Moi candidat

Quand Mark Twain vous dit tout haut ce que les politiques pensent tout bas

Dans ces courts textes Mark Twain s’imagine dans la peau d’un candidat potentiel à la franchise surréaliste. D’abord candidat à l’élection présidentielle il se propose d’avouer d’emblée toutes ses fautes pour mieux couper l’herbe sous le pied à ses adversaires et court-circuiter les polémiques dans la presse.

Son discours effarant d’indécence est étonnamment d’actualité, tant il est vrai que le politique est souvent plus intéressé par lui-même que par le peuple qu’il entend gouverner. Les intérêt privés priment sur le bien commun et ce candidat imaginaire le reconnaît bien volontiers. Le principe fondamental de son engagement est d’amasser de l’argent pour son propre compte. Parallèlement il propose d’éradiquer la pauvreté en supprimant purement et simplement les pauvres, qu’il suggère de recycler en chair à saucisse !

« Je reconnais aussi que je ne suis pas l’ami des pauvres. Je les considère, vu leur condition actuelle, comme autant de matière première inutilisée. Découpés et correctement mis en boîte, ils pourraient servir à engraisser les cannibales des îles et à améliorer nos exportations vers ces régions [...] Mon slogan de campagne sera : "Qu’on mette à sécher les travailleurs pauvres ; qu’on en farcisse les saucisses !" »(p. 21)

Dans les textes suivants Mark Twain s’improvise candidat au poste de gouverneur puis se met en scène comme secrétaire particulier d’un sénateur, dont il sabote la diplomatie. Langue de bois, mensonges en tous genre, retournement de veste, théorie complaisante du complot et de l’acharnement médiatique sont au programme de cet édifiant recueil publié aux éditions du Sonneur.