OK Boomer !

J’aime les voyages, ceux qui forment la jeunesse, ceux qui nous font rencontrer des belles personnes, ceux qui nous font visiter des lieux touristiques, hautement improbables, de beaux lieux, de belles régions, et aujourd’hui ceux qui nous emmènent en Normandie !

C’est vrai que la Normandie dispose de pas mal d’atouts pour attirer le voyageur en short, la perche à selfie à la main, le bob Ricard sur la tête, la clope au bec, se promenant avec nonchalance et sa femme sur les plages du débarquement, dans les coursives des monuments de la région, goutant les spécialités du cru, et surtout celles avec de la pomme dedans ! Bref, maintenant que vous avez cette image en tête, passons à l’autre versant de cette région (je n’ai volontairement pas parlé de ce monument à la frontière avec une autre région pour éviter les problèmes !).

Parce qu’il n’y a pas que ça, en Normandie. Il y a aussi Laurent Dehors et sa formation de 12 musiciens qui nous servent une musique Jazz du plus bel effet, et ils viennent de sortir un nouvel album, d’où le titre de l’article : Tous Dehors – OK Boomer ! Tout un programme qui s’annonce !

Mais j’ai galéré à le trouver, vous ne pouvez pas savoir ! Il y a bien un morceau en écoute sur Deezer, puis le fait que l’on peut trouver le CD chez tous les bons disquaires [1] ... Mais y en a-t-il encore, des bons disquaires ? Et puis il y a eu cet avant-goût, celui de trop peu, présenté dans Open Jazz, cet avant-goût qui nous dit qu’il va falloir patienter, et patienter, et patienter encore (et quand on est impatient et qu’on a 12 ans d’âge mental, c’est pas facile) !

Mais, avant tout, qui est Laurent Dehors ? Selon le site de l’artiste, Gérald Arnauld et Jazz Magazine :

Soufflant sur toutes les anches qu’il trouve à sa portée, Laurent Dehors n’a même pas hésité à affronter Michel Portal ou Martial Solal. Ni à rendre à Glenn Miller un hommage intitulé de façon plutôt équivoque « Dommage à Glenn ».
« Laurent Dehors agence textures, couleurs orchestrales et rythmes foisonnants sous la forme de masses sonores et de combinaisons multiples en un cocktail explosif qui mêle savamment jazz, rap, musette, rock et folk. Cela fourmille d’idées dingues et de sons inouïs. »

Et vous trouverez plus bas le lien qui mène vers le site internet de Laurent Dehors qui vous présentera dans le détail cette formation, mais aussi les autres projets du musicien.

Et j’ai donc dû attendre 4 jours pour recevoir ledit CD ! Mais l’attente en valait bien la peine, faites-moi confiance !

Le premier morceau nous lance quelques notes d’un thème qui n’est pas sans avoir quelques accents zawinuliens, pour ceux qui aiment les bulletins météo ! Pourtant, lorsque la contrebasse s’avance, on sent l’arrivée d’une personne bien charpentée, du style de l’armoire normande, celle qui va tenir à l’écart les autres instruments dans une danse folle qui ne se finira que par le rappel de ce thème, justement !

Des accents bondiens (écoutez bien la rythmique de Disque Jockey), quelques phrases au milieu d’une autre (le « non ce n’est pas fini » dans « Polka »), des chorus pour chaque instrument, chaque cuivre ... « Range tes jouets » pourrait nous faire penser à un certain Leopold, « intro Soleil » nous permettra de nous reposer un peu ! Une musique aux accents klezmer pourrait se cacher dans « Polka » ! Et je vous laisserais la joie de découvrir par vous-mêmes toutes les autres pépites que contient cet album, le second de la formation.

En 11 titres, Laurent Dehors et sa formation vont nous emmener loin dans leurs expériences musicales, toujours folles, étonnantes, presque mystiques, les notes continueront longtemps de raisonner, résonner ? dans la pièce et dans le corps !!! Tout ceci sans se laisser aller à une musique vieillissante, le jazz à papy comme on pourrait le dire, mais plutôt des mélanges de sons, de bruits parfois, de rythmiques folles, entraînantes ! Et pourtant le swing sera présent de la première à la dernière note !

Mais est-ce encore du Jazz ? Bonne question, en tout cas pas celui que l’on écoute sapé comme un milord, sa bourgeoise à ses côtés qui va se morfondre toute la durée du concert en pensant au prochain épisode de shopping ! Non, ce serait plutôt celui qui s’écoute debout, avec les oreilles, et qui fait bouger tout le reste du corps, une sacrée sarabande que cet album de Tous Dehors !

Et que ces morceaux, surtout, ne nous empêchent pas de voyager, en vrai, ou en pensée en écoutant ces productions locales, sans avoir à passer par un streamer infernal, mais en cultivant la patience, la belle saison arrive, ça nous laissera le temps de regarder les belles fleurs s’épanouir !

Ah ! J’allais oublier, un mot sur la pochette ? Une allusion au Christ de Charles Lebrun, ou alors à la pochette de l’album Hours ... de David Bowie, ou alors une personne d’un certain âge qui comptait sur la jeunesse, celle-ci se révélant décevante ... Ou tout autre chose, allez-savoir !