Un Américain en Argonautie

Il a développé un style de dessin très personnel, notamment dans son utilisation de la plume pour des compositions abstraites ou figuratives extrêmement stylisées, où les séries de hachures rapprochées forment la surface, la texture en même temps que le modelé dans le clair-obscur. Il mena une double vie d’artiste et de directeur de la communication, ses travaux professionnels montrant un style souvent plus humoristique, se rapprochant de la bande dessinée et du cartoon. Inlassable croqueur, il a dessiné au quotidien - sur papier volant, lettres officielles, carnets en tous genres - des centaines de portraits de ses proches, famille et amis, les animaux de compagnie, les paysages croisés ici ou là, les objets familiers ou inconnus…

Des sujets les plus classiques aux plus surréalistes, il explora des univers multiples : des milieux et des métiers comme celui de la forge où le clair-obscur puissant dessine des volumes et des espaces à l’aura mystérieuse, ou du fabricant de matelas qui devient dans le dessin réaliste et onirique un fabricant de rêve ; des paysages évocateurs du Texas dont il était originaire, parfois teintés de fantastique avec ce cavalier coiffé de son chapeau à plume, endormi en plein désert sur son cheval dont la robe est d’un vert soutenu ; des compositions foisonnantes peuplées de figures réalistes et fantasmagoriques, telle cette pyramide de corps utilisée plus tard par l’une de ses filles pour une installation multimédia, ou ce dessin de sa femme au piano, intitulé Les Muses s’amusent, où une multiplicité de figures diverses entoure la pianiste imperturbable : des putti dansant sur le piano ou s’accrochant à son bras, le public aux allures grotesques émergeant de l’ombre, des hommes se tenant à son épaule ou, allongés à même le sol, lui enlaçant le pied ; etc.

S’il a, durant sa vie, exposé à plusieurs reprises et vendu de ses oeuvres à des amateurs et collectionneurs, il pensait qu’il se consacrerait à nouveau pleinement à son art une fois les exigences de la vie professionnelle derrière lui, au moment de la retraite. La vie en décida autrement, puisqu’il décéda à 49 ans en 1989. Il n’en reste pas moins qu’il a laissé une oeuvre riche et multiple, par bien des aspects toujours actuelle, à laquelle sa famille souhaite aujourd’hui que soit accordée une seconde vie.

Vernissage à la Mairie le 4 octobre à 18h.