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Georges Perec est mort le 3 mars 1982. Il n’a jamais fêté les 46 ans qu’il aurait eus quatre jours plus tard. Difficile d’imaginer la tête qu’il aurait aujourd’hui, à près de 76 ans. Barbiche et tignasse blanchies ou bien au contraire crâne chauve et menton glabre ?
Difficile surtout d’imaginer la somme de chefs-d’œuvre, de tours de force, de poèmes et encore de grilles de mots croisés qu’il aurait eu le temps de publier en trente ans. Il est parti en laissant un roman inachevé, 53 jours, et sans doute tout un tas de projets en cours.
Perec aimait travailler selon un programme, parfois sur une dizaine d’années comme pour La vie mode d’emploi, ou encore ses Lieux qu’il finit par abandonner. Il aura fallu attendre trente ans après sa mort pour que soit publié le premier roman achevé qu’il osa soumettre à des éditeurs. Seuil, qui le refusa à l’époque, nous propose en ce début du mois de mars de découvrir, avec Le Condottière, le roman inaugural d’une œuvre qui débuta par un Prix Renaudot pour Les choses en 1965.
Ses lecteurs assidus apprécieront d’y retrouver des thèmes qui leur sont familiers : une histoire de tableau, un personnage du nom de Gaspard Winckler. Même s’il n’a jamais écrit deux livres qui se ressemblent, Perec prenait un malin plaisir à construire des passerelles menant de l’un à l’autre, multipliant ainsi les clins d’œil. Mais il aimait aussi garder le silence sur certains aspects de son œuvre, laissant au lecteur la chance et le plaisir de percer un jour ses secrets. Certains ont été un temps gardés. D’autres sont encore à découvrir. Il n’est pas impossible que ce premier roman fournisse certaines clefs, ou du moins éclaire des zones d’ombre. Il constitue en tout cas une pièce retrouvée du puzzle Perec.
<cite|livre|titre=Le Condottière
|auteurs=Georges Perec
|editeur=Seuil
|lieu=Paris
|annee=2012
|collection=La librairie du XXIe siècle
|pages=224
|isbn=978-2-02-103053-2
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