Jeu de la pensée, du souvenir ? Réalité travestie ou imagination ?
Il faut saluer la ligne... droite et courageuse que le Théâtre des Marronniers entretient et développe au sein de son humble demeure : encourager et accompagner les premiers pas de jeunes compagnies, tout en stimulant leur créativité, leur originalité. Un esprit, une équipe, un directeur, ouverts à toute démarche artistique allant dans le sens de la transmission du savoir-faire, d’un savoir-être, de la compréhension, tentant de mettre en lumière les rapports entre l’être et l’intime ; ouverture et tolérance ; un théâtre qui aiguise à travers le jeu et divers domaines artistiques comme la peinture et la danse, l’autre regard.
Qualité et sobriété.
Traces est une pièce conçue et mise en scène par Grégoire Blanchon (compagnie Le Songe d’une planche à vif), visible jusqu’au 3 décembre, dans laquelle on frôle le malaise, le risible parfois, mais certainement pas le déjà-vu ; une pièce originale née d’un travail approfondi sur la mémoire et ses résurgences, aux côtés des résidents des hôpitaux de Pélussin et de Saint-Pierre-de-Boeuf, atteints de maladies altérant la mémoire de manière irréversible ou légère ; une pièce qui laisse le spectateur un tantinet dépourvu face aux mystères de ces instants ancrés comme une négligence. Traumatismes, bons moments en famille, moments ou sensations marquants. Les degrés et les situations s’entrecroisent, forçant l’interrogation et la réflexion.
Jeu de la pensée, du souvenir ? Réalité travestie ou imagination ? Traces ou quand les troubles de la mémoire se jouent de nous sous nos yeux circonspects, tel un ballet de gestes, de réflexes, de regards incontrôlés, incontrôlables, néanmoins cohérents, d’idées vagabondes et furtives, la réalité prend alors une nouvelle dimension, peut-être une nouvelle raison tandis que l’esprit cherche sans cesse à recomposer sa réalité se perdant dans ses propres méandres.
Si la pièce demande de la part du spectateur, un investissement certain, de par la complexité intrinsèque du thème abordé, la rencontre avec l’équipe et les explications sur le pourquoi, le comment de la mise en scène à la fin du spectacle avec Grégoire Blanchon et Pierre Mathevon, artiste peintre, est un accompagnement qui permet d’entrer pleinement dans le monde de la création, du concept, en suivant ces traces qui sculptent présent, passé et avenir ; un souffle qui éveille amateurs et professionnels aux fondements propres à l’art, tout en rendant accessible le surréalisme qui se dégage parfois de certaines compositions et libertés.
Un encouragement au partage, artistiquement fécond et bien amené.
Par la Compagnie le Songe d’une Planche à vif
dans le cadre du Festival Balises
Conception et mise en scène Grégoire Blanchon
jeu Alexia Chandon-Piazza, Benjamin Gibert, Julio Guerreiro
musique Benjamin Gibert
Scénographie Hélène Eiché
Travail chorégraphique Anne-Sophie Fayolle
Lumière Eric Marynower
Jusqu’au 3 décembre
au Théâtre des Marronniers
7, rue des Marronniers
Lyon 2e
Réservations 04 78 37 98 17
ou sur www.theatre-des-marronniers.com