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Rencontre avec MINSK, artiste peintre

mardi 20 mars 2012 par Amandine Crey rédaction CC by-nc-sa

Entretien

Rencontre avec un artiste généreux et passionné, dans son étonnant atelier-galerie à fleur d’eau entre biochimie et gnose valentinienne.

Comment es-tu venu à la pratique artistique ?

Même si j’ai toujours aimé dessiner, je dessinais beaucoup avec mon grand-père, ma passion était la biochimie. J’ai donc suivi un parcours universitaire classique pour devenir biochimiste. A l’époque le dessin était un outil au service de mon domaine d’étude, on réalisait encore les coupes histologiques de végétaux, de tissus, d’organismes à la main, sur papier. Et puis au cours de la rédaction de mon mémoire, j’ai fait un rêve. J’ai vu tous les tableaux que j’exécuterai et j’ai simplement décidé de suivre mon rêve. Je me suis alors beaucoup entrainé à reproduire des motifs, d’abord à la mine de plomb sur papier puis est venue la couleur et les matières, feuilles d’or, d’argent, pierres…

Comment définirais-tu ton style ?

C’est plus aux autres de le définir, je n’appartiens à aucune école, je suis plutôt hors du milieu artistique toutefois, je dirais figuratif mais pas décoratif mes motifs ont tous un sens. Ils sont tel un alphabet, il faut les connaitre et les comprendre si l’on veut les lire.

Quelles sont tes références artistiques, tes inspirations ?

J’apprécie l’Art Nouveau et des artistes comme Alfons Mucha (1860-1939), Gustav Klimt (1862-1918) mais aussi le mouvement du Symbolisme qui trouve de forts échos dans mon travail sur le déchiffrement, le sens. L’art japonais, les masques du théâtre Nô, l’art africain et l’Inde, pays que j’affectionne tout particulièrement complètent ma sensibilité, mon goût. L’Inde par exemple à une part importante dans mon traitement des couleurs. En biochimie, je travaillais sur les ponts entre les protéines. Dans mon travail pictural j’aime jeter des ponts, des passerelles entre les cultures afin d’en découvrir les éléments communs. C’est pour cela que je m’intéresse aux symboles, aux sciences dures mais aussi aux sciences occultes comme l’astrologie. Les mythes me fascinent, que se soient les mythes antiques, grecs, égyptiens, mésopotamien, les mythes religieux occidentaux ou indiens, africains, je recherche toujours les éléments communs, les symboles, ce peut-être une couleur, un chiffre, un motif…

Comment travailles-tu ?

J’aime le calme, j’en ai besoin pour travailler, me concentrer. On peut dire que mon travail se décline en deux temps. Pour l’élaboration, les recherches je travaille essentiellement la nuit. Dans ce cas, je travaille chez moi principalement sur mon ordinateur. Puis vient la phase de réalisation, le dessin, le travail des couleurs, cette phase s’effectue dans mon atelier, de jour.
J’ai commencé à dessiner à la mine de plomb sur papier puis j’ai employé des techniques mixtes alliant peintures acryliques à des feuilles d’or, des pierres et des matériaux divers. Le papier, parfois marouflé sur du bois, reste mon support privilégié mais j’utilise également des cartons, du tissu, du plastique.

As-tu en tête d’autres expériences artistiques ?

En parallèle de mon travail pictural, j’utilise le support numérique, je prends des photos avec mon modèle et je les retravaille sur Photoshop. Depuis plusieurs années, je travaille également à la conception d’une série de vestes associées chacune à un signe astrologique. Je pense que j’aimerai m’essayer à l’animation que mes personnages bougent même si pour moi, il y a déjà du mouvement dans mes œuvres.

Quel est ton livre de chevet en ce moment ?

Les Ecrits Gnostiques, la bibliothèque de Nag Hammadi, La Pléiade, Editions Gallimard.
Tout le monde a entendu parler des manuscrits de la Mer Morte, il existe d’autres rouleaux découverts en 1945 à Nag Hammadi en Egypte. Ces écrits de la protochrétienté, longtemps combattus par les Pères de l’Eglise, ont été traduits en français et réunis dans un volume de la Pléiades en 2007. Le codex qui m’intéresse le plus est le codex VI L’Exposé Valentinien, qui est aussi le plus endommagé. C’est passionnant, il m’a inspiré ma dernière série. On y retrouve les influences grecques, romaines, judéenne, égyptienne, de la mythologie, de la philosophie. Ce texte parle de la genèse, de la naissance du monde par l’action de Sophia. Cette « déesse » Sophia vit dans un monde clos décrit comme une sorte de membrane dans laquelle elle s’ennuie. Elle cherche donc à s’en éloigner, à en sortir, en grattant la membrane, elle finit par la percer, tout ce qu’elle contenait se déverse, se vide, créant, dans une sorte d’accouchement, l’univers. C’est très beau et poétique.

Ton dernier coup de cœur au cinéma ?

Melancholia de Lars Von Trier, un film hypnotisant de beauté.

Où peut-on voir ton travail ?

J’ai mon atelier galerie "Les 2-Sous de Minsk" qui est accessible sur rendez-vous, mon site internet maximilienminsk.com et ma page facebook.
J’ai réalisé deux fresques sur Annecy, une que l’on peut voir au dessus de la carterie dans Bonlieu et la seconde dans le magasin Swatch.
Dans le cadre de la Nuit des Musées 14 mai, vous pourrez voir ma série réalisée sur des skateboards dans l’exposition Art By Friends au Palais de l’Ile.

Que peut-on te souhaiter ?

De réussir à vivre de mon travail artistique.

Maximilien Minsk
13 rue du Pâquier
F 74000 Annecy France
04 50 51 37 45

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