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Pour le meilleur et pour le Pyre

mercredi 11 décembre 2013 par Sophie Feissel rédaction CC by-nc-sa

C’est le genre de performance qui, de prime abord, nous rappelle pourquoi on hésite toujours avant d’aller voir un spectacle de danse contemporaine ...

Pourtant, il y a ce livre intrigant qu’on nous distribue avant le début de la pièce : « C’est la première partie, à lire quand vous rentrerez chez vous ! ». Le spectacle lui se compose de la troisième partie « La danseuse » puis de la deuxième « La danseuse et le fils ». Le livre est signé du fils.

Et surtout, et heureusement, il y a l’intervention de la metteur en scène après le spectacle. Alors on comprend ... qu’on n’a peut-être pas tout saisi !

Comme un conférencier peut nous aider à interpréter une oeuvre d’art, les explications de Gisèle Vienne nous éclairent sur le sens de sa nouvelle création « The Pyre ».

C’est vrai qu’au seul regard de la pièce, on en prend plein les yeux et les oreilles : une danseuse et un garçon évoluent dans une installation lumineuse qui évoque les lumières urbaines contemporaines, en perpétuel mouvement, dans un univers sonore proche de celui d’une discothèque ou d’une rave.

Mais, on reste un peu sur sa faim. La danseuse ne danse pas vraiment, elle exécute une succession de gestes saccadés dont on comprend plus ou moins le sens. Un accouchement ? Une révolte ? La mort ?

Et puis, Gisèle Vienne nous raconte : c’est sa première pièce sans parole, sans narration, les mots viendront après, à la lecture du livre. Ce dernier nous permettra de comprendre qui sont les personnages, quelle est leur histoire, quelle est la raison de leur mutisme. Le texte est écrit par Dennis Cooper, écrivain et collaborateur artistique de Gisèle Vienne depuis 2004. En les dissociant du plateau, les mots prennent encore plus d’importance.

Si les danseurs sont muets, l’univers sonore du spectacle est loin de l’être. La metteur en scène qualifie sa création de « pièce qui se consume, avec un grand déploiement d’énergie ». Pour cela, elle utilise trois outils : la danse, la lumière et le son. Le spectacle s’articule autour de ses trois axes, comme s’il s’agissait d’une partition. Elle attend des spectateurs qu’ils soient attentifs aux trois composantes en même temps, ce qui est assez inhabituel.

Pour sa première collaboration avec l’Ircam, Gisèle Vienne a cherché à accentuer la sensation de profondeur visuelle par une spatialisation musicale. La musique électronique mixée et diffusée en live par Stephen O’Malley et Peter Rehberg, la lumière créée en direct par Patrick Riou et la danse de Anja Röttgerkamp réinvente le spectacle chaque soir, comme un groupe qui jouerait un morceau écrit et improviserait autour ... Les « trois instruments » sont tour à tour en accord, en opposition, en dissonance.

L’écriture initiale se rapproche du hip-hop ou du krumping. Le montage frénétique fait penser à une publicité ou un clip, dont le côté hystérique est à la fois effrayant et addictif. Le rythme de la pièce est mûrement réfléchi : lent au début, pour rentrer dans l’univers du spectacle et oublier le rythme de la vie extérieure, puis de plus en plus rapide, saccadé, que ce soit au niveau de la musique, dans les jeux de lumière ou le catalogue de mouvements de la danseuse. La femme est-elle un fantôme, une hallucination ? On entre dans le rythme du rêve, un état malléable que la lecture va guider ... Le livre permettra, outre de comprendre, de re-convoquer la mémoire de la pièce au moment où on le souhaitera. Une manière d’étendre le temps.

On retrouve dans cette pièce les sujets qui préoccupent Gisèle Vienne et sont présents dans toutes ses créations : l’ambivalence rêve-réalité, ce que l’on sait et ce que l’on ne sait pas, les différentes visions du réel ...

  • The Pyre :
    le mardi 26 novembre 2013 de 20h30 à 22h30 Haras, Annecy

    localiser

    adresse

    19 Rue Guillaume Fichet


    Annecy (F)
    complément

    www.bonlieu-annecy.com

    04 50 33 44 11

Portfolio

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