> Mag > Arts > René Zürcher : corps, 1991-1997
Le corps humain a toujours suscité de l’intérêt de la part des artistes, du public...et des acheteurs.
Il ne s’agit pas du tout d’un phénomène de mode car l’Art nous renseigne abondamment sur la question. Si en occident le corps a été stigmatisé sous l’influence du christianisme « Pauldesartien », depuis la renaissance, il a pu être montré sous couvert d’histoires religieuses.
Aujourd’hui encore, les artistes savent que leur travail peut être catapulté au cœur des affrontements politico-médiatiques (voir par exemple le dernier en date avec Facebook qui censure le tableau « l’Origine du Monde » de Courbet).
Dès les débuts de la photographie, le corps est au centre du sujet : si l’on accepte les images de zoulous nus, pour le reste, il faut se dissimuler derrière quelques boucliers comme le « beau classique » ou l’étude du mouvement (Muybridge-Marey).
Les tous premiers nus érotiques sont des daguerréotypes colorés à la main. A la fin du 19e siècle, un commerce florissant produit des images à la chaîne ; des centaines de petites mains manient le pinceau dans certains ateliers. Ces photographies sont revendues sous le manteau.
De fait, il faut replacer la photographie de nu dans l’histoire de l’Art : les nus masculins ou féminins dans l’art classique grec. Après une période d’obscurantisme, la Renaissance renoue avec le nu, féminin surtout.
Sans vouloir faire le tour complet de la question dans l’histoire de la photographie, nous pouvons citer quelque grands noms qui se sont illustrés dans le genre : Bonnard, Degas, Alfred Stiglitz, Edward Weston, Raoul Haussmann, Raoul Ubac, Leni Riefenstahl, Robert Mapplethorpe, Drtikol, Ernestine Ruben, Bill Brandt, Sally Mann ; certains artistes ont fait du corps leur seule et unique préoccupation : Pierre Molinier, John Coplans, Joël Peter Witkin, Dieter Appelt, Patrick Butticker.
René Zürcher a travaillé sur le sujet dans les années 90. Depuis, il est passé à autre chose. Nous n’avons pas affaire à un monomaniaque…
Né à Winterthour en 1967, il a débuté dans la carrière comme tireur noir et blanc à Lausanne. Il a reçu de nombreux prix et exposé en Suisse, aux USA et en France ;
Son travail se présente la plupart du temps comme des images recomposées après tout un travail de laboratoire. Nous avons un alchimiste à l’œuvre : collages, virages divers (parfois plusieurs sur un même tirage), recompositions nouvelles, vernissages. Le maniement des flous est particulièrement magnifique.
« Avec le numérique, je ne pourrai plus faire ce travail » nous dit l’auteur.
Le tout donne une impression de grande beauté, sulfureuse quelquefois. Une beauté beaudelairienne.
Une exposition à déguster des yeux !
LMB
vernissage samedi 1 juin de 17h à 20h
uniquement sur rdv
email : auer@auerphoto.com
phone : ++41 (0)22 751 27 83
www.auerphoto.com
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