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La Bibliothèque municipale de Lyon organise la première exposition rétrospective en France du travail de la photographe iranienne Shadi Ghadirian. Des photographies dévoilant l’iniquité, l’absurde ou la violence des interdits faits aux femmes dans son pays.
Découvertes à la volée, les scènes présentées par les photos de Shadi Ghadirian pourraient porter le voile de la banalité. Il n’en est rien. Cette familiarité apparente les rend même plus frappantes encore, pour l’observateur attentif : au cœur de chacune d’elles, un détail, une incongruité ou un contraste fort marque l’esprit et dénonce. Shadi Ghadirian, photographe iranienne, est tout à la fois artiste et militante.
Pour le faire découvrir, la Bibliothèque de Lyon Part-Dieu propose une exposition rétrospective de son œuvre, du 8 octobre 2015 au 9 janvier 2016, la première à être organisée en France. Le visiteur y découvrira des photographies extraites de plusieurs séries de la photographe. Telle « Nil, Nil », dans laquelle une grenade détonne sur une jolie table de petit déjeuner, une balle de fusil côtoie des cigarettes dans leur boite… et des Rangers ensanglantées dominent de leur ombre morbide de lumineux escarpins rouges. Telle aussi « Like every day », série tragi-comique présentant des femmes si voilées que seule une illusion leur permet de porter une tasse à leur bouche.
On l’aura compris, Shadi Ghadirian se joue des interdits pseudo-religieux, dénonce les guerres et les violences, et rêve d’une femme iranienne qui serait une « Miss Butterfly » -titre d’une autre de ses séries-, téléphone à l’oreille et stylo à la main, libre et créatrice.
À 37 ans, cette artiste a déjà quelque treize années d’expérience d’un tel travail photographique, basée sur la métaphore. Formée à l’Université Azad de Téhéran, elle enseigne aujourd’hui son art dans plusieurs institutions, dont le musée de la photographie de cette capitale de l’Iran, son pays, où elle a choisi de rester. Ce qui ne l’a pas empêché d’acquérir une notoriété internationale : certaines de ses œuvres figurent dans les collections permanentes du British Museum et du Victoria and Albert Museum, à Londres, du Smithsonian Museum de Washington, du Centre Georges Pompidou de Paris, etc.
L’exposition lyonnaise, première du genre, donc, en France, sera l’occasion pour le public, de rencontrer Shadi Ghadirian elle-même : jeudi 8 octobre à 14 h, la mission « Images » de l’Ecole Normale Supérieure de Lyon l’invite à parler de son travail, à l’amphi Descartes de l’ENS et en partenariat avec la Silk Road Gallery de Téhéran.
Cette institution iranienne est co-organisatrice de l’exposition à la Bibliothèque, inaugurée le 8 octobre également, à 18h30.
En écho, le samedi 24 octobre est organisé, toujours à la Bibliothèque de la Part-Dieu, un « cycle Cinéma iranien », avec des projections commentées tout l’après-midi. Enfin, l’onde de réflexion s’élargit encore, grâce à des conférences, une exposition et des visites thématiques montées autour du thème : « Créer, c’est résister ». L’ensemble de ces manifestations est gratuit.
Toutes photos illustrant cet articles fournies gracieusement par la Silk Road Gallery
Entrée libre
Présence de l’artiste jeudi 8 octobre à 14 h