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PTR, Usine, Genève
vendredi 1er décembre 2023 par
Compte-renduC’est peu dire que le trio italo-nippo-new-yorkais Blonde redhead était attendu par le public de l’Usine de Genève, pour leur première tournée depuis 2014. Les bonnes ondes ont déferlé sur l’assemblée réunie pour l’occasion.
C’est avec excitation et impatience que je pénètre pour la première fois [1] dans cette sombre et très agréable salle du PTR l’Usine chez nos voisins Genevois.
Déjà très remplie lorsque nous arrivons, la salle grouille d’un public très hétéroclite tant au niveau de l’âge que du style, juste le temps de passer au bar pour se désaltérer que la lumière baisse et le silence se fait, Núria Graham vient d’entrer sur scène… La jeune auteure/compositrice/interprète s’invite seule avec sa guitare classique entre quelques lumières intimistes et emmène la salle quasi instantanément dans ses balades aux mélodies accrocheuses portées par une voix qui fait parfois penser à Fiona Apple.
Un mélange de timidité et de plaisir à jouer ses chansons, accompagnée par un petit clavier ou sa guitare acoustique folk, elle emporte l’audience dans des histoires de vie et un show touchant et sincère. La foule est attentive et captivée et lui rend bien en applaudissements. On se laisse aller dans ses compositions folk qui renvoient à José Gonzales ou Nick Drake, teintées de flamenco et remplies de mélodies.
Le son est impeccablement réglé, la présence de la belle irlando-espagnole fait mouche et l’audience est conquise. De la très bonne folk et un très beau concert : simple, sobre et très efficace.
Fin de la première partie, le retour au bar à l’entrée est beaucoup plus compliqué, la salle est maintenant comble. Dès 21H30, heure de début de concert de la tête d’affiche, la foule s’impatiente et on sent les gens bouillants de voir le trio New-Yorkais, l’ambiance monte d’un cran, les premiers rangs se resserrent. Ça crie, ça siffle et finalement 3 passent : Blonde Redhead vient de monter sur scène.
On découvre le groupe devant un fond patchwork psychédélique et qui attaque le concert avec un titre de leur mythique album Misery is a Butterfly, un choix qui semble ravir les fans, qui se retrouvent happés dès les premières notes. La chanteuse Kazu Makino, habillée en robe courte à effet miroir derrière sa guitare, et les 2 frères Pace sont habités par leur musique. L’alchimie est là, les regards entre les membres laissent esquisser des sourires, et on se laisse voyager dans l’univers torturé du groupe. Le public compte des fans, aucun doute lorsque l’on entend la clameur dès le moindre son, d’ailleurs très bien équilibré, que produit un des instruments à l’intro de certaines chansons, dans un jeu de lumières impeccable, le groupe enchaine les morceaux en alternant une chanson sur deux de chanteur (ou chanteuse)
La diversité des albums sortis depuis 1993 permet un concert équilibré et très hétéroclite, On passe de rythmiques tranchées et imparables accompagnées de voix puissantes et à la fois sensibles noyées dans un echo aux morceaux planants et atmosphériques, on entend clairement l’influence qu’ils ont eu sur des groupes plus récents comme The XX ou Deerhoof et les époques qu’ils ont traversé rappellent des sonorités et mélodies proches de Fugazi, Sonic Youth, Depeche Mode ou encore Mylène Farmer (oui oui !).
La salle est en transe, danse, chante est absorbée par le show, trimballée entre pop innocente et noise incendiaire, le temps passe trop vite aux côtés de ces cris de sirène maléfique servis sur une nappe de son ambient, c’est déjà la fin du concert mais l’Usine n’a pas dit son dernier mot, et le trio non plus ! Un rappel de 4 morceaux ravi tout le monde et pour finir une chanson de Melody of Certain Damaged Lemons mettent fin à un concert qui a duré 1h30 et qui a fait l’unanimité quand on voit les sourires et les bonnes vibrations à la sortie, bref une excellente soirée dans une excellente salle avec un excellent groupe, que demander de plus ?
Toutes les images de cet article sont sous ©Alexis Machet
[1] en tant qu’Annécien c’est quand même un comble