> Mag > Musique > Onze portes et une pierre brûlante
Angel Olsen a sorti un album il y a quelques mois. Burn your fire for no witness. Et c’est du feu que tu manges de ton côté, sans en avoir l’air.
Franchement ? Je n’avais pas envie de l’écouter. Je n’avais pas envie, parce-que j’ai le défaut de toujours projeter des choses sur la musique quand on m’en parle – en fonction des personnes qui m’en parlent – quand je vois une pochette d’album...c’est pareil pour tout. Les films, pour les livres... j’aime ranger dans des cases, tout très vite, parce-que j’ai la prétention de connaître et de savoir comme si tout avait déjà été fait et que tout n’est que répétition permanente de l’existant.
Cela dit, si j’ai la prétention de croire que je peux tout ranger...je sais très bien que je me trompe souvent et découvrir que j’ai fait erreur est souvent (pas toujours, mais souvent), pour moi, un pas vers la félicité auditive.
J’ai donc accepté d’écouter Angel Olsen pour ne pas m’endormir ignorante. L’album Burn your fire for no witness – plus particulièrement le morceau « White Fire » - m’avait été conseillé par un connaisseur, un décortiqueur, un spécialiste. Et de là, je me dis que ça doit sonner de telle manière, appartenir à tel genre musical...et puis j’ai écouté ce « White Fire », j’ai aimé entendre la noirceur, la voix, la lenteur. J’ai continué l’écoute comme on goûte une seconde fois, pour s’assurer que c’est bien ça. J’ai été perdue : ce qui me parvenait sonnait différemment, la voix sonnait différemment, l’ensemble partait dans une autre direction, tout aussi plaisante...et le morceau d’après, et puis encore...jusqu’au silence qui a suivi le dernier, onzième morceau, pour finir.
Mais je vois bien que ça ne suffit pas : je laisse tomber cette histoire de cases et je replonge l’oreille dedans. Certains morceaux me parlent peu, mais d’autres rayonnent.
Ah oui, tiens, ça rayonne. Et puis ça sent la chaleur, c’est parfois calme et tendu comme si tu te perdais dans une forêt avant l’orage. Et je dis ça...en hiver, j’aurais d’autres images, mais le rayonnement, la chaleur seraient intactes, je crois. Et pour finir, je me dis : Imagine que tu es dans une maison, dans une pièce immense. Dans cette pièce, tu vois 11 portes. Chacune d’elle t’emmène dans un monde différent. Et puisqu’il est question de feu...chaque porte te fait goûter une chaleur différente...
Si tu ne comprends pas ces images-là, alors je peux aussi te dire qu’il est question d’une voix multi-facettes, lointaine, nonchalante, tendue, éthérée, franche, fragile ; il est question de guitare, de rythmes, d’effets qui donnent une humeur différente à chaque morceau. Et tu passes du désert au feu de glace.
Parler d’un titre conduirait obligatoirement à parler de chaque autre titre et raconter l’histoire qu’ils éveillent en moi. Tous ces aspects font l’ensemble de cet album, une pierre chaude que tu peux garder dans ta poche, dans ta main, pas loin.
Angel Olsen (Pop folk)
Will Stratton (Folk)
12€ / 9€ (réduit)