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Théo Charaf, folk-blues à cœur ouvert

vendredi 2 juillet 2021 par Pierre Chamot rédaction CC by-nc-sa

Chronique

À l’origine de ce premier album solo, une révélation : le bruitiste Théo Charaf, officiant dans plusieurs groupes à tendance punk de la région lyonnaise, ne veut plus laisser le temps passer sans qu’il puisse dévoiler son autre moitié, personnelle, minimaliste, en clair-obscur. On parle ici de chansons folk-blues hantées, au minimaliste évident et bienfaisant, livrées d’une voix grave, sombre et enveloppante.

Théo est né, a grandi et vit toujours au plateau de la Croix-Rousse, à Lyon. D’abord brièvement attiré par le rap, il découvre ensuite les disques de ses parents, puis les Guns’n’Roses et Led Zeppelin, pour enfin s’immerger totalement dans un style qui lui collera longtemps à la peau : le blues de Robert Johnson ou Willie Dixon.
Mais si ce style l’habitera toujours à l’intérieur, comme en atteste aujourd’hui son premier album, à l’extérieur c’est d’abord par le punk que Théo commence à faire ses armes sur la scène lyonnaise. Il apprend la guitare et montera rapidement les Barneurs puis les Beaten Brats avec son compère batteur Pierrick Jullin, et rejoindra ensuite, cette fois-ci en tant que bassiste, les Scaners, zébulons punks à la sauce OVNI.

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Théo Charaf
© Sarah Fouassier

Le punk constitue d’après Théo ce qui est nécessaire « pour le corps », et la folk « pour l’esprit », c’est pourquoi l’un ne pouvant pas fonctionner sans l’autre, les chansons hantées habitant son premier album vont d’abord trouver naissance à l’abri des regards, dans l’intimité, seul dans sa chambre, par nécessité plus que par choix.
Il faudra donc attendre un déclic, ou plutôt deux, avant qu’il n’ose franchir le pas : à cette époque, il est barman au Radiant, et plus il voit Victor Bosch (le patron) parler business avec d’autres artistes pendant que lui s’occupe de servir les boissons, plus il sent qu’il risque de passer à côté de sa propre vie. S’ensuit la deuxième révélation : la rencontre avec l’illustrateur et figure de proue de l’underground lyonnaise Jean-Luc Navette qui réussira à lui faire accepter un premier concert solo, lors duquel il rencontrera ses futurs partenaires musicaux, notamment le producteur et principal ingénieur du son du disque, Hervé Bessenay du studio Electric Recordings.


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Tout ceci pour en venir aux faits : ce disque est une petite pépite, à ranger à côté d’After The Gold Rush de Neil Young ou de Desire de Bob Dylan - dont il a d’ailleurs repris la magnifique « Oh Sister ». Il faut d’ailleurs préciser que ce premier album est composé pour un peu plus de la moitié de morceaux originaux et un peu moins de la moitié de reprises, mais grâce à l’interprétation incroyable de Théo Charaf et à son sens inné de ce qui fait l’essence d’un classique folk, les deux se mêlent si harmonieusement que, si l’on ne connaissait pas les morceaux de base, on pourrait très facilement s’y tromper.
Ses compositions tiennent largement la route, et dès la superbe « Vampire » qui ouvre l’album, on est happé par un univers sans âge, grâce à une interprétation et des arrangements toujours minimalistes qui permettent à la musique de toujours se mettre au service de la chanson et de la sacro-sainte émotion. « Going Down » et « Forward » sont déjà des classiques, et on a vraiment hâte de pouvoir entendre un album entier de ses propres compositions.

  • Vercors Music Festival :
    le dimanche 4 juillet 2021 à 20h00 Foyer, Autrans

    Théo Charaf (folk)

    The Inspector Cluzo unplugged (funk rock débranché)

    La rue Kétanou (Chanson française metissée)

    30€

    Portes 19h

    localiser

    adresse

    Foyer Ski de Fond


    Autrans-Méaudre en Vercors (F)

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