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Antigel 2014

Aventine

lundi 20 janvier 2014 par Anne Emeraud rédaction CC by-nc-sa

Chronique

Bon alors... Ce qu’il se passe, encore une fois, après les étés, les printemps ; ce qui me passe quand je l’entends... Un tressaillement au petit déjeuner, un matin, tard, en pleine discussion, voilà qu’elle s’immisce, emplit tout l’espace de ses mélodies aquatiques et gelées.

Agnès Obel est revenue, et je sursaute, je crie presque, mais j’ai le souffle coupé...elle est revenue à mon oreille, je la reconnais, c’est bien elle, la voix est la même, qui m’avait bouleversée puis inondée de mélancolie calme et sereine.

Je suis presque tentée d’attraper le son avec ma main, j’aimerais avoir ce pouvoir, puisqu’elle fait ça. Elle provoque ça, Agnès Obel, non ? En allant chercher les gentilles tristesses, celles qu’on caresse doucement en leur disant « ne pars pas, reste là, c’est mieux avec toi, c’est plus joli quand tu es là ».

Agnes Obel creuse un sillon auditif irréversible qui la rend particulière et inoubliable.

Agnès Obel a fait ça avec « Philharmonics », le premier album. Elle creuse un sillon auditif particulier et irréversible qui la rend particulière et inoubliable.
C’est gelé, glacé, mais écoutez ça en été et tout devient vaporeux comme un voile qui se soulèverait et dévoilerait un paysage vert, calme, ensoleillé et déserté ‒ puisque finalement, on est toujours tout seul, non ?
C’est doux, lent, mélancolique mais à écouter ça, la pierre qu’on serre dans sa main se met à rayonner.

Bon.
Agnès Obel a sorti son second album, « Aventine ». J’ai su lorsque, au petit déjeuner, un matin, j’ai entendu « The Curse », en avant-première...et j’ai eu le souffle coupé, et j’ai été heureuse de me dire qu’elle revenait. Que « Philharmonics » n’était pas un accident et qu’elle avait survécu à tout ça.

Alors je commence par le début. « The Curse ». Puisque je n’ai eu que ça à me mettre à l’oreille...et « The Curse » est un piège oui, puisque c’est réellement un sort jeté à celui qui l’entend, une condamnation écouter, encore et encore, puis encore cette chanson, jusqu’à épuisement...pour constater qu’à chaque fois, elle s’ouvre à nouveau et offre des paysages neigeux, à la nuit tombante, à perte de vue.

Oui, sauf que la neige blanche rend la nuit plus claire, lumineuse, pleine d’éventualités.

J’ai fait attention d’ouvrir « Aventine » petit à petit, pour ne pas tout engloutir d’un coup dans les flots ininterrompus de musiques. Pour entendre chaque chose à leur bonne place. Pour ne pas oublier de tout entendre, aussi.

Et oui, c’est toujours glacé, il y a toujours de la neige et les paysage désertés à perte de vue dans la nuit tombante, il y a toujours ce calme profond qui envahit l’auditeur et ce sillon qui se creuse.
Mais en plus, cette fois, au lieu de rester immobile, pantois, sonné, on met le pied dehors, et on commence à grimper la montagne, avec le froid qui s’installe dans la peau, comme pour donner de la force, préparer à l’éventualité d’un soleil voilé.

On devient fort, en écoutant « Aventine », on a juste envie d’atteindre le sommet des montagnes qu’on a vu d’en bas depuis toutes ces années et de montrer à quelqu’un d’autre toutes les choses précieuses.

  • Agnes Obel :
    le jeudi 6 février 2014 à 20h30 Victoria Hall, Genève

    40CHF/ 35CHF/ 30CHF / 20CHF

    Dans le cadre du Festival Antigel

    localiser

    adresse

    14 Rue du Général-Dufour


    Genève (CH)
Agnes Obel - The Curse
Réalisateur et photographe : Alex Brüel Flagstad
Agnes Obel
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