais noir ») sont plus lourds, plus sombres. « On va jouer un slow sur la mort », le public acclame, Julia s’amuse : « Vous êtes des très très bons vous ! ». Les morceaux s’enchaînent, toujours les mêmes contrastes, les mêmes tensions, à l’image du nouvel album, dont sont extraites toutes les chansons jouées sur scène.
Arrivent les premières notes de « Bleu lagon », le public exulte puis reprend « Je n’ai nulle part où me barrer, je vais faire la fête à en crever ».
Entre deux morceaux, Julia annonce qu’elle va faire quelque chose d’exceptionnel : elle demande à Simon, qui s’occupe des lumières, d’éclairer la salle et de les rejoindre, pendant ce temps, Carla est allée chercher un gâteau dont les bougies seront soufflées sur scène pendant que tout le public chante en chœur une chanson d’anniversaire.
Moment à l’image de l’ensemble du concert, placé sous le signe d’une bonne ambiance comme il en existe peu dans les salles de concert.
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On se souviendra du « Monde du silence » entonné a cappella, le silence ne se rompt que pour laisser place aux petits rires amusés du public.
La présence des deux femmes est magnétique, hypnotique. Personne ne veut les laisser quitter la scène. Sous les applaudissements, elles reviendront pour un premier rappel, puis un deuxième. Concession au public : « Mais alors, on joue quoi ? » Le public propose des titres. « Ok. Pour oublier je dors ». Puis le très joli « Logi-coco » [1]. Encore des contrastes, des paradoxes, des tensions. Comme la présence d’Adèle Haenel derrière le stand du groupe, l’air de rien.
Tout le monde a l’air de prendre beaucoup de plaisir à être là, sur la scène, dans la salle. En témoignent d’ailleurs les rires qui fuseront derrière le stand où le duo signera quelques autographes, dessinera sur des pochettes de vinyls après le concert. La soirée continuera de battre son plein, dans la salle, au son des rythmes techno des Djs Nicol et WNK.
Une première réussie pour le festival TRANSPOSITION, de quoi trouver la fougue nécessaire pour préparer la deuxième édition.
Toutes photos © Axel Phelipon
[1] « Et le bronzage de tes fesses dessine un cœur vulgaire mais beau, comme notre amour »
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