> Mag > Musique > Ottorino Respighi et Gérard Jan
De Respighi, compositeur impressionniste du XX ème siècle, à
Jan, peintre de monotypes impressionnants du XXIe.
La réalité d’une situation imprévue et surprenante avec l’impression que deux œuvres sont en adéquation alors qu’à priori rien ne les rapproche culturellement peut-elle être vécue comme une absurdité ?
La sensation structurée et inconsciente d’avoir vécu musicalement l’image présentée par un monotype à l’encre de Gérard Jan nous a récemment provoqué.
Il s’agissait d’évaluer les traits communs de ces deux œuvres pour essayer de sortir d’un imaginaire à priori perturbé.
Le poème symphonique " Pini di Roma" d’Ottorino Respighi dans sa troisième partie « Pini del Gianicolo » évoque de manière signifiante cette atmosphère romaine.
La nuit, l’ombre des arbres, les ruines et le silence entre les notes qui font la vraie musique : le solo somptueux de clarinette et le clair-obscur de la gravure qui « dégage l’image des ténèbres ».
Le musicien, influencé par Debussy, donne une conception voluptueuse de la nuit romaine avec un champ d’oiseau sur le murmure des feuilles de l’arbre.
Le peintre décrit le même dépouillement.
« je vous dois la vérité en peinture » disait Degas en commentant ses monotypes. La même impression se réalise dans l’analyse du dessin : la pudeur et la détermination, les délices somptueux d’un moment rare avec l’idée synthétique d’éléments antinomiques, modernes et classiques, voire romantiques.
Ces deux créations semblent s’illustrer l’une l’autre et s’éclairent comme des miroirs opposés.
Les quelques minutes de sérénité et de bonheur intense, vécues de
façon fortuite et inespérée ne nous empêche aucunement de penser
à ce vieil adage allemand « Einmal ist keinmal » : une fois ne suffit pas, une fois ne compte pas.
Osons parfois, si cela est, commettre un délit d’interprétation surprenant.
Gérard Jan est présenté en permanence
à la Galerie Chantal Mélanson à Annecy