> Mag > Musique > Au cœur de la machine Girl band
Lorsqu’on demande quel groupe a apporté du nouveau dans la musique punk ou affiliée ces dernières années, un nom revient : Girl band. Après Idles et Viagra boys les années précédentes, le festival Antigel prouve une nouvelle fois qu’il ne tire pas à l’aveuglette.
Après une plateforme sur le lac Léman , c’est au tour de la Banque alimentaire genevoise d’être investie par Antigel. On pensera ce qu’on veut de cette pratique mais le vaste entrepôt et ses alignement de dizaines de casiers de nourriture font un cadre atypique et intéressant au concert. Devant la petite scène montée pour l’occasion et son arche blindée de projecteurs se presse un public impatient — assez dense, mais c’est pas la folie non plus. Faut dire que faire venir le groupe de Dublin pour un unique concert faisait grimper le prix de l’entrée à un niveau pas forcément accessible à tous.
Les quatre membres de Girl band montent sur scène et lancent la machine sans autre forme de procès, plongeant immédiatement le public dans un univers de tiraillements, cisaillements, de grondements et tensions contraires à nul autre pareil.
Seule la batterie, binaire, millimétrique, aux accents dansants parfois directement empruntés à la techno, constitue un repère vraiment stable. La guitare entretient une relation très compliquée avec l’idée de mélodie. Fracas, gerbes, étincelles, vrombissement seraient des mots plus adéquats pour qualifier le jeu sidérurgique d’Alan Duggan, véritable artiste de la pédale d’effet.
La basse est aussi en proie à des déraillements permanents aux forts relents no wave. La gorge serrée, le pétage de plombs au bord des lèvres, Dara Kiely scande ce chaos organisé de ses jérémiades lancinantes, ses imprécations de prédicateur à bout de nerfs.
Témoin ébahi de cette mécanique partie en vrille, on ne peut que reconnaître qu’on est tout simplement face à des génies de la noise. Mais bizarrement, par moment, l’ennui n’est pas très loin non plus. La tension est uniformément haute, des passages planants, parfois sans batterie et où Dara Kiely s’essaie à chanter, font retomber la pression plus qu’ils ne la modulent. La mécanique de Girl band est faite pour crisser violemment.
Le concert ne donne pas l’impression de décoller totalement. Le contact avec le public est assez minimal et Girl band quitte la scène sans cérémonie. Ovnis de la noise, à prendre ou à laisser.