> Mag > Arts > À Annecy, les nouveaux habits de l’Atelier 9
« Ca va, David ? » « Ouais, ça va, Tom. J’en suis au café... » À l’autre bout du téléphone, la voix de David Algive a la chaleur de celui qui a un projet et en parle avec passion. Un rien de nervosité, aussi, qui sent l’envie de faire et les journées bien remplies. On le connaissait pour le Bistro des Tilleuls, l’inestimable émission de radio KJB et le duo de DJ loufoques Rodrigue & Michel mais, ce matin, il nous raconte les balbutiements de sa nouvelle aventure : l’Atelier 9, un micro lieu « même pas associatif », dédié à la photographie et plus si affinités, au coeur du quartier de la Mandallaz.
C’est une petite ruelle secrète, où d’anciens ateliers d’ébénisterie ont été investis par des artistes depuis de nombreuses années. « Énormément de gens du quartier n’ont jamais passé l’impasse et n’imaginent pas qu’il y ait des ateliers ici », remarque-t-il. Lui découvre l’endroit, « une pièce unique, même pas 30 m2 », lorsque l’illustrateur Minh-Tran la quitte, il y a environ un an. Les locaux de ce type, avec cette histoire, ne courent pas les rues. Il fonce : « Garder un lieu ouvert, c’était ça l’idée. Un lieu qui ne soit pas tourné vers la consommation, avec une histoire liée à la gratuité qui est intéressante. Ça nous manque, à Annecy. Tout se ferme petit à petit pour devenir des espaces de travail. »
Un lieu qui ne soit pas tourné vers la consommation, qui a une histoire liée à la gratuité (...)
Le projet : relancer les expos, et venir y enregistrer les émissions de radio de KJB aussi, « pour ne plus dépendre uniquement du Bistro des Tilleuls ». David en parle autour de lui, les réactions sont encourageantes. Il y a d’abord Jean-Marc Favre qui accepte de partager le loyer et le lieu, qu’il souhaite utiliser ponctuellement comme studio. Brian Béduchaud, photographe Annecien, arrive pour monter les expos puis rejoint le projet. Jean-Marc, en voyant le projet s’organiser et prendre forme, se dit : « Pourquoi pas ? » Un coup de peinture blanche sur les murs, des cimaises – les tringles métalliques utilisées pour accrocher les tableaux – un peu partout, une cafetière, un frigo et voilà le projet lancé !
« Le but du jeu, c’est de rester assez simple, épuré, explique David. On ne cherche pas à travailler une identité du lieu, mais à mettre en avant une esthétique visuelle. La programmation sera donc ouverte : la photographie, bien sûr, parce qu’il y a une grosse demande, peu de lieux et puis c’est facile à mettre en œuvre mais on a une amie qui fait de la marqueterie contemporaine — c’est assez ouf comme travail –, à qui on pense proposer une exposition bientôt. On a pas mal de connaissances qui font de l’illustration aussi... Le travail de l’image me passionne vraiment, poursuit-il, mais je n’ai pas un rapport plus privilégié à la photo qu’à d’autres formes d’art. J’y suis sensible mais je n’ai pas d’éducation particulière. Mon appétence personnelle pour la photo, c’est celle de quiconque essaye de s’affûter un peu le regard. » L’objectif : une expo par mois ainsi que deux événements : un vernissage et une désinstallation.
L’endroit n’a pas d’aura, ni historique, ni institutionnelle, et peut donc attirer un large panel de population.
Pari tenu : le vernissage de la 3e exposition – les photographies de Fanchon Bilbille – se tenait vendredi 4 novembre. Avant, il y avait eu celle de Brian Béduchaud - « quelque chose de très personnel, sur un bal », dont le projet est en partie né autour d’un appareil photographique de famille datant des années 50-60 - et le travail de Charlotte Brasseau sur les méduses, « vraiment très, très beau ».
Tout est nouveau, tout s’invente et doit rester dans le domaine de l’investissement raisonnable pour la petite équipe, qui cherche encore à s’organiser pour proposer davantage de jours d’ouverture dans la semaine. La communication se fait entre autres par les réseaux sociaux mais une lettre d’infos et un petit site sont dans les tuyaux. Les événements sont conçus dans la simplicité, s’inventent au gré des envies : « pour l’expo sur le bal, forcément Brian a invité un duo ami de violonistes qui ont joué pour l’occasion. On a mis des verres de vin, une copine nous a fait des préparations Thaï, c’était hyper cool. » Autour des images, autour d’un verre, des rencontres se produisent. C’est l’essentiel. « Des copains DJs Anneciens y croisent une des responsables d’un lieu d’exposition en vue ou trois quidams qui passaient par là. L’endroit n’a pas d’aura, ni historique, ni institutionnelle : il peut donc attirer un large panel de population. »
Petit lieu, donc, mais idées larges : CQFD.
On peut participer à la campagne de soutien à l’Atelier 9 en cours ici.