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Jazz à Vienne 2022

Quand Yann Tiersen vire de bord

mardi 27 septembre 2022 par Val de Sallanches photographie , rédaction CC by-nc-sa

En ce soir de juillet, tandis que l’astre lunaire monte dans le ciel viennois, un voile blanc descend sur scène, masquant celui pour lequel le public s’est massé sur les gradins du théâtre antique. Yann Tiersen a choisi de présenter un electronic set audio/vidéo de qualité plutôt que d’aller au contact des spectateurs.


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Yann Tiersen
Jazz à Vienne, juillet 2022
© Val de Sallanches

Un virage très serré. En épingle. Ça secoue. Yann Tiersen est aux platines, le public n’a plus qu’à s’accrocher, dans les gradins du théâtre antique de Vienne. Nul ne pourra reprocher à cet artiste multi-instrumentiste de n’avoir pas su se renouveler. Qu’est-ce qui a pu échapper aux spectateurs qui ont quitté prématurément le concert ? Il fallait suivre de près la discographie récente de Tiersen pour comprendre…

Donc, petit récapitulatif :
en août 2021 sort l’album Kerber, dans lequel le piano auquel nous étions habitués reste l’instrument prépondérant mais l’artiste lui-même en parle comme d’un « prétexte » et déjà s’amorce le début du virage. L’électronique prend alors une place grandissante.
Juin 2022 : un mois avant le concert viennois sort l’album intitulé 11 5 18 2 5 18. Nous voilà au cœur du virage, les roues crissent et décrochent presque. Que s’est-il passé ? L’artiste s’est livré à une expérimentation en lien avec le festival Superbooth de Berlin. Il a pris des échantillons des albums Kerber et Dust Lane (2010), puis il a rééchantillonné, reprogrammé et recomposé ses propres morceaux. En sont sorties de nouvelles pistes fort éloignées des originales bien que nourries du même terreau.

Surprenant une partie du public, Tiersen se tient derrière un voile-écran sur lequel sont projetées des créations vidéos abstraites gérées par l’artiste multimédia Sam Wiehl tandis qu’un esprit dancefloor envahit le théâtre antique. Point de piano, seulement des claviers et platines en tous genres. Tiersen s’aventure sur de nouvelles terres sonores électro, sans se soucier de perdre en route une partie de son public d’antan. L’expérimentation a très nettement pris le pas sur l’émotion, il s’agit d’une invitation au voyage auditif et visuel, nécessitant un lâcher-prise qui amènera une partie du public à finir le concert en se trémoussant comme en club le temps du dernier titre. On se retrouve aussi surpris que par un brutal coup de vent à Ouessant entre deux éclaircies.

 

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